Marcos : « Nous sommes à la veille d’un grand soulèvement ou d’une guerre civile »
Calderon commencera à tomber le jour où il sera investi, avertit le chef rebelle
Par Hermann Bellinghausen
La Jornada
26 novembre 2006
Bagdad, Tamaulipas, 23 novembre. L’investiture de Felipe Calderon le 1er décembre sera « le début de la fin d’un système politique qui depuis la Révolution Mexicaine s’est enkysté et a commencé à tromper les gens, génération après génération, jusqu’à la génération actuelle et qu’elle dise : « ça suffit ! », a averti le Sous-commandant Marcos lors d’une conférence de presse. Calderon, a-t-il ajouté, va commencer à tomber dès le premier jour. »
Il a déclaré : « Nous sommes à la veille d’un grand soulèvement ou d’une guerre civile. » A la question de qui en prendra la tête, il a répondu : « Les gens, là où ils sont, dans un réseau de soutien mutuel. Si nous ne parvenons pas à ce qu’il en soit ainsi, il y aura des soulèvements spontanés, des explosions civiles partout, une guerre civile où chacun verra son propre bien-être, car il y aura déjà la possibilité de passer de l’autre côté. Il a cité le cas de Oaxaca où « il n’y ni leader ni chef ; ce sont les gens eux-mêmes qui sont organisés. Et c’est ce qu’on va voir dans tout le pays. »
Au sujet de l’étape actuelle de l’Autre Campagne, il a expliqué : « Nous les zapatistes après avoir levé le voile qui occultait la réalité des communautés indigènes du Chiapas, nous sommes sortis pour trouver la pauvreté à la campagne et à la ville, et maintenant nous la voyons aussi au bord de la mer. Il y a dans ce pays une façade montée par les partis politiques, et récemment par Vicente Fox, qui dit que tout le monde va bien. »
Dans le cas du Nord du pays, a-t-il ajouté, « c’est terrifiant » la différence entre ce qui existe et ce qu’on raconte : « que le Nord est panista (partisan du PAN), qu’ils aiment Fox, que tout le monde vit bien. Mais nous voyons bien que c’est pareil que dans les communautés indigènes plus humbles du Sud-Est. »
Il a qualifié Oaxaca d’ « indicateur » de ce qui arrive dans le pays. « On nous a dit à Nuevo Laredo que le problème du Tamaulipas était que tout le monde ici est un Ulises Ruiz : le maire, le congrès de l’état, le gouverneur. Il y a trop d’Ulises Ruiz et les gens en ont marre. S’il n’y a pas d’issue civile et pacifique, et c’est ce que nous proposons avec l’Autre Campagne, alors chacun fera comme il le pourra. »
Il continue : « Nous ne reconnaissons pas le président officiel ni le président légitime. Pour nous, ce qui vient d’en haut ne compte pas. Ce qui compte, c’est ce qui va surgir d’en bas. Quand nous aurons achevé le soulèvement, nous allons balayer toute la classe politique, y compris celle qui se fait appeler gauche parlementaire. »
Sur la violence et le pouvoir du narcotrafic, il a affirmé que ceux-ci montent « une autre façade » qui affecte surtout les états du Nord, où le principal problème est la sécurité et non pas la situation de pauvreté. Les luttes entre narcotrafiquants, ou les luttes entre narcos et politiciens sont amplifiées, car nous savons que les politiciens sont en lien avec certains cartels, et on oublie ce qui est fondamental. Par exemple, ce qui se passe à Playa Bagdad, à Nuevo Laredo ou à Reynosa, pour parler du Tamaulipas. On n’en parle aux nouvelles que quand il y a des affrontements entre des groupes criminels et ce qui se passe avec les gens qui travaillent et qui luttent est oublié. »
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