Javier Sicilia: lettre ouverte aux politiques et criminels
Après le meurtre du fils du poète et journaliste, une appelle aux citoyens de la nation à sortir aux rues le mercredi été fait
Par Javier Sicilia
Spécial pour Narco News Bulletin
4 avril 2011
Le brutal assassinat de mon fils Juan Francisco, de Julio César Romero Jaime, de Luis Antonio Romeri Jaime et de Gabriel Anejo Escalera, fait parti de tant de jeunes filles et de jeunes garçons assassinés de la même manière dans tout le pays à cause non seulement de la guerre déchaînée par le gouvernement de Calderón contre le crime organisé, mais aussi par le pourrissage du coeur qui s’est emparé des maux nommés classe politique et classe criminel, qui ont cassé leur codes d´honneur.
Je ne veux pas, en cette lettre, vous parler des vertus de mon fils, combien même étaient-elles immenses, ni celles des autres garçons que j´ai vu avec lui fleurir à ses côtés, étudier, jouer, aimer, grandir, et servir, comme beaucoup de jeunes, ce pays que vous êtes en train de déchirer. Parler de ça ne servirait qu´à émouvoir ce qui déjà écoeuré les citoyens au point de l´indignation. Je ne veux pas parler de la douleur de ma famille non plus, ni de celle de la famille de chaque garçon détruit. Pour cette douleur il n’y a pas de mots juste la poésie peut s´approcher un peu d’elle, et vous ne connaissez rien de la poésie-. Ce que je veux vous dire de ces vies mutilées, de cette douleur qui n´a pas de nom parce que elle est la fruit de ce qui n´appartient pas a la nature- la mort d´un fils est toujours contre naturelle et c’est pour ça qu’elle n´a pas de nom : on n’est pas orphelin ou veuf, on est tout simplement et douloureusement rien-, des ces vies mutilées, je le répète, de ces soufflements, de l´indignation que ces morts ont provoqué, tout simplement on en a marre.
On en a marre de vous, politiques- et quand je dis politiques je ne parle pas d´un en particulier, sinon d’une bonne partie d’entre vous, y comprit ce qui composent les partis politiques-, parce que vos luttes pour le pouvoir ont déchiré le tissu de la nation, parce qu’au milieu de cette guerre mal organisée, mal faite, mal dirigée, cette guerre qui a mis le pays en état d´urgence, vous avez été incapables- à cause de vos mesquineries, de vos luttes entre vous mêmes, de vos discordes, de vos luttes pour le pouvoir- de créer les consensus dont la nation a besoin pour trouver l´unité sans laquelle le pays n´aurait pas de sortie; on en a marre, parce que la corruption des institutions judiciaires favorise la complicité avec le crime et l´impunité pour le commettre; parce que, au milieu de cette corruption qui montre l´échec de l´Etat, chacun des citoyens de ce pays a été réduit à ce que le philosophe Giorgio Agamben est appelé, avec le mots grecque, zoé: la vie non protégée, la vie d´une bête, d´un être qui peux être violenté, séquestré, vexé et assassiné impunément; on en a marre parce que vous n’avez de l’imagination que pour la violence, les armes, les insultes et, avec ça, un profond rejet pour l´éducation, la culture et les opportunités d’un travail honorable, c’est-à-dire, ce qui fait une bonne nation; on en a marre parce que cette courte imagination qui permet que nos jeunes, nos enfants, non seulement soient assassinés, mais aussi criminalisés après, avoir été transformé en faux coupables pour encourager cette imagination; on en a marre parce qu’une autre partie de nos jeunes, à cause de l´absence d´un bon plan gouvernemental, n´ont pas opportunités d´éducation pour trouver un travail digne et, jetés dans les périphéries, sont des possibles recrues pour le crime organisé et la violence; on en a marre parce qu’à cause de tout ça les citoyens ont perdu confiance envers ses gouvernants, ses policiers, son Armée, ils ont peur et souffre ; on en a marre parce que la seule chose importante pour vous, en plus d´un pouvoir impuissant qui ne sert qu´à gérer le malheur, c´est l´argent, le phénomène de la compétition, de leurs putain de “compétitivité ” et de la consommation démesurée, qui ne sont que des autres noms pour la violence.
Vous, les criminels, on en a marre, de votre violence, de votre absence d´honneur, de votre cruauté, de votre faute de bon sens.
