English | Español | Português | Italiano | Français | Deutsch | Nederlands | August 15, 2018 | Issue #41 | |||
Depuis l’autre Morelos, Zapata est vivant au sein de l’autre CampagneL’hommage au Général Emilio Zapata Salazar est présent dans les ruesPar Karla Garza
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Flora Guerrero Foto: D.R. 2006 Nives Gobo |
La Barranca de las Sauces qui s’est trouvée enserrée entre les maisons à cause de l’expansion de la tache urbaine, semblait, ainsi cachée, à l’abri de la déprédation néo-libérale qui, à Morelos, est de couleur blanc-bleu . Mais la sécurité des énormes ficus et saules pleureurs ne pouvait pas durer avec un gouvernement qui se dédie à ce que le printemps de Cuernavaca cesse d’être éternel.
Un petit ruisseau déjà pollué traverse la barranca . Les racines des arbres, de taille énorme, sont à découvert. Des étiquettes de couleur et numérotées signalent leur destin. Certaines finiront dans le dépotoir le plus proche. D’autres feront partie du théâtre de leur replantation. “On leur a donné des cours, on leur a expliqué le traitement et la marche à suivre” dit une des activistes excédé par le comble de l’inaptitude d’un gouvernement à qui il faut dire comment faire son travail “ et même comme ça “.Ils ont déjà creusés des trous dans le parc le plus proches, pensent que les arbres sont des “je t’enlève et je te remets” et la façon dont ils pensent “replanter “ va tuer les arbres en moins de 15 jours.
Le plan des entrepreneurs (ceux des sociétés de construction et l’entreprise que personnalise le gouvernement) était la combler et construire là-dessus un pont. Un élargissement qui relie la partie nord et la partie sud d’une avenue à quatre voies. Environ une dizaine de ficus bouchent l’accès de la barranca. Ils représentent le premier blanc et bien qu’on s’en soient déjà pris à leurs racines, les voisins et centaine s’y sont amarrés pour les empêcher d’arracher ce poumon quasi invisible mais indispensable pour la ville.
“On restera ici jusqu’aux conséquences finales” dit Flora Guerrero ,environnementaliste reconnue qui sait ce que signifie “conséquences finales” quand il s’agit d’affronter les forces répressives du gouvernement de Morelos. Enchaînée au premier arbre de l’entrée, elle regarde pardessus les pancartes, les forces de l’ordre à une centaines de mètres de là, alors qu’elle soutient un drapeau bleu avec une planète terre en son centre, celle-là même “qui est en train de se désagréger entre nos mains”.
Si il s’agissait seulement de ce dénommé pont ou d’une pure urbanisation échevelée du secrétariat des Travaux Publics. Mais non. Ils sont nombreux et évidents, les intérêts qui sont en jeu.
Le projet est sous la responsabilité de la société de construction PARLCIAC, l’ entreprise maîtresse du gouvernement de Cajigal, propriété de l’architecte Sergio Barrenchea, qu’il va sans dire, est un de ses chevaliers servants. Sont en jeux également des contrats juteux déjà attribués à Autotransportes rojos de Morelos , transportes MDA (ce dernier étant gagnant vu qu’il loue les excavatrices bien que l’œuvre soit suspendue). Et comme si cela ne suffisait pas, d’un côté de la avenue, prétendue avenue, se profile un projet de centre commercial, le terrain est propriété de Eduardo Fernandez Placenta, ex-secrétaire des Travaux Publics de l’entité de Cuernavaca, le même qui s’est occupé de mettre en œuvre la Plazza Galeria, projet transparent comme de l’eau claire, bien entendu.
« Je venais jouer ici quand j’étais enfant, je ne veux pas voir les voitures circuler sur l’avenue. Je veux continuer à voir les arbres et que mes enfants aussi puissent les voir quand j’en aurai » dit Carlos d’à peine quatorze ans en se rendant compte, déjà, de la responsabilité qu’il a vis-à-vis des générations futures et il l’ assume, assis à l’ombre d’un arbre auquel il est enchaîné, entouré de tranchées. « Arrive que pourra ! »
Ils sont peu nombreux, proie facile pour les forces gouvernementales qui vigilent à quelques mètres de là, si bien que deux ambulances sont présentes au cas où .
