English | Español | Português | Italiano | Français | Deutsch | Nederlands | August 15, 2018 | Issue #40 | ||||||||
Yucatán, en attendant MarcosDans la ville de Mérida, ils sont nombreux à ne pas savoir qui est le “Délégué Zéro”… Mais, à la campagne, l’air est chargé d’expectation et de l’histoire d’une rébellionPar Al Giordano
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Du Journal Vidéo: Yucatán Awaits Marcos |
Dans le Yucatán, état auquel la tournée arrive le prochain mercredi 18 janvier, les gens simples et humbles qui luttent, luttent depuis plus de cinq cents ans.
Les Espagnols ont pris plus de 170 ans à conquérir aux indigènes maya de cette région, et depuis lors les siècles n’on pas connu de pause pour faire défiler les pouvoirs étrangers qui tentent d’imposer leur volonté ici. Une fois les envahisseurs ont réussi à « contrôler », ils ont imposé le système de castes – selon lequel les européens et leurs imitateurs jouissaient de plus de droits légaux et de plus de libertés que les natifs de la péninsule caribéenne. Aujourd’hui encore, les élites mercantiles de Mérida sont connues comme la « divine caste » et continuent à maltraiter les indigènes, les travailleurs et les pauvres.
En 1847, après un siècle et demi de conquête, la « Guerre des Castes » est commencé en Yucatan. Les maya ont poursuivi les classes supérieures : européens, métis et à ceux qui se considéraient eux-mêmes comme faisant partie de « l’ancienne monarchie maya » – votre correspondant ne saurait pas dire si ces révindications de noblesse sont fondées. Ils le ont poursuivit dans chaque communauté de la péninsule, les forçant à chercher refuge dans les villes alors fortifiées, Mérida et Campeche (aujourd’hui capitales d’état). Ce fût une Guerre de Castes qui, en accord avec les historiens, a pris 85 ans pour exterminer les envahisseurs.
Mais il y a plus, beaucoup plus… y compris cette occasion, en 1918, où la République Socialiste Indépendante de Yucatan a été en avance des russes, créant le premier état socialiste indépendant de cette Terre (les Etats-Unis ont dû envoyer des marines pour l’étouffer). Mais, chers lecteurs, nous y reviendrons dans les prochaines deux semaines. Tout d’abord, la question du moment :
Comme l’a expliqué le Lieutenant-colonel zapatiste Moisés, le 16 septembre dernier, à l’occasion de l’annonce des zapatistes de la tournée de Marcos –en tant que « délégué Zéro » et précédant à une seconde et plus importante tournée zapatiste
autour du pays l’été prochain- :
« … notre devoir est de explorer le terrain par où nous allons amèner nos camarades, c’est comme ça que nous sommes les militaires, il y a toujours ceux qui sont à l’avant-garde. Nous entendons par avant-garde, ceux qui vont devant, qui voient le terrain que nous ne connaissons pas encore et leur tâche est de nous raconter ce qu’il y a : si le terrain est marécageux, rocailleux, ainsi que toutes les autres situations observées par l’avant-garde nous informent pour savoir que faire et comment le faire.Nous savons que vous entendez par avant-garde ceux qui dirigent, ou ceux qui savent comment doit-on lutter, ou ceux qui commandent et qui sont les seuls à avoir raison, ceux qui savent le plus et par conséquent, ceux qui sont plus importants… nous ne l’entendons pas comme ça, l’avant-garde est pour nous, comme je vous ai déjà dit, formée par ceux qui partent explorer le terrain, un terrain inconnu pour nous, mais il est nécessaire d’y aller pour avancer dans la lutte, ce travail nous correspond à nous, les militaires, l’exploration du terrain…
Le travail pour l’avant-garde d’exploration du terrain sur l’Autre Campagne a été assigné au camarade Sous-Commandant Insurgé marcos. Il sera le premier à sortir et derrière lui, nous le suivrons, et nous nous relayerons pour faire le travail… »
Quelque 21 ans sont passés (Marcos s’est interné pour la première fois dans la forêt du Chiapas en 1983-84), peut être plus, depuis que Marcos a vu pour la première fois la réalité du Yucatan de ses propres yeux. Mais, dans sont discours de ce soir, il a montré sa conscience de l’histoire rebelle du Yucatan :
