Le gouvernement PRD de Marcelo Ebrard expulse violemment le sit-in de l’APPO au Sénat
« Tolérance zéro » pour la liberté d'expression dans la ville de Mexico
Par Juan Trujillo
Via la Narcosphère
21 mars 2007
Mexico, 20 mars 2007. Dans ce qui constitue la première répression policière et directe d’un mouvement social du nouveau sexennat du président de droite Felipe Calderón, le gouvernement PRD (Parti de la révolution démocratique) de « centre-droite » de cette ville a expulsé violemment, dans la soirée de dimanche, le sit-in que des membres de l’Assemblée populaire des peuples de Oaxaca (APPO) maintenaient aux abords du Sénat de la république.
Selon le communiqué urgent de l’APPO, le gouvernement du District fédéral, avec à sa tête Marcelo Ebrard, a procédé à l’expulsion « en humiliant et en agressant les participants du sit-in de la Résistance et de la Dignité des peuples de Oaxaca “14 juin” […] que nous maintenions depuis le mois de mai 2006 pour exiger la disparition des pouvoirs à Oaxaca », afin d’influer sur la destitution du gouverneur de l’état, Ulises Ruiz.
La raison invoquée de la répression se basait sur le fait qu’« il commençait à y avoir des activités commerçantes », outre qu’il fallait récupérer les lieux avant la visite de la présidente du Chili, Michelle Bachelet, dans la capitale.
Il était à peu près 23 h 45 ce dimanche 18 mars, le jour même de l’anniversaire de l’expropriation pétrolière réalisée par le président mexicain de l’époque, Lázaro Cárdenas, en 1938 quand, « sans aucun dialogue préalable, nous avons été surpris par l’opération policière du corps des Grenadiers du secrétariat de la Sécurité publique et d’un groupe d’à peine plus d’une centaine de casseurs de la Délégation Cuauhtémoc qui ont initié la destruction, le pillage et le vol du campement, et qui ont dérobé les affaires des manifestants, parmi lesquelles : matériel de calcul, matériel sonore, artisanat des compañeros triquis de la commune autonome de San Juan Copala, ustensiles domestiques, médicaments, vivres et œuvres d’art du maître Nicéforo Urbieta — ainsi que d’autres pièces — de l’exposition Dialogues de cœurs, d’objets de valeur encore à quantifier en plus de l’argent réuni dans le “Kilomètre du peso” pour les cautions de nos prisonniers politiques », affirme le Conseil d’état de l’APPO dans son communiqué.
De la même manière, il explique que lors de l’opération policière : « Nous avons été insultés, offensés et agressés verbalement puis physiquement par des coups de pieds et de poings qui ont été déclarés par trois fois le lendemain matin. » Avec une attitude cynique, « les policiers et les casseurs se sont répartis les objets utiles et de valeur qu’ils avaient ramassés comme un butin de guerre. Beaucoup de compañeros ont été frappés, parmi eux des hommes, des femmes, des anciens et des enfants. »
Parmi les membres de l’APPO violentés figurent le conseiller municipal Germán Mendoza Nube et Gustavo Sosa Villavicencio, frère de l’un des porte-parole les plus visibles et aujourd’hui prisonnier politique, Flavio Sosa. Plus particulièrement, Gustavo a été frappé puis transporté en ambulance et admis en urgence à l’hôpital Rubpen Leñero pour contusions et œdème du nez.
Réaction de l’APPO à Oaxaca et prochaines mobilisations
Selon un communiqué de l’APPO, « le mandat du Conseil d’état est de maintenir le sit-in vivant et avec la plus grande force numérique possible afin de continuer à exiger face au Sénat de la république la disparition des pouvoirs à Oaxaca et la libération de nos prisonniers politiques ainsi que des changements profonds dans la vie économique, politique et sociale de notre état ».
