English | Español | Português | Italiano | Français | Deutsch | Nederlands | August 15, 2018 | Issue #44 | |||||
La terre, le territoire, notre mèreReportage sur l’atelier « Terre et territoire » à la Rencontre entre les Peuples Zapatistes et les Peuples su MondePar Rodrigo Ibarra
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Photo: D.R. 2006 Rodrigo Ibarra |
Près de deux mille personnes sont entrées dans cet auditorium le 1er janvier face aux autorités des caracoles et des Conseils de Bon Gouvernement zapatistes. Le thème traité était : Territoire. On y a parlé de sa signification, de l’histoire de l’esclavage – et de la rébellion qui lui est liée – et de la façon dont l’autonomie a permis aux indigènes zapatistes de se mettre en relation avec le territoire en accord avec leur propre culture.
Le thème du territoire est d’une importance exceptionnelle. Il a de fortes implications économiques car, comme le comprend bien le monde occidental, la terre a tout à voir avec la production : l’agriculture, l’élevage, le bois, les ressources naturelles. Mais pas seulement cela. Et de là remonte la terrible controverse entre la pensée occidentale et la manière de voir et de comprendre le monde de l’indien. Le territoire, c’est la racine, c’est de là d’où tout émane, c’est la mère et c’est notre lieu d’appartenance. « La terre, notre mère, c’est celle qui nous abrite, qui nous donne à manger, qui nous donne la nourriture. La terre, ce n’est pas un commerce, » a dit à son tour Saul au nom du Conseil de Bon Gouvernement n°1 dont le nom est Vers l’Espérance, Caracol Mère des Caracoles de la Mer de Nos Rêves, situé à La Realidad. Lorenzo, une autre autorité, mais du Conseil 4, Cœur Arc en Ciel de l’Espoir, de la communauté de Morelia, l’a expliqué aussi plus tard : « La terre est à qui la travaille, » a-t-il dit en espagnol et ensuite dans sa langue, le tojolabal. Il a continué en expliquant : « La terre ne se vend pas. Nous en prenons soin et nous l’aimons. En elle, nous naissons. D’elle, nous mangeons. Qui la vend, vend sa mère. »
« C’est avec ça, juste ça, que l’on comprendra le monde, » a dit comme dans un soupir quelqu’un depuis la multitude attentive qui se succédait sur le bois des sièges pliants écrasés les uns contre les autres.
Photo: D.R. 2006 Rodrigo Ibarra |
Nous avons écouté plusieurs voix qui racontaient l’histoire de l’exploitation, du mépris, de l’humiliation et de la dépossession, des abus et de l’injustice. Une histoire qui se respire et qui se boit telle quelle, aujourd’hui et depuis des siècles dans chaque coin et recoin de notre Mexique. Pour les zapatistes, c’est déjà un destin interrompu et banni, au risque de leur vie et en prononçant avec détermination le « Ya Basta » (ça suffit !).
Esther de La Garrucha nous a parlé. « À l’époque de Porfirio Diaz, nous avons souffert de mauvais traitements de la part des propriétaires terriens. Nous travaillions mais nous n’étions pas payés. Nous avons supporté les raclées et les coups de bâton. Le gouvernement favorisait les propriétaires. Il ne laissait pas les indigènes s’organiser. Il les envoyait en prison ou il les faisait tuer. Ils disent que l’indigène n’a pas le droit à la terre. Ils nous traitent comme des animaux et nous ne connaissions pas nos droits. Nous ne savions ni lire ni écrire. »
Samuel, également du JGB 3 a continué : « Les femmes aussi travaillaient à la finca (exploitation agricole) du patron sous la surveillance du contremaître. Si elles ne faisaient pas bien le travail, elles étaient maltraitées. Les travaux consistaient à moudre le maïs du patron, porter le bois pour le patron, moudre le sel, faire le nixtamal (pâte à tortillas) pour le patron. Tous les jours, les hommes et les femmes faisaient le même travail. Ils n’étaient pas payés. On donnait un litre d’alcool au pauvre petit indigène pour qu’il soit content. »
Avant cela, Saul, autorité du Conseil Vers l’Espérance, avait aussi fait un bref décompte : « Avant 94, nous pensions que la terre était pour ceux qui avaient de l’argent. Ensuite, nous avons compris qu’elle est à qui la travaille. Nous avons décidé de nous soulever en armes. Nous, les pauvres, nous n’avions pas d’endroit à travailler. »
