La rencontre nationale des peuples indiens, qui s’est tenue à Mezcala, s’est achevée hier par un appel pour la défense de la terre et de l’autonomie
Tous les 400 représentants qui assistèrent à la réunion s’engagèrent à s’unir à L’Autre Campagne
Par Vanessa Robles
Milenio
20 novembre 2006
Conclusion de la réunion nationale des peuples indiens à Mezcala Dans tout le pays, plusieurs clignotants sont au rouge
La rencontre nationale des peuples indiens, qui s’est tenue à Mezcala, s’est achevée hier par un appel pour la défense de la terre et de l’autonomie.
Vu d’avion, le territoire national paraît tranquille: rien ne bouge. De l’intérieur de l’auberge où se tient la rencontre nationale des peuples indiens, le Mexique est une carte avec des clignotants qui s’allument dans tout le pays. Afin de défendre leur autonomie, la richesse de leur terre et le mode de pensée de leurs communautés, ceux qui habitent à l’intérieur de ces zones rouges sont disposés à lutter contre ce qu’ils appellent le «mauvais gouvernement».
La décision, énergique, de se lancer dans cette bataille, et les détails de l’organisation qui doit être mise en place, sont contenus dans la déclaration politique du Forum National pour la Défense de la Terre-Mère et l’Autonomie des Peuples indigènes (Cf. encadré) qui a débuté vendredi dernier et s’est conclu hier à Mezcala, une des communautés située sur le lac Chapala.
Cette rencontre est une des plus importantes du Congrès National Indigène pour 2006. 400 représentants d’environ 30 communautés indigènes issues de tout le pays étaient présents, les commandantes de l’EZLN, Miriam et Gabriela, ainsi que le leader de la communauté de Chisco, Colombia. Cependant seuls trois médias «reconnus», dont un de Chapala, ont trouvé intéressant d’informer sur les préoccupations des congressistes.
Vu du ciel, le Mexique est tranquille. Vu d’en bas, hier, les indigènes ont convenu de réaliser un recensement des graines naturelles et originelles du pays, afin de se les échanger et de refuser d’utiliser aussi bien les graines transgéniques que les étrangères. Dans certains cas, il a été décidé de ne plus payer les impôts pour les services publics, car les ressources naturelles permettraient de ravitailler les communautés. Décision a aussi été prise de conserver son autonomie pour préserver les bois et les rivières, de conserver ou retrouver les langues et les costumes, et d’appuyer toutes les communautés qui sont en conflit avec les gouverneurs de leurs Etats ou avec des entreprises particulières.
Ce Forum National pour la Défense de la Terre-Mère et l’autonomie des Peuples Indigènes a été réalisé dans le cadre du 23 ème anniversaire de la naissance de l’EZLN et a eu trois thèmes principaux: la défense de la Terre-Mère, du territoire, des ressources naturelles face au hold-up néolibéral; le renforcement de l’autonomie et de l’organisation des peuples indigènes; les propositions des peuples indigènes pour définir les caractéristiques de l’Autre Campagne et pour l’élaboration d’un programme national de lutte anticapitaliste, dans le cadre de la sixième Déclaration de la forêt Lacandona.
Tous les participants qui le souhaitaient ont pu prendre la parole. Les problèmes qu’ils évoquaient étaient presque toujours les mêmes: la très grande pauvreté des communautés, la dégradation de l’environnement par les grandes entreprises nationales et transnationales, la saturation générale et en même temps beaucoup d’énergie pour lutter et se libérer de ces maux.
Pendant que la représentante des Kumai, Basse Californie, regrettait la perte de la langue de son ethnie par le gouvernement «sous prétexte que nous sommes une minorité», le représentant Wixarika (Huichol) de San Hipolito a raconté comment un tribunal de Durango avait fini de dépouiller sa communauté de leurs terres au profit d’un groupement de producteurs métis, qui n’avaient même pas une preuve en leur faveur, et un participant originaire de San Pedro Guelatao, Oaxaca, exposa les motivations et les formes d’organisation de l’assemblée populaire des peuples d’Oxaca (APPO) pour laquelle il a demandé du soutien.
Tous les représentants qui ont participé se sont prononcés en faveur d’une union avec l’Autre Campagne, un appel de l’EZLN pour que la solution aux problèmes du pays passe par les organisations citoyennes et non par les partis politiques.
Pour finir la commandante Gabriela a appelé les hommes indigènes à ne pas exclure les femmes des luttes populaires et des prises de décision dans leurs communautés.
Une défense radicale de la terre
La Terre-Mère et les ressources naturelles des peuples indigènes ne s’achètent pas, ne se vendent pas, ne peuvent être exploitées par des institutions ou des personnes non autochtones. Les décharges ne doivent pas être situées sur les terres des communautés indigènes. Sont ratifiés les accords de San Andrès Larrainzar (signés avec le gouvernement en 1996, mais pas respectés ensuite) comme loi suprême des peuples indigènes et l’appui à la sixième Déclaration.
Le forum a décidé, entre autre, de soutenir la lutte de l’APPO;
– d’exiger la libération des prisonniers politiques des mouvements populaires, d’exiger des enquêtes sur les assassinats des militants indigènes et le jugement des responsables.
– d’exiger la restitution de leurs terres aux communautés, de tout le pays, qui en ont été dépossédées.
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