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Río Verde, un autre Atenco?

Dans le village de Río Grande, Nuevo León, des patrouilles de policiers épaulées par les fonctionnaires et les caciques locaux ont pris 405 hectares de force


Par Murielle Coppin
L'Autre Journalisme avec l'Autre Campagne au Nuevo León

20 novembre 2006

C’est aux cris de “Vive le Sup !” qu’une centaine de paysans ont fait un chaleureux accueil au Délégué Zéro (le Sous-commandant Marcos de l’EZLN, l’Armée Zapatiste de Libération Nationale) et à la caravane arrivant au village de Río Verde, municipalité de Linares, dans l’état du Nuevo León. Les villageois y subissent quotidiennement le complot ourdi entre le président municipal, les caciques locaux et les capitaux étrangers qui cherchent à déposséder les paysans de leurs terres en vue de la construction d’une autoroute. Le professeur José Luis Díaz García a demandé au public de “partager l’expérience des paysans” en ce “jour historique pour Linares”.


Photo: D.R. 2006 Anna Mauri
Lors d’une interview, après la réunion, José Luis a exposé les détails du conflit et a évoqué, plein de fierté patriotique, les grands héros de la Révolution Mexicaine : “Après de nombreuses luttes, Francisco Villa au nord et Emiliano Zapata au sud ont repris les terres des mains des caciques et grands propriétaires. En 1933, un décret présidentiel a distribué à échelle nationale les terres aux villageois. En 1992, le gouvernement municipal, avec l’aide d’un groupe de riches, de bureaucrates et autres caciques, a acheté 405 hectares à 10 centimes le mètre carré pour bâtir un aéroport. Mais une clause très claire précisait que si en 5 ans la première pierre de l’aéroport n’était pas posée, le terrain reviendrait au patrimoine du village”.

10 ans plus tard, sont apparus Fernando Adame Doria et Francisco Macías, autorités municipales, et le cacique régional Juan Francisco Livas Cantú avec la ferme intention de récupérer les fameux 405 hectares. Ils cherchent à tromper les paysans en disant que les terrains n’ont aucune valeur et leur proposent 10 000 pesos. Quelques 15 villageois ont accepté la proposition, par nécessité. Parmi eux, Paula : “ Ils nous persuadent facilement, prenez ma mère, par exemple, qui était malade et a accepté , par nécessité ; elle entend mal et elle ne sait pas lire, comment peut-elle savoir ce qu’elle signe? Nous ne récupérerons jamais l’argent.”

“Ils sont venus insister plusieurs fois” a affirmé une autre femme. “Ils ont obtenu de moi le papier alors que mon mari était au travail.” Une autre compañera s’est exclamé : “ Je voudrais l’avoir face à moi le mandataire, on va voir si il offre 10 000 pesos pour le papier.” Plusieurs femmes lui ont répondu en riant : “On le met dehors”. “Il n’est plus là” a répondu un homme. “Il est déjà parti de l’autre côté. Il se promène dans les bois, bien heureux de tout l’argent qui lui a donné le président.”

Le président a abandonné le village 5 jours avant l’arrivée de Marcos. La rumeur disait que le sang allait couler, que 3 ou 4 personnes au moins allaient y passer et qu’il valait mieux rester chez soi.


Photo: D.R. 2006 Martina Morazzi
Il y a quelques jours, le 8 novembre, une vingtaine de patrouilles de policiers ont pris de force un terrain de 405 hectares où paissait un troupeau de bétail. Guadalupe Luna s’est interrogé : “Ils profitent de nous, ce papier que nous ont donné (les ex-présidents Ernesto) Zedillo et (Vicente) Fox, on nous dit qu’il n’est pas valable. Mais si le bétail ne peut plus s’abreuver et meurt, qui seront les responsables ?” José Luis a affirmé : “Ils ne peuvent pas nous retirer les terres acquises avec la réforme agraire, on se battra a Monterrey et à Mexico ; en 2002, nous avons obtenu 86 titres”.