Alex, du Conseil 3 commente : « En 1994, pour cette raison, nous nous sommes soulevés en armes, tout le peuple. Là, nous avons dit « Ya Basta » au mauvais traitement. Pour montrer la voie au monde entier parce que nous sommes déjà bien organisés pour prendre la terre. »
Les riches, les propriétaires terriens, les cultivateurs de café et les éleveurs principalement, ont abandonné la terre. Elle a été considérée terre récupérée et donc répartie entre les zapatistes. Saul, du JBG 1, raconte comment le soulèvement « a fait peur aux exploitants agricoles et ils ont laissé la terre. C’étaient des terres récupérées par la lutte. Nous avons vu qu’avec l’organisation et la force de tous, nous pouvions prendre la terre que désormais nous travaillons. » Alex de Chemin Vers le Futur a été plus précis : « En 1977, les autorités de la Commission Agraire (de l’EZLN) ont remis la terre aux bases d’appui. Ils ont aussi remis des parcelles de 50 m2 pour construire des maisons où vivre. »
Minerva, du Conseil 4, portant un corsage blanc brodé de fleurs, a parlé avec prestance : « Nous avons réussi à récupérer la terre grâce aux compañeros qui ont donné leur sang. Nous la travaillons et nous n’avons pas honte de l’avoir récupérée puisqu’elle était à nous. Les exploitants agricoles ne savaient travailler (la terre) comme elle le mérite. Maintenant, nous le faisons collectivement et avec des engrais biologiques comme nos grands-parents. »
Minerva se réfère à l’intersubjectivité, un concept expliqué par le linguiste Carlos Lenkersdorf dans son étude du tojolabal publié sous le titre Les vrais hommes : le rapport de sujet à sujet gardé par les indigènes chiapanèques envers chaque personne et aussi envers chaque objet de son entourage. La terre mérite, dit Minerva. Le traitement donné par l’exploitant était un traitement typique de l’occidental pour qui la terre est un objet, une ressource exploitable. Quand Saul et Lorenzo parlaient de la terre comme de leur mère, ils ne faisaient pas une métaphore. Pour eux, comme pour le monde indigène, la terre est un sujet vivant, avec une conscience propre, et par conséquent, le rapport qu’entretient l’homme avec elle est celui d’une profonde vénération, de respect et de reconnaissance. Elle mérite un traitement, nous dirions en espagnol, humain, dans le meilleur sens du terme. La conscience écologique parmi les indigènes est ancestrale et profonde car l’attention à la nature est intimement liée à sa propre dignité et à son intégrité en tant que personne et que communauté.
Par conséquent, les zapatistes, dans l’exercice de l’autonomie, ont aussi fait une révolte dans l’agriculture. Sur leur territoire, ils ont renversé ce qu’on appelle la « Révolution Verte » de Norman Borlaug et la fondation Rockefeller, importée des États-Unis, imposée dans notre pays dans les années quarante du siècle précédent et qui domine encore au Mexique et dans le monde. Un mode de production intensive basé sur la soit disant amélioration génétique (et maintenant l’ingénierie génétique), la technologie, la mécanisation et l’abus de fertilisants chimiques et de pesticides ; première cause du désastre écologique et sanitaire dont nous souffrons au niveau mondial. Les zapatistes nous ont expliqué comment ils ont prohibé l’utilisation des fertilisants chimiques et de pesticides. « Ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils sont en train de faire, » a expliqué Alex à propos de l’utilisation de produits chimiques, « avec des fertilisants, on récolte toujours quelque chose, mais ils ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de tuer la mère terre. Nous travaillons avec des machettes et même si c’est beaucoup d’efforts, nous avons un produit sain. »
De la même façon que les zapatistes ont des promoteurs de santé et d’éducation – des membres de leurs communautés – ils ont aussi formé des promoteurs d’agroécologie. « Nous avons fait des ateliers. Les promoteurs d’agroécologie apprennent l’étude et la conservation de la terre. Les pépinières, la reforestation, l’entretien des petits d’animaux domestiques. Ils apprennent et diffusent les méthodes pour récupérer et soigner nos ressources, pour récupérer la force de notre terre. Ils soignent les graines et évitent l’introduction des produits transgéniques, » a expliqué Maria, du Conseil 1.