Auparavant, vous aviez un code d´honneur. Vous n´étiez pas aussi cruels dans vos règlements de comptes et vous ne touchiez pas aux citoyens ni a leurs familles. Maintenant vous ne discernez plus. Votre violence ne peut pas être nommée parce qu’elle n’a même pas, comme la douleur et la souffrance qu’elle provoque, de nom ou de sens. Vous avez perdu toute dignité pour tuer. Vous vous êtes converti en lâches comme le misérable Sonderkommandos nazis qui assassinaient sans aucun sens de l’humain, enfants, jeunes fils, jeunes filles, femmes, hommes et vieux, c’est-à-dire, des innocents. On en a marre parce que votre violence soit devenue inhumaine, pas bestiale – les bêtes ne font pas ce que vous faites-, mais surhumaine, démoniaque, imbécile. On en a marre parce qu’avec votre désir de pouvoir et d’enrichissement, vous humiliez nos enfants et vous les détruisez et produisez la peur et la frayeur.
Vous, “messieurs” les politiciens, et vous, “messieurs” les criminels – je le mets entre guillemets parce que cet épithète est donné aux gens honorables-, vous êtes avec vos omissions, vos disputes et vos actes, asservissez la nation. La mort de mon fils Juan Francisco a levé la solidarité et le cri de l´indignation- que ma famille et moi remercions du fond de nos coeurs- des citoyens et des médias. Cette indignation met encore une fois la pertinente phrase que Martí a dirigé au gouvernants: ” Si vous ne pouvez pas, démissionnez”. En la mettant encore une fois dans nos oreilles- après les milliers de corps anonymes ou pas qu’on a porté sur nos dos, c’est-a-dire, de tant d’ innocents assassiné et asservis -, cette phrase doit être accompagné de grandes mobilisations des citoyens qui obligent, pendant cette urgence national, a s´unifier pour créer un agenda qui unifie la nation et crée un état des vraies possibilités de gouvernement véritable. Les réseaux des citoyens de l’état de Morelos ont convoqué une marche national le mercredi 6 avril qui partira à 17:00 du monument de la Paloma de la Paz (Colombe de la Paix) pour arriver au Palais du gouvernement et exiger justice et paix. Si les citoyens ne s’unifient pas à elle, ne la reproduisent pas constamment dans toutes les villes, dans tous les villages ou les régions du pays, si on est incapable de la faire pour vous obliger, “messieurs” les politiques, a gouverné avec justice et dignité, et vous, “messieurs” les criminels, qui ne délimitent pas leurs actions, vous finirez par triompher et prendre le pouvoir, mais vous régnerez sur un tas des ossuaires et des êtres effrayés et détruits jusqu’au plus profond de l´âme. Un rêve qu’aucun de nous ne vous envie.
Il n’y a pas vie, écrivait Albert Camus, sans persuasion et sans paix, et l´histoire du Mexique d´aujourd’hui ne connait seulement que l´intimidation, la souffrance, la méfiance et la peur qu’un jour un autre fils ou fille d´une autre famille soit asservi et massacré, elle ne sait seulement que vous nous demandez que la mort, comme c’est le cas aujourd’hui, devienne une sujet de statistiques et d’administration auquel nous devons nous habituer.
Parce qu’on ne veut pas de ça, le prochain mercredi on va sortir dans les rues; parce qu’on ne veut plus un jeune plus, un de nos fis, assassiné, les réseaux des citoyens du Morelos font une appel à une union national citoyenne que l´on doit maintenir en vie pour en finir avec la peur et l’isolement que votre incapacité, “messieurs” les politiciens, et votre cruauté, “messieurs” les criminels, veut nous mettre dans le corps et l’âme.
Je me souviens, dans ce sens, de quelques vers de Bertolt Brecht quand l´horreur du nazisme, c’est-à-dire, l´horreur de l´installation du crime dans la vie quotidienne d´une nation, qui disaient: “Un jour ils sont venu pour le noirs et je n´ai rien dit; une autre jours ils sont venus pour le juifs et je n´ai rien dit; un jours ils sont venus pour moi (ou pour mon fils) et je n´avais rien à dire”. Aujourd’hui, après autant de crimes supportés, le corps dépouillé de mon fils et de ses camarades ont mobilisé encore un fois les citoyens et les médias, on doit parler avec nos corps, avec notre marche, avec notre cri d´indignation pour que les vers de Brecht ne deviennent pas une réalité dans notre pays.
Je pense aussi que nous devons rendre la dignité à la nation.
Cette carte a été publié dans l´édition de 1976 de le magazine Proceso, en circulation.
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