« Les historiens racontent, si on leur croit, que les lieux du Mexique où est arrivé d’abord la pensée critique anticapitaliste et l’effort pour construire une nouvelle société avec des nouvelles relations sociales, c’était dans la côte du Chiapas et dans la péninsule du Yucatan, au sein des travailleurs cafetiers et henequeneros. C’est là où va démarrer l’Autre Campagne »
L’un de ces penseur critiques anti-capitalistes Felipe Carrillo Puerto (1872-1924), qui demeure l’un des héros de toute la péninsule : c’était un journaliste et défenseur des droits des indigènes qui fût élu gouverneur en 1922. Carrillo Puerto (1872-1924) avait déjà lutté avec les zapatistes originaux (ceux du général Emiliano Zapata), qui avait été membre du Parti Communiste, puis du Parti des Travailleurs Socialistes. Lui, comme les yucatecos en général, fût l’un des premiers défenseurs su suffrage des femmes au Mexique. Don Felipe fût aussi l’auteur des paroles de la chanson populaire « La pèlerine », à propos de son amante et amie, la journaliste politique californienne Alma Reed. Pendant deux ans, en tant que gouverneur démocratiquement élu, il a commencé ici la construction du socialisme démocratique. La dictature militaire mexicaine le fît fusiller deux ans après. Mais la construction d’un socialisme de racine indigène et démocratique ne s’est pas arrête face aux attaques quotidiennes de l’argent, le pouvoir militaire. Ainsi, si l’on regarde les mairies des communes comme Tekak (où de 22mille habitants, la plupart parle maya ou chol), il y a l’inscription « Palais Municipal Socialiste ».
Il semblerait que tout colle parfaitement : Marcos, porte-parole de centaines de milliers d’indigènes maya de Chiapas, des langues tzotzil, tzeltal, tojolabal et chol, va à une autre grand région maya, foyer des pyramides tant acclamées, de Chichén Izta jusqu’à Tulum, avec une histoire riche en rébellion et résistance à la conquête.
Certaines personnes savaient des choses sur les zapatistes et leur Délégué Zéro. Mais pour six journalistes –aussi des gens qui luttent contre l’industrie des médias qui nous exploite, nous censure et nous exclue- qui ont travaillé pour diffuser la bonne parole zapatiste pendant tant d’années, les nouvelles était peu stimulantes dans les rues et les marchés de Mérida :
D’autres, mais une minorité différente parmi ces gens de travail qui nous avons rencontré dans leur travail, leurs rues de quartier populaire de cette ville, nous ont donné des commentaires plus encourageants :
Même si l’immense majorité des zapatistes que l’on a interviewé n’avait aucune connaissance de fond sur Marcos ou sur la cause zapatiste, lorsqu’ils parlaient de leurs problèmes et de leurs vies quotidiennes, un autre type de discours émergeait : dans des nombreux cas, leur message est identique à celui des zapatistes, avec leur méfiance des hommes politiques et des partis, ainsi que du système économique imposé :
Néanmoins, l’esprit qui prédomine l’attente du Délégué Zéro des zapatistes dans cette capitale commerciale de 800mille habitants, est de peu ou pas du tout d’intérêt –au moins selon la série aléatoire d’entretiens réalisés. La visite ne génère des grandes passions parmi le public en général –au moins pas avant l’arrivée du visitant. Comme ce qui une jeune femme a dit aux Autres Journalistes sur la visite de Marcos : « C’est quelque chose d’inattendu. Il n’a pas beaucoup d’influence ici, alors il n’y aura pas de problèmes ».
Tout ça, dans la ville jadis fortifié de Mérida. Mais dehors des vestiges de ces murs coloniaux, il est possible d’entendre une autre voix, celle qui crie son témoignage et le miroir rebelle qui représente Marcos, avec son passe-montagne noir, pour cette grand majorité du pays qui se débrouille dans la pauvreté matérielle mais qui est enrichi par l’esprit de lutte.