Photo: D.R. 2006 Rodrigo Ibarra |
Pourtant, sur leur territoire, les zapatistes cohabitent avec une population non-zapatiste. Principalement des indigènes et des métis qui n’ont pas participé au mouvement mais qui sont eux-mêmes propriétaires de terre, de propriétés communales, d’ejido (terre communale) contigus à celles des zapatistes. « Nous partageons un territoire avec différentes cultures, zapatistes et non-zapatistes. Nous sommes les mêmes avec des pensées différentes. Nous respectons leur façon d’être. Quelquefois, il y a des procès pour la terre. Nous cherchons une solution, pas à rendre le problème plus grand, mais à le résoudre par le dialogue. Nous voulons être un exemple pour les autres en construisant un monde différent depuis là où nous nous trouvons, » affirme à son tour Saul. Les zapatistes ont aussi créé une Commission Agraire chargée de s’occuper des affaires de la terre. « La Commission Agraire s’occupe d’autres groupes et d’autres religions, » commente Alex. Il continue : « Quand il y a des problèmes, nous envoyons deux citations à comparaître. S’il n’y a pas de réponse (de la part de la personne citée, partie du conflit), nous recherchons le dirigeant (de l’organisation à laquelle appartient cette personne) pour qu’il attire son attention de la bonne manière. » Des conflits ont aussi eu lieu entre deux ou plus organisations non-zapatistes qui « se battent entre elles. Alors, ils viennent au Conseil de Bon Gouvernement. Là, nous enquêtons et nous voyons qui a raison. Nous donnons la parcelle de terre à ceux qui ont raison, » explique Jesus, compañero de Saul au JBG 1.
Abraham est tzotzil. Ça se voit car il est habillé d’un épais vêtement noir, le chuj, et un chapeau rond d’où pendent des rubans de couleur. Il appartient au Caracol 2. « Le gouvernement a provoqué des conflits pour affronter les communautés et justifier les incursions violentes. Nous, Conseil de Bon Gouvernement, avons essayé de chercher des solutions par le dialogue, l’enquête. Qu’importe l’appartenance, la croyance, la religion, la justice s’applique. » « Les Petites Propriétés (terrain privé qui n’excède pas une certaine superficie en accord avec la Constitution Politique des États Unis Mexicains) de ceux qui ne sont pas partis en 1994 et qui ont moins de 50 ha sont respectées, » précise Alex.
Les conflits avec le mauvais gouvernement persistent. La racine de ceux-ci se trouve dans les changements faits à l’article 27 de la constitution qui a cédé la place au Programme de Certification des Droits Fonciers et des Titres de Terrains Urbains (PROCEDE). D’après plusieurs spécialistes et organisations paysannes, ce programme, initié en 1992, est un piège tendu par le gouvernement aux ejidatarios (utilisateurs des terres communales) et aux communautés pour démanteler la propriété des terres communales et des ejidos. Le programme attribue des titres de propriété individuels et c’est un pas vers la désintégration formelle des ejidos. De plus, grâce à cette réforme, la terre qui autrefois était inaliénable de par la loi peut désormais être taxée et vendue ou louée.
