Des membres de la OCEZ détenus sont torturés par le gouvernement mexicain
Lettres des membres de l’organisation paysanne relatant les agressions dont ils ont été victimes aux mains des autorités
Par Fernando León Spécial pour Narco News Bulletin
29 octobre 2009
La détention et la torture de deux membres de l’Organisation paysanne Emiliano Zapata-région Carranza (OCEZ-RC) s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle offensive de la part du gouvernement, de l’Etat et fédéral, qui s’est déclenchée dans l’Etat du Chiapas le mois dernier. Le 30 septembre, des policiers déguisés en ouvriers de la Commission fédérale d’électricité ont détenu un leader de l’organisation, Jose Manuel « Chema » Hernandez Martinez. Les habitants de la communauté du 28 Juin, où est basé l’OCEZ-RC, se portèrent au secours de Chema, pourtant, les agents firent sortir la camionnette de la route où ils circulaient, provocant la mort de deux d’entre eux.
Le 24 octobre, deux autres membres de la OCEZ-RC ont été détenus par le gouvernement de l’Etat de Chiapas, Roselio de la Cruz Gonzalez et Jose Manuel de la Torre Hernandez. Ce dernier raconte sa capture en détails. :
« Il était deux heures du matin, j’étais en train de dormir chez moi quand plus d’une trentaine de policiers pénétrèrent de force dans mon domicile, renversèrent tout chez moi, frappèrent ma petite fille qui regardait qu’on m’emmenait et braquèrent leur fusil sur mon fils de seize ans. Ils m’emmenèrent d’abord chez le Procureur Général de la République où il me firent passer une série d’interrogatoires, ils me mirent plusieurs fois la tête dans un sac en plastique pour m’asphyxier pour justifier une série de questions : si notre organisation a des liens avec l’église et avec les maires passés et l’actuel de Carranza et en plus ils me mirent de l’eau dans les narines jusqu’à ce que je m’évanouisse. »
Le gouvernement de l’Etat du Chiapas a de la même manière essayé d’associer l’OCEZ à un arsenal trouvé le 12 octobre dans la ville de Fontera Comalapa. D’après le gouvernement de l’Etat, trois hommes ont été arrêtés à un poste de contrôle sur la route fédérale entre Frontera Comalapa et Comitan pour tentative de « soudoyer » les autorités. Les trois hommes qui auraient conduit à cette prétendue saisie dirent appartenir à une « organisation qui utilise les luttes sociales comme paravent dénommée OCEZ ou OPEZ. » Malgré les contradictions entre le gouvernement fédéral et l’Etat quant à la saisie de cet arsenal et la provenance de ces hommes (le gouvernement fédéral affirme que ces hommes appartiennent à l’organisation criminelle des Zetas), le gouvernement de l’Etat de Chiapas cherche à criminaliser à tout prix.la lutte de l’OCEZ
La détention de Roselio de la Cruz et de José Manuel de la Torre s’inscrit dans cette offensive contre l’OCEZ. Incarcérés dans la prison de El Amate à Cintalapa, Chiapas, pour les deux hommes, il est clair que l’intention du gouvernement est de les traiter comme des criminels, dénigrant la lutte que l’OCEZ mène dans l’Etat de Chiapas depuis de longues années. Rosalio de la Curz dit : « nous voulons que vous sachiez que nous ne sommes pas des voleurs, ni des narcotrafiquants pour que la police intérieure de l’Etat nous arrêtent de cette manière brutale qu’elle a et en essayant de nous faire signer des papiers qu’ils ne nous lisent même pas pour savoir qu’est ce qu’on signe. »
De même, dans la vidéo que nous pouvons voir ci-dessous qui montre l’action et la mobilisation de l’OCEZ le 26 octobre dernier, l’organisation paysanne dénonce le harcèlement gouvernemental avec le quel ses membres sont en prise. L’agression et la persécution de l’OCEZ mettent en danger tous les membres de l’organisation.
Leurs voix s’élèvent pour demander à la communauté nationale et internationale le soutien nécessaire pour mettre un terme à cette offensive et permettre qu’ils recouvrent la liberté avec leurs familles et leurs compañeros ; avec les mots de Jose Manuel de la Torre, « nous demandons à toutes les organisations sociales du Chiapas et les personnalités solidaires d’élever nos voix pour mettre un frein à cette répression qui nous opprime ; et nous demandons aux organisation de défense des droits humains, de l’Etat, national et international pour qu’ils voient qu’on viole les droits humains tous les jours au Chiapas et que la torture y existe. »
Le Centre de droits humains Fray Bartolomé de las Casas (Frayba) a diffusé une « action urgente » pour obtenir la liberté des prisonniers politiques de l’OCEZ : Chema, Roselio et Jose Manuel de la Torre.