Parmi les peuples mayas dont la résistance légendaire remonte à la Conquête Espagnole et à la Guerre de Castes, il y a Kanxoc, au Yucatan. Là-bas, les ouragans Emily (juin 2005) et Wilma (octobre 2005) ont détruit les champs de maïs de trois mille paysans. Kanxoc est une terre de braves gens, où il n’y a pas de police, ni étatique ni fédérale, et même les militaires mexicains n’osent pas entrer.
Pour notre part, nous avons communiqué avec les autorités maya à travers d’un interprète, leur expliquant notre intention d’interviewer les habitants sur leurs vies et les opinions sur la prochaine visite du Sous-Commandant Marcos.
La visite fût approuvée le 3 janvier et six journalistes authentiques sont arrivés à onze heures du matin à la place du village. Pendant que nos deux voitures faisaient le tour de la place, près de cent habitants étaient déjà réunis en attendant les reporters. Vingt minutes après notre arrivée, la foule a atteint les trois cents personnes : des femmes qui arboraient leurs huipils fleuris, des hommes, des enfants et des anciens. Vos reporters ont allumé leur caméras et minidiscs, et ils ont mis leur plume au travail. Notre interprète a traduit ma salutation à la langue maya : « Merci de nous recevoir. Nous sommes des journalistes qui luttent contre la grande industrie des médias, ainsi comme vous luttez contre les riches et puissants. Nous sommes ici au Yucatan pour rapporter des nouvelles sur la visite sur Sous-Commandant zapatiste Marcos. Nous ne représentons aucun parti politique ni à l’armée zapatiste. Nous ne représentons que nous-mêmes. Nous sommes ici seulement en tant que journalistes indépendants, pour vous écouter tous –hommes, femmes, enfants et anciens- et tout ce que vous voudrez nous raconter de vos vies et de votre réalité à Kanxoc. Et bien sûr nous voulons connaître vos opinions sincères sur la visite du Sous-Commandant ».
Ce monsieur commence alors à nous expliquer l’une des plaintes les plus résonantes de cette population : comment se fait-il que, après la dévastation totale de leur champs de maïs qui assurent leur subsistance, et après la signature d’accords pour indemniser 840 pesos (quelque 80 dollars) par hectare cultivée perdue, « ça ne va pas, on ne paie pas » ? D’autres se plaignent aussi de paiements partiels qui ont été volés. Un paysan qui possède quatre hectares avait reçu à peine dix pesos (moins d’un euro) au lieu de ce qu’on lui avait promis. D’autres ont seulement reçu des paiements partiels de 250 pesos par hectare, moins d’un tiers de ce qui avait été annoncé. Personne n’a reçu ce qu’on leur a promis. « On ne nous donne rien pour remplacer nos pertes », dit une femme maya, « on ne donne même pas un peso à nos maris ». En attendant, les gens ont faim. Il doivent payer pour se procurer ce qu’ils auraient récolté, du maïs. Mais il n’y a pas d’argent non plus, parce qu’il n’y a pas de maïs à vendre. « Nous vous demandons », poursuit-elle, « de faire pression auprès des puissants pour qu’ils écoutent nos demandes ».
Une autre plainte entendue à répétitions dans ce jour de chaleur, porte sur la nouvelle route au village, toujours pas achevée. Il se trouve qu’après de nombreuses années de lutte, le gouvernement de l’état de Yucatan construisit une route à la fin des années 1990, pour lier Kanxoc et Valladolid, petite métropole de 62mille habitants située dans la route Mérida-Cancun. Mais la route n’a jamais été achevée, laissant ainsi les 1200 habitants de Kanxoc seulement avec des chemins pour piétons pour amener le maïs qu’ils cultivent. « On doit porter le maïs sur le dos pendant des nombreux kilomètres », crie un citoyen. Les hommes des partis politiques mexicains sont venus à Kanxoc, et ils ont promis terminer l’autoroute. Mais après l’élection il ne se passe rien. Le gens de Kanxoc en ont assez des hommes politiques. « Nous ne voterons par personnes, n’est-ce pas, compañeros ? » crie l’homme à l’assemblée. Des chuchