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Narco News Issue #43

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L’APPO fonde une commune autonome en région triqui

Vingt communautés rejoignent l’assemblée populaire régionale


Par Diego Enrique Osorno
Special pour Narco News

4 janvier 2007

Copala, Oaxaca – L’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO) entame 2007 par la création de la « Commune libre et autonome de San Juan Copala » dans l’ouest de l’État, où vit le peuple Triqui.

Peu après minuit, hier, 1er janvier, au cours d’une cérémonie indigène, un conseil des anciens a remis au nom de 20 communautés de cette zone le bâton de commandement à José Ramírez Flores, président de l’assemblée populaire, un paysan de 23 ans qui n’a pas achevé l’école primaire.

« Vous devrez gouverner selon les principes triquis et écouter le peuple pour conserver la charge qui vous a été donnée. Vous ne devrez pas tomber dans la corruption et rechercher la paix pour l’ensemble de la nation Triqui », ordonna dans sa langue l’un des anciens aux membres du nouveau gouvernement.

Les ethnies triquis qui ont décidé de déclarer leur autonomie font partie des trois communes officielles mexicaines de Juxtlahuaca, Putla de Guerrero et Tlaxiaco. « Nous savons que le gouvernement ne l’acceptera pas, mais nous, nous le reconnaîtrons comme notre propre gouvernement et nous allons le faire vivre. Maintenant, nous allons nous gouverner nous-mêmes parce qu’eux (les municipalités officielles) ne sont pas indigènes, ne sont pas des Triqui et ne savent pas gouverner », affirme Jorge Albino Ortiz, conseiller de l’APPO appartenant au Mouvement d’unification et de lutte Triqui indépendant (le MULTI).

« Nous avons fait plusieurs assemblées entre nous et nous avons décidé qu’il n’y aurait plus d’organisations afin de renouer avec nos traditions pour construire un gouvernement triqui, avec un président triqui, et d’avoir une commune libre, autonome et indigène. De la sorte, nous pensons que la violence cessera. C’est une des choses que nous avons apprises de l’APPO, prendre des décisions par nous-mêmes sur ce qui nous concerne, a-t-il ajouté. »

D’après les membres du nouveau gouvernement de Copala, depuis l’arrivée de l’administration du gouverneur Ulises Ruiz Ortiz, en décembre 2004, il y a eu 70 meurtres politiques dans cette région, les autorités en question n’en reconnaissant que 48.

« Nous ne voulons plus d’organisations, parce qu’avec elles c’est la division qui s’installe, comme quand il y avait le MULTI, l’UBISORT et le MULT, et ce que nous voulons c’est travailler à la paix », explique Albino, qui ajoute, en parlant des partis politiques : « Il y a le parti de l’unité populaire, le PRI, le PRD et aucun ne veut admettre les véritables causes de la situation dans cette région. Ils ne voient pas des indigènes, ils ne voient pas des Triqui, ils utilisent les Triqui pour leurs campagnes électorales et autres mais ils refusent de voir le problème de fond, comment il est vécu et s’il est vraiment vécu. »

La création de la nouvelle commune a été célébrée dans les locaux de l’agence municipale de San Juan Copala, qui est désormais depuis hier le siège officiel du gouvernement populaire autonome. Vers 21 heures, les représentants d’une vingtaine de communautés voisines (où l’on estime que vivent 20 000 personnes) commençaient à arriver, pour entamer l’année nouvelle par un bal.

Suites aux embuscades qui ont eu lieu au cours des dernières semaines, des indigènes armés appartenant à la police communautaire de la nouvelle commune gardaient les entrées de Copala, afin d’éviter, selon leur propre dire, la présence des « paramilitaires » qui opèrent dans cette zone.

Traduit par Ángel Caído.

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