La police de l’Etat du Chiapas exécute sommairement trois paysans mayas devant un enfant
Par Kristin Bricker Via The NarcoSphere
9 octobre 2008
Le Centre des droits de l’homme Fray Bartolome de las Casas (Frayba) a publié un bulletin de presse dénonçant l’opération policière du 4 octobre à Chincultik qui a fait six morts parmi les paysans, 17 blessés et 37 détenus. Dix des blessés ont été brutalisés et six touchés par balle. Trois hommes ont été grièvement blessés : l’un d’entre eux a été transféré dans un hôpital de la ville de Mexico et un autre dans un hôpital de la capitale du Chiapas, Tuxtla Gutierrez.
Selon un communiqué du ministère de la justice, 40 policiers environ sont entrés dans la communauté pour exécuter une demande judiciaire contre 28 personnes qui étaient suspectées d’avoir participé à l’occupation du site de Chinculltik et de la cabine à l’entrée des ruines où les visiteurs payent un tarif d’admission. Les forces de police sont intervenues à cheval, en voiture et à pied, lançant des gaz lacrymogènes et enfonçant les portes de plusieurs maisons.
Les habitants qui affirment que le gouvernement ne maintient pas correctement le site archéologique et que les bénéfices du site doivent revenir à la communauté, se sont défendus eux-mêmes lors de l’attaque. Ils ont encerclé les policiers et les ont désarmés, gardant en leur possession dans la communauté les 77 armes de police. Les habitants ont arrêtés les membres de la police et les ont détenus dans le bureau d’administration du village.
Quelques heures après, 300 membres de la Police préventive de l’état sont entrés dans la communauté en lançant à nouveau contre les habitants des gaz lacrymogènes. Les paysans ont riposté avec des bâtons et des pierres et c’est alors que la police a ouvert le feu, blessant plusieurs personnes.
Agustin Alfaro Alfaro, sa femme Eloisa Largarita Espinoza Morales et leur jeune fils sont arrivés d’un village voisin pour aider à transporter quatre des blessés dans l’hôpital le plus proche. Or, avant qu’ils aient pu atteindre l’hôpital, la Police préventive de l’état a intercepté leur camionnette et leur a tiré dessus. Une balle a touché Alfaro à la jambe. La police l’a sorti du véhicule et a tiré dans sa poitrine. Puis ils ont descendu trois des blessés : Rigoberto Lopez, Alfredo Hernandez et Miguel Antonio Martinez. Espinoza Morales et son fils sont sortis indemnes.
Au cours de cette opération policière, Hernandez Lopez et Ricardo Ramirez Ramirez ont également été tués : ils sont morts pendant leur transfert à l’hôpital.
Les 36 paysans arrêtés pendant l’opération ont été libérés le lendemain, en échange des armes que les paysans avaient enlevées aux policiers lors de l’affrontement.
Frayba communique que les autorités fédérales et de l’état ont décidé de remettre 35 000 pesos (2 851,31 USD$) aux familles des paysans pour les frais funéraires et 75 000 pesos (6 109,95 USD$) d’ « aide économique ». Ils ont aussi promis aux habitants des rations alimentaires et des projets de développement communautaires pour construire des hôtels pour touristes ou des restaurants. Les habitants sont scandalisés par cette offre.
Meridian90 publie le photomontage suivant de l’opération et de ses répercussions.
(Attention : photos de paysans assassinés)