Mais ils se sont trompés, c’était sans compter sur l’arrivée de la caravane qui, à ce moment-là était en route, pour leur montrer qu’ « ils n’étaient pas seuls »
Foto: D.R. 2006 Nives Gobo |
« Nous devions être là où la Otra Campaña pouvait démontrer que peu importe le nombre, mais bien le cœur et la lutte qu’on mène. Et nous avons donc décidé d’être présents ».
Pour le moment, la communication entre les membres de la caravane et la Commision Sexta, à laquelle « s’auto-invitent » des professionnels, oreilles plus ou moins à la solde du gouvernement, alerte la base devant la Barranca et ordonne le retrait. Pris à l’improviste, ils montent nerveusement dans leurs véhicules et commencent à s’éloigner.
« Ils s’en vont ! » crient contents les membres du front. Ce n’était pas si sûr. On les suivit. Non, ils ne sont pas partis. Ils se sont cachés à quelques rues d’ici, ils se sont regroupés dans l’école de police en attendant que ces mêle-tout de zapatistes arrivent, face leur démonstration et s’en aillent. Et , ensuite, revenir et ils verront bien. Ils auraient dû attendre toute la journée parce que la caravane, non seulement resterait mais elle ferait appel à d’autres empêcheurs de tourner en rond.
Un bel exemple de ce que la Otra Campaña est en train de construire, se tissait au fil des heures .Les adhérents qui attendaient à Cuautla ont été informé de la chose et, sans hésitation, décidèrent : « Nous irons là où on a besoin de nous » ; le midi, ils se trouvaient déjà au campement, accompagnés de quelques campesinos de Michoacán appartement à la UCEZ et représentants de communautés indigènes. En tête, doña Eva Castañeda, veuve de Efren Capiz, tous deux figures de proue de la lutte paysanne et indigène, qui s’approchent pour saluer les défenseurs de la Barranca et offrir leur appui inconditionnel « parce que nous aussi on est engagé dans la défense de la terre, notre Madre Tierra. »
Les quelques dizaines étaient dépassées depuis un bon bout de temps. Mais, il n’a pas arrêté de pleuvoir sur le camp de la solidarité. Le campement se transforma soudain en une fête itinérante à travers l’air frais provenant de la Barranca.
Les voisins du quartier, surpris et contents de l’appui, aident comme ils peuvent les résistants qui savent qu’ils resteront ici « le temps qui sera nécessaire ».Une grande table est dressée et on savoure le repas sur le gazon.
Juste à temps pour les gorges sèches, arriva un camion bien rempli envoyés par les compagnons de la coopérative Pascual, Boing pour tous, et la lutte prend une saveur de fruit.
Suit le contingent du parti communiste et la jeunesse communiste de Mexico, membres du collectif adhérent à la Otra à Morelos, et d’autres medias alternatifs qui, malgré la présence inhabituelles des medias commerciaux nationaux, représentent comme toujours une écrasante majorité.
L’après-midi, il y a du monde sur le gazon à perte de vue depuis l’entrée de la barranca. A quelques rues de là est stationné un autobus et la « caravane universitaire » fait son entrée. Des dizaines d’étudiants de la UNAM font irruption plein d’une hardiesse joyeuse et contagieuse. « On va bien voir qui l’emporte, la Otra organisée ou le gouvernement, putain ! » Et le ton de monter. Rythmes, insultes variées et créatives à l’encontre de Estrada Cajigal. Voir s’il les entend de son porno d’hélico (qui survole depuis un certain temps).