Photo: D.R. 2006 Rodrigo Ibarra |
Pascual, du Caracol 5, insiste également sur ce thème : « (Carlos) Salinas a à nouveau menti. Il a mesuré toute la terre. Beaucoup sont tombés dans le mensonge et ont accepté de partitionner la terre et ils y vivent en payant l’impôt. Nous ne l’acceptons pas. C’est pour cela que nous nous sommes soulevés en armes. C’est pour cela que notre ennemi est le PROCEDE. Le gouvernement nous veut de son côté mais c’est déjà difficile car nous avons construit notre autonomie. »
La parole de Minerva nous sert d’exemple lorsqu’elle parle des conflits générés par le gouvernement contre les communautés zapatistes : « Ils continuent à vouloir entrer avec des projets. Ils veulent nous détruire et nous rendre à nouveau esclave. Nous ne le permettrons pas. Ni que nos enfants souffrent d’exploitation et de mépris. Nous nous sommes engagés à défendre la terre des zapatistes et des non-zapatistes. Jamais plus, nous ne nous laisserons dire comment travailler. » Dans le même sens, Anabel a dénoncé la situation sur le territoire de Roberto Barrios : « Dans nos communes autonomes, le mauvais gouvernement a un plan d’expulsion des communautés par les paramilitaires pour 2007. Il y a là-bas des intérêts autour de l’eau, du pétrole, du bois, de la terre, des grottes, de la biodiversité. Nous nous défendons avec l’information à travers le monde. Nous nous unissons avec d’autres organisations comme l’Autre Campagne pour défendre la terre. »
La suite est un bref compte-rendu des participations qui ont suivi.
Le Congrès National Indigène
Après les participations et les longues explications de Conseils de Bon Gouvernement, c’était le tour de qui était de ce côté. Premièrement, le Congrès National Indigène dont les représentants furent : Juan Dioniso, ñahñu de San Pedro Atlapulco, état de Mexico et Yolanda Meza Calles, de la nation kumiai, de Tecate, Basse Californie.
Ils ont réaffirmé l’importance de la terre en tant que mère et l’importance de la protéger comme unique façon de survivre. Ils ont de plus fait un historique de leur propre histoire, sœur de l’histoire de l’EZLN. Ils ont réaffirmé les points du Quatrième Congrès National Indigène :
Réunis dans la communauté indigène de N’donhuani-San Pedro Atlapulco, dans l’état de Mexico, nous, délégué(e)s représentant(e)s des peuples indigènes nahua, zapotèque, wixarika, mazahua, amuzgo, cuicateco, kumiai, kikapu, purhépecha, tlahuica, chocolteco, ñu saabih, hñañu, tenek, maya, totonaco, mayo, tlapaneco, coca, trique, tepehua, raramuri, ch’ol, tzeltal, guachichil-chichimeca, zoque, matlatzinca, mixe et popolucas, déclarons :
1. Nous continuons à exercer notre autonomie dans les faits.
2. Nous ratifions la Sixième Déclaration de la Forêt Lacandone et revendiquons l’Autre Campagne. Nous sommes solidaires de nos frères prisonniers de San Salvador Atenco.
3. Nous exigeons le retrait immédiat de la police et des corps répressifs de la région de San Salvador Atenco et des autres régions du pays où le contrôle militaire et policier est maintenu à des fins de harcèlement et de peur de tous les peuples et communautés qui luttent pour la défense de leur territoire et de leurs façons de vivre.
4. Nous condamnons les assassinats des compañeros Javier Corté, tué par les policiers qui répriment le peuple de San Salvador Atenco, le compañero Concepcion Gabiño de la communauté indigène de Cuzalapa qui luttait pour la défense de la terre dans la région de Manantlan, Jalisco, et du compañero Faustino Acevedo de San Blas Atempa dans l’Isthme de Tehantepec alors qu’il se dirigeait vers cette communauté pour participer aux travaux de ce quatrième Congrès.
5. Nous condamnons aussi le viol par des policiers de toutes les compañeras arrêtées à San Salvador Atenco et la violence systématique et fasciste exercée par l’état contre toutes les femmes qui, par leur travail, revendiquent les luttes de résistance et de dignité aux quatre coins du pays.
6. Nous appelons au renforcement de toutes les régions du Congrès National Indigène et à la tenue fréquente et à intervalle régulier de réunions d’organisation : réflexion, action et propositions.
7. Nous rejetons toutes les lois avec lesquelles l’état prétend nous dépouiller, légitimer la mise à disposition du pays et imposer des contrôles qui restreignent l’action des peuples et communautés et donner le champ libre aux entreprises transnationales pour dévaster et s’emparer de la richesse matérielle et spirituelle de nos peuples et de tous les Mexicains.