L’APPO a répété que sa lutte était « pacifique et constitutionnelle, puisque les demandes du peuple de Oaxaca se situent dans l’exigence de faire appliquer les droits civils et politiques consacrés par notre Carta Magna (constitution mexicaine) ». D’autre part, elle a annoncé que le mouvement populaire oaxaquénien prépare les prochaines « mobilisations politiques, pacifiques et frappantes afin de répondre à cette agression du gouvernement du District fédéral qui a désormais dévoilé sa véritable essence qui est d’être fidèle, tout en la servant, à la politique de terrorisme d’état, à la criminalisation de la lutte sociale et à la militarisation que le gouvernement bâtard de Felipe Calerón a imposées à notre pays ».
Pour l’APPO, cette violente répression et expulsion « se situe dans le contexte de la visite d’AMLO (le candidat à la présidence du PRD, Andrés Manuel López Obrador) à Oaxaca et de la déclaration de la Convention nationale démocratique (CND) lors de l’inauguration des travaux de mercredi prochain ». De cette façon — continue le communiqué — le chef du gouvernement du Parti de la révolution démocratique (PRD), Marcelo Ebrard « tire au cœur de la CND, patronné et parrainé depuis Los Pinos (palais présidentiel) et la droite ultra au pouvoir. Pour être plus clair, la guerre pour 2012 est ouverte et ils veulent tuer le nourrisson qui va gagner la présidence de la république avant qu’il naisse pour punir les peuples du Mexique avec 30 ans de plus de projet néolibéral et fasciste ».
Lors d’une interview donnée dans le journal La Jornada, le titulaire du secrétariat de la Sécurité publique du District fédéral, Joel Ortega, « a assuré que le gouvernement du District fédéral avait demandé plusieurs jours auparavant aux appistes de retirer le sit-in. Il a rapporté que l’expulsion était due au fait que la protestation avait dérivé en “vendange” et qu’il était nécessaire de récupérer la place avant la visite de Bachelet ; pourtant, il a omis de dire que la présidente chilienne irait aujourd’hui à la Chambre des députés, et non pas au Sénat ».
Enfin, le conseil d’état, composé de trois conseillers et de la porte-parole de l’APPO, la professeur María del Carmen López Vásquez, a appelé à l’« urgence de l’action solidaire avec notre lutte, en dénonçant la répression et en exigeant du gouvernement mexicain la satisfaction immédiate de nos demandes » en même temps qu’il affirme que « le peuple de Oaxaca est digne et indestructible car sa solidité réside dans les décisions des assemblées de base de nos communautés et des organisations intégrées à l’APPO » — et ils exigent — « la pleine restitution de notre droit constitutionnel à la libre expression, de réunion et de manifestation, le sit-in continuera jusqu’à la chute du tyran Ulises Ruiz ».
L’APPO a également informé que le sit-in se reformera dans les prochains jours, au coin de Tacuba et Eje Central. Une des réactions de protestation a été publiée par la militante sociale et désormais sénatrice PRD, Rosario Ibarra de Piedra, et le groupe Eureka, qui ont exprimé l’« étonnement et la stupeur qui ont secoué des milliers d’habitants du District fédéral et nous avons demandé ce qui se passait, mais jamais nous n’avons imaginé que José Manuel López Cosío et Jesús Romero étaient ceux qui avaient commandé l’agression puisque les deux sont fonctionnaires du gouvernement du DF. Son argument, la lutte contre la vente ambulante. Les compañeros pensaient que c’était des provocateurs infiltrés dans les forces du DF, mais non, comme aux pires moments, ils ont utilisé l’obscurité, la surprise et le week end, pariant sur l’immobilité des citoyens pour déloger le sit-it ». Cette dénonciation, pour sa part, exprime aussi l’indignation « puisque de telles actions trouvent leur origine dans les forces les plus rétrogrades de notre pays et nous voulons mettre les choses au clair : nous rejetons la violence, d’où qu’elle vienne, mais plus encore, nous souffrons du fait qu’elle vienne de ceux que nous croyions nos compañeros et que tout ceci se passe la veille de la Convention nationale démocratique qui représente un espoir pour des millions de Mexicains », termine le communiqué.
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