Cependant, les autorités locales et les caciques reniflent l’odeur de l’argent. Le terrain sur lequel ils veulent construire l’autoroute était riche en uranium et en pétrole. En outre, le village se situe seulement à 130 km de Monterrey, grande ville industrielle en pleine expansion, qui regroupe un grand nombre de corporations internationales, notamment nord-américaines. “Imaginez” a expliqué José Luis “s’ils construisent cette autoroute, il va y avoir plus d’entreprises polluantes qui trouveront ici une main d’oeuvre qualifiée et peu onéreuse”.

Il a ensuite dénoncé l’impact du Traité de Libre Commerce “(Ce traité) ne nous permet pas de vendre nos produits, les oranges nous restent sur les bras, le prix est fixé de l’étranger, tout vient de là-bas, 200 dollars la tonne”. Il a continué “ Ce que Salinas a obtenu avec l’article 27 n’a été rien d’autre qu’un désastre général dans tout le pays. Finis les crédits, les tracteurs, les ejidos… Les projets Alianza para el Campo et Procampo bénéficient aux caciques, nous ne nous en sortons pas avec les conditions à remplir.”

Marcos a affirmé aux villageois qu’ils se trouvaient dans leur plein droit et a invité Televisa (qui est avec TV Azteca la chaîne la plus importante au Mexique) à filmer “ce papìer (le titre) qui vaut bien plus que 10 000 pesos”. “Ce papier signifie que depuis le 8 novembre, ils sont en train de violer la loi. Vous pouvez les accuser d’intrusion”. Il a fait référence à la situation des paysans du Chiapas : “Dans les villages indiens, la terre est un bien communal, c’est bien pire, là-bas ne parvient pas le domaine ejidal, il n’y a pas de recours légal. Ils ne parlent pas l’Espagnol, nous n’avions pas d’autre recours que les armes”. Les paroles du Sup ont tellement encouragé Don Fidel qu’il a appelé ses compagnons à voyager le jour suivant à Monterrey pour régler le problème du bétail.


Photo: D.R. 2006 Anna Mauri
Enfin, José Luis a fait référence à la tragédie de Valle de Reyes, un projet de construction dans la municipalité de Santa Catalina, approuvé le 28 octobre en un temps record de 12 minutes et en présence du maire remplaçant Ramiro Ayala. La maire légitime, Irma Adriana Garza, avait abandonné son poste 5 jours avant la fin de son mandat. La terre des paysans s’est vendue 10 centimes le mètre carré, sous le prétexte qu’elle ne valait rien car par trop polluée. Le projet prétend construire un quartier pour riches, avec terrain de golf et 5 à 9 résidences. Tout ceci, quelques 2.394 hectares, au beau milieu de La Huasteca, un parc national reconnu par l’UNESCO, le poumon central de la région, qui approvisionne un tiers de Monterrey en eau potable.

L’impact écologique serait énorme à cause de l’absence de possibilité de coexistence entre une nouvelle population de 20 à 30 000 habitants et quelques 73 espèces en voie de disparition. Le gouverneur Natividad González Parás prétend qu’il ne s’agit pas d’une affaire de l’état mais de la municipalité. Cependant, son frère est l’un des investisseurs, avec d’autres ex-fonctionnaires et proches d’hommes politiques. L’actuel maire, Dionisio Herrera, a bloqué provisoirement le projet. Les activistes écologistes souhaitent l’annulation définitive du plan si destructeur de Valle de Reyes, mais la lutte contre les promoteurs et leurs alliés armés d’investissements de 500 millions de dollars s’annonce ardue.

Un terrain défriché au beau milieu d’un parc naturel a servi de scène pour un programme alternant musique et discours. Les grands rochers millénaires, lieu sacré pour les Huicholes, nous ont regardés avec angoisse et nous ont invité, nous tous ici présents, à continuer la lutte pour la préservation de cette merveille de la nature. Un peu plus loin, nous avons écouté les cris d’appel à l’aide du fleuve, en grande partie étouffé par le bitume, qui tentait de nous laver le cerveau.

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