8. Nous rejetons les programmes du gouvernement qui instrumentalisent les lois susmentionnées et qui prétendent diviser la communauté.
9. Nous renforcerons les moyens de communication entre les différentes régions et communautés du Congrès National Indigène.
10. Nous renforcerons et rendrons efficaces les mécanismes de solidarité et les engagements avec les luttes de chacune des communautés, organisations et peuples indigènes.
11. Comme dernier point de notre déclaration, nous contestons l’état mexicain et appelons tous les peuples, communautés et organisations indigènes et tous les secteurs opprimés à former un front large anticapitaliste qui impulse un processus qui conduise à une nouvelle constitution et à une autre forme de gouvernement qui permette la reconnaissance de nos droits et une société juste, libre, et démocratique.
Et ces accords qui naissent de nos cœurs sont les fleurs de notre arbre prêtes à donner de nouvelles graines, graines de vie et d’espérance.
Ils ont ensuite parlé de la rencontre pour la défense de la terre mère et l’autonomie indigène qui s’est tenue à Mezcala, dans l’état de Jalisco, lors de laquelle « nous avons ratifié notre engagement avec la lutte de nos peuples indigènes, en bas et à gauche et nous manifestons notre soutien total à la lutte de l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca et à ses exigences ; nous réaffirmons que notre mère la terre et toute la vie qui naît d’elle sont sacrées et par conséquent, elles ne s’achètent ni ne se vendent et personne ne peut se les approprier pour le bénéfice de quelques-uns ; et c’est pour cela que nous nous déclarons anticapitalistes et prêts à construire une grande force qui surgisse d’en bas, de nos peuples avec d’autres frères et sœurs, de la campagne et de la ville qui sont dépossédés, exploités et opprimés, pour mettre fin à ce système de mort et aux gouvernements qui le soutiennent. »
Ils ont terminé en réaffirmant l’importance de l’exercice de l’autonomie sur le territoire qui leur appartient et offrent cette expérience comme un apport pour un Plan National de Lutte.
Kurdistan
Un homme mince et grand prend la parole. Il dit dans un espagnol posé qu’il vient du Kurdistan, l’antique Mésopotamie. Il demande la permission de parler en français et qu’un interprète fasse la traduction simultanée. « Le soleil et la terre sont ce qu’il y a de plus sacré pour mon peuple. » Il explique comment ils ont souffert de la répression, de la colonisation et de la mort. Il dénonce l’Angleterre et les États-Unis, nouveaux colons qui ont envahi l’Irak, pays qui fait partie de son territoire. Il parle de la destruction de l’environnement causée par le capitalisme. Il dit qu’au Kurdistan, il se passe beaucoup des choses qui se passent au Mexique. Il invite ensuite à une rencontre des peuples le 21 mars. « J’espère tous vous y voir, » dit-il et les gens rient. Il termine en disant : « Biji le Kurdistan. Biji le Chiapas. » Biji signifie « Vive ».
SCLC
Une femme de San Cristobal de Las Casas parle d’une colonia populaire dans cette ville, la colonia 5 de Marzo. Elle s’est formée sur des terres récupérées, dit-elle. Elle parle de la répression dont ils ont souffert et comment les femmes sont celles qui ont le plus lutté. Le gouvernement a des intérêts économiques et veut la propriété foncière. « Nous n’avons pas d’autorité pour partager la terre mais nous avons la force et nous sommes organisées. »
Los Pames
Un compañero dénonce encore une dépossession de terre à La Palma, commune de Rayon Tamazopo, dans le San Luis Potosi. Le conflit porte sur 1 800 ha. La communauté possède un décret de restitution de 1922. Ils ont commencé la récupération dans les faits et il demande de rester en alerte.
Tabasco
Dans la commune de Tacotalpa, un conflit agricole est en cours depuis 1995. La faute en revient au gouvernement qui a monté un ejido au-dessus un autre. Il y a des prisonniers politiques et il y a eu des affrontements et des blessés. En outre, il dénonce la contamination par PEMEX (compagnie pétrolière nationale).
Guatemala
Un jeune Guatémaltèque explique comment le gouvernement de son pays a trahi ses engagements après la pacification. On les a menacés d’être exécutés des mains de la police anti-émeute. Il s’agit de 20 communautés à qui on a donné 10 jours pour quitter leur terre. Elles se sont organisées.