L’organisation non gouvernementale, Amnesty international qui oeuvre en faveur des droits humains, s’est fait l’écho de cette action pour l’amener au niveau de la communauté internationale afin qu’elle intervienne auprès des autorités mexicaines pour la liberté de Roselio de la Cruz et José Manuel de la Torre.
Tant le gouvernement fédéral comme l’Etat de Chiapas, en dépit des contradictions en leur sein, ont initié une campagne conjointe dirigée contre la OCEZ. Cette campagne ne recule pas devant l’utilisation de méthodes inhumaines à l’encontre de l’organisation. Des détentions illégales et sans ordres judiciaires jusqu’à l’isolement et la torture, les deux niveaux de gouvernement montrent leur vrai visage.
Roselio De la Cruz Gonzales
Le 24 octobre 2009
Moi, Roselio de la Cruz Gonzales déclare au peuple, aux organisations qui se joignent par solidarité à la tragédie qui se passe avec nous paysans de Carranza, Chiapas. Nous voulons que vous sachiez que nous ne sommes pas des voleurs, ni des narcotrafiquants pour que la police de l’Etat nous détienne de cette façon brutale comme elle l’a fait et essaye nous faire signer des papiers qu’ils nous lisent même pas pour savoir ce qu’on va signer. C’est pour ça que nous demandons le soutien à toutes les organisations conscientes du monde qui luttent en faveur du soutien de la famille ; si ça c’est un délit, alors que s’en soit un, car nous savons que celui qui mérite un traitement pire que ça, ce sont ceux qui sont au pouvoir et jouissent de tous les impôts des pauvres, ce sont les gouvernements fédéral et de l’Etat. Ceux-là ils doivent payer parce que nous les indignes, les pauvres, nous ne savons pas lire mais nous savons penser et nous savons voir le mal qu’ils font, ceux qui sont au pouvoir. Je fais savoir par-là que je ne suis pas d’accord qu’il y ait bien la prison pour le paysan mais qu’il n’y a pas de châtiment pour le vrai voleur ou bandit qu’est le gouvernement..
Salutations
Roselio de la Cruz Gonzalez depuis la prison de El Amate, Cintalapas, Chiapas.
Lettre de Roselio de la Cruz Gonzalez
José Manuel de la Torre Hernández
De la prison de El Amate de Cintalapa, Chiapas, nous élevons énergiquement notre voix pour dire au peuple de Chiapas, du Mexique et à tous les peuples du monde, pour leur dire qu’ici au Chiapas la torture existe et c’est pour ça que je fais connaître mon témoignage. Il était deux heures du matin, j’étais en train de dormir chez moi quand plus d’une trentaine de policiers de l’Etat sont entrés de force à mon domicile où ils ont mis ma maison à sac et frappé ma petite fille de onze ans quand elle est venue voir qu’on m’emmenait et pointèrent leur fusil sur mon fils de 16 ans. Ils m’emmenèrent d’abord au Bureau du procureur général de la république où ils me firent passer une série d’interrogatoires pendant lesquels ils m’enfoncèrent la tête dans un sac en plastique pour m’asphyxiez afin que je justifie une liste de questions ; si notre organisation OCES a ders armes et si elle a un lien avec l’église et les anciens maires et le maire actuel de Carranza et en plus ils me mirent de l’eau dans les narines jusqu’à ce que je m’évanouisse.
Je réaffirme que nous sommes une organisation paysanne reconnue au niveau de l’Etat, national et international et que nous luttons pour nos demandes en matière agraire et de production agricole et NON des délinquants comme nous traitent le gouvernement de l’Etat et fédéral de Felipe Calderon Hinojosa ; nous sommes des lutteurs sociaux et non des délinquants et ici nous sommes injustement détenus. Nous demandons à toutes les organisations sociales du Chiapas et les personnalités solidaires que nous élevions notre voix pour mettre un frein à cette répression qui nous opprime ; et nous demandons aux organismes de défense des droits humains, de l’Etat, national et international pour qu’ils voient qu’on viole des droits humains tous les jours au Chiapas et que la torture existe bien.