English | Español | Português | Italiano | Français | Deutsch | Nederlands | August 15, 2018 | Issue #43 | ||||
Río Verde, un autre Atenco?Dans le village de Río Grande, Nuevo León, des patrouilles de policiers épaulées par les fonctionnaires et les caciques locaux ont pris 405 hectares de forcePar Murielle Coppin
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Photo: D.R. 2006 Anna Mauri |
10 ans plus tard, sont apparus Fernando Adame Doria et Francisco Macías, autorités municipales, et le cacique régional Juan Francisco Livas Cantú avec la ferme intention de récupérer les fameux 405 hectares. Ils cherchent à tromper les paysans en disant que les terrains n’ont aucune valeur et leur proposent 10 000 pesos. Quelques 15 villageois ont accepté la proposition, par nécessité. Parmi eux, Paula : “ Ils nous persuadent facilement, prenez ma mère, par exemple, qui était malade et a accepté , par nécessité ; elle entend mal et elle ne sait pas lire, comment peut-elle savoir ce qu’elle signe? Nous ne récupérerons jamais l’argent.”
“Ils sont venus insister plusieurs fois” a affirmé une autre femme. “Ils ont obtenu de moi le papier alors que mon mari était au travail.” Une autre compañera s’est exclamé : “ Je voudrais l’avoir face à moi le mandataire, on va voir si il offre 10 000 pesos pour le papier.” Plusieurs femmes lui ont répondu en riant : “On le met dehors”. “Il n’est plus là” a répondu un homme. “Il est déjà parti de l’autre côté. Il se promène dans les bois, bien heureux de tout l’argent qui lui a donné le président.”
Le président a abandonné le village 5 jours avant l’arrivée de Marcos. La rumeur disait que le sang allait couler, que 3 ou 4 personnes au moins allaient y passer et qu’il valait mieux rester chez soi.
Photo: D.R. 2006 Martina Morazzi |
Cependant, les autorités locales et les caciques reniflent l’odeur de l’argent. Le terrain sur lequel ils veulent construire l’autoroute était riche en uranium et en pétrole. En outre, le village se situe seulement à 130 km de Monterrey, grande ville industrielle en pleine expansion, qui regroupe un grand nombre de corporations internationales, notamment nord-américaines. “Imaginez” a expliqué José Luis “s’ils construisent cette autoroute, il va y avoir plus d’entreprises polluantes qui trouveront ici une main d’oeuvre qualifiée et peu onéreuse”.
Il a ensuite dénoncé l’impact du Traité de Libre Commerce “(Ce traité) ne nous permet pas de vendre nos produits, les oranges nous restent sur les bras, le prix est fixé de l’étranger, tout vient de là-bas, 200 dollars la tonne”. Il a continué “ Ce que Salinas a obtenu avec l’article 27 n’a été rien d’autre qu’un désastre général dans tout le pays. Finis les crédits, les tracteurs, les ejidos… Les projets Alianza para el Campo et Procampo bénéficient aux caciques, nous ne nous en sortons pas avec les conditions à remplir.”
Marcos a affirmé aux villageois qu’ils se trouvaient dans leur plein droit et a invité Televisa (qui est avec TV Azteca la chaîne la plus importante au Mexique) à filmer “ce papìer (le titre) qui vaut bien plus que 10 000 pesos”. “Ce papier signifie que depuis le 8 novembre, ils sont en train de violer la loi. Vous pouvez les accuser d’intrusion”. Il a fait référence à la situation des paysans du Chiapas : “Dans les villages indiens, la terre est un bien communal, c’est bien pire, là-bas ne parvient pas le domaine ejidal, il n’y a pas de recours légal. Ils ne parlent pas l’Espagnol, nous n’avions pas d’autre recours que les armes”. Les paroles du Sup ont tellement encouragé Don Fidel qu’il a appelé ses compagnons à voyager le jour suivant à Monterrey pour régler le problème du bétail.
Photo: D.R. 2006 Anna Mauri |
L’impact écologique serait énorme à cause de l’absence de possibilité de coexistence entre une nouvelle population de 20 à 30 000 habitants et quelques 73 espèces en voie de disparition. Le gouverneur Natividad González Parás prétend qu’il ne s’agit pas d’une affaire de l’état mais de la municipalité. Cependant, son frère est l’un des investisseurs, avec d’autres ex-fonctionnaires et proches d’hommes politiques. L’actuel maire, Dionisio Herrera, a bloqué provisoirement le projet. Les activistes écologistes souhaitent l’annulation définitive du plan si destructeur de Valle de Reyes, mais la lutte contre les promoteurs et leurs alliés armés d’investissements de 500 millions de dollars s’annonce ardue.
Un terrain défriché au beau milieu d’un parc naturel a servi de scène pour un programme alternant musique et discours. Les grands rochers millénaires, lieu sacré pour les Huicholes, nous ont regardés avec angoisse et nous ont invité, nous tous ici présents, à continuer la lutte pour la préservation de cette merveille de la nature. Un peu plus loin, nous avons écouté les cris d’appel à l’aide du fleuve, en grande partie étouffé par le bitume, qui tentait de nous laver le cerveau.
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