La rébellion est à son apogée. Mais ce n’était pas tout. Au loin, on entend des consignes accompagnées d’un son familier : des machettes qui s’entrechoquent. Attente. D’en bas, on regarde. Il y a des paysans là-haut. Plus de 200 membres du front de Pueblos en Defensa de la Tierra, « ceux de Atenco » évidemment. Immédiatement, ils épousent la cause et les saules ont dû s’agiter en entendant : « Barranca, on t’aime, c’est pour ça qu’on te défend. Si ce ne sont pas les saules, se sont leurs gardiens qui ne contiennent plus leur joie.
La commission de la Sexta se réservait. Le délégué Zéro révéla plus tard : « Il y a deux heures, alors qu’on se faisait cuire quelques cuire quelques tamales dans la camionnette, s’est approché un journaliste pour demander ce qu’on attendait, je lui ai répondu : on attend le septième régiment de cavalerie » Un moment après arrivèrent les étudiants de la UNAM et leurs professeurs. Ce ne sont pas des étudiants quelconque ni de quelconque professeurs. Ce sont de ceux qui luttent et ont lutté avant et grâce à qui l’ Université Autonome de Mexico continue comme université publique et gratuite.
Au moment où sonnèrent les machettes des compagnons du Frente de los Pueblos en Defensa de la Tierra, on était au complet. On savait que le septième régiment était arrivé.
Pour compléter, l’arme secrète, la parole, sortie du coffre d’une camionnette, jaillit de la sono prêtée par la Coopérative Pascual
« Les paroles vont me manquer pour vous remercier du fond du cœur de nous avoir sauver aujourd’hui des griffes de la Police de l’état. Littéralement, vous nous avez sauvé la vie » dit, Flora Guerrero, au bord des larmes.
Des représentants des étudiants de la UNAM saluent, convaincus que Zapata n’a jamais été dans les bonnes grâces des députés, mais bien « ici, parmi nous ». Font pareil les représentants de l’ Université Autonome de Chapier, également en lutte pour l’éducation gratuite.
Les campeuses de Atenco exhortent ensuite les défenseurs de la barranca à ne pas se laisser annihiler par leur petit nombre : « parce que si on est trente enfoirés, trente enfoirés enverront paître ce foutu gouvernement »
Luis Antonio Vargas, au nom de la caravane dit : « nous sommes très fiers d’avoir pu servir à,quelque chose aujourd’hui , et pourvu que, demain , on serve à ce mouvement qu’on est en train de construire pour que change ce pays et chasse ces apatrides du gouvernement de Mexico. »
La foule s’est réunie et tout à coup ouvre un chemin pour laisser passer une chaise roulante. Le vétéran « jamarillista » Félix Serdán et son épouse montent sur la plate-forme parmi les ovations et applaudissements. Don Félix reçoit les démonstrations de tendresse et respect des compagnons, chante avec eux le « corrido de Jaramillo », les encourage à continuer à défendre la terre, leur rappelle : « On est en lutte constante contre un gouvernement maladroit, un gouvernement capricieux », mais, on est aussi à un moment où le Mexique doit se réveiller. Et, même si ses mains en tremblent déjà, de sa poitrine jaillit : « Vive Zapata, Vive Jaramillo, Vive Villa et Vive le peuple mexicain en lutte ».Le delegado Cero dédie son message au Mayor Insurgente Honoraire du EZNL.
La nuit tombe. Il n’y a plus personne attaché aux arbres de la barranca, ce n’est plus nécessaire .On va bien voir s’ils leur passent dessus au centaines qui se sont joints à la cause.
La lecon est donnée. Les consignes incessantes la résument. Aux intégrants de la Sexta, où qu’ils soient et, aussi petite que paraisse leur lutte, l’appui sera présent : « vous n’êtes pas seuls » et « pas un pas en arrière ». Aux puissants, aux patrons, cet avertissement : « Si vous voulez la guerre, vous l’aurez, mais la terre, on ne la vend pas ». Et au gouvernement de Moros, ceci : « On chassera Caligal de la Barranca, on chassera ce type. On le mettra en prison ». Et un hommage à Zapata en ce 10 avril.
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