Comachuen
Au Michoacan, un conflit est en cours entre deux ejidos voisins. Le gouvernement abuse les gens et profère des menaces.
France
La communauté L’Arche de Lanza del Vasto a été fondée il y a 50 ans par un disciple du Mahatma Gandhi. Ils participent à plusieurs luttes en Europe et ont aussi été réprimés. « Paix, force et joie, » sont leurs paroles d’adieux.
Canada
Un ancien indigène de Colombie Britannique prend le micro. Il nous parle. Là-bas aussi, ils luttent pour leur terre. On a retiré les pouvoirs de leurs représentants originels et, plus tard, on les a dépossédés de leur territoire en 1875. En 1995, ils ont affronté la police de ce pays.
Atenco
Un compañero du Front des Peuples en Défense de la Terre explique ce qui s’est passé à San Salvador Atenco les premiers jours de mai. Il explique la situation de nos compañeros prisonniers politiques. « Nous continuons. Nous, tous les peuples du monde, nous devons nous unir. »
Madrid
Le collectif Bajo el Asfalto Esta la Huerta (Sous les pavés le jardin) réalise des espèces d’occupation mais ceux qui prennent la terre sèment des légumes de manière communautaire et partage la récolte de manière équitable. Les décisions sont prises en assemblée. Ils sont en train de reproduire leur expérience ailleurs en Europe.
Angleterre
Un homme jeune et mince prend la parole. Il porte un passe-montagne mais parle un espagnol plutôt accentué. Il dit qu’il est d’Angleterre et qu’il a de bonnes raisons de se couvrir le visage. Il explique comment les gens sont dépossédés de leurs maisons à cause des prochains jeux olympiques.
États-Unis
Le collectif de jeunes et d’étudiants El Kilombo Intergalactico (la cabane intergalactique) explique comment ils ont grandi grâce aux luttes zapatistes, d’Argentine et de la gauche des États-Unis, comme celle des Black Panthers. Ce sont des gens de couleur et ils nous expliquent que pour eux, être de couleur, c’est être marginalisé. L’ouragan Katrina a mis en évidence le mépris du gouvernement pour tous ceux de couleur. Il explique que l’Accord de Libre-Échange Nord-Américain (ALENA) n’est pas un conflit entre producteurs du Nord et du Sud mais entre les petits producteurs et les grands groupes agro-industriels. Ils réalisent des travaux communautaires dans leur localité.
Jalisco
Il explique comment de nouvelles lois criminelles sont créées pour continuer à dépouiller le peuple mexicain de son territoire et prévient qu’une nouvelle loi initiée par Eduardo Sojo et Luis Telles affectera les côtes mexicaines.
South Central Farm
Ils nous expliquent ce qui s’est passé à Los Angeles, en Californie, avec l’expérience sociale qui s’appelle South Central Farm. Une très grande communauté d’habitants avait un potager qui produisait des légumes biologiques. Le maire de la ville, Antonio Villaraigosa, premier maire d’origine mexicaine, a vendu ce potager à Howards qui a des intérêts dans l’entreprise Wal-Mart. Le gouvernement a ensuite déclenché une répression inhumaine et brutale en juin 2006. 55 compañeros ont été arrêtés. La ferme n’existe plus. Les compañeros continuent de s’organiser et sont en train de créer un nouveau centre.
Barcelone
La compañera avec, entre autres associations, l’Assemblée pour le Droit à un Logement Digne de Barcelone, travaille à défendre les propriétaires de logement qui sont expulsés par les intérêts économiques des entreprises immobilières. Ils font des manifestations et des occupations. Ils aident les voisins à se défendre contre les grands travaux d’infrastructure du gouvernement.
Le commandant Abraham, qui a été le modérateur de la table, prévient que le temps est écoulé. Il y avait d’autres participations mais il est déjà huit heures du soir. La réunion a commencé à quatre heures de l’après-midi. Il termine en disant : « Nous devons lutter pour la terre. Zapata est vivant. La lutte continue. »
Traduit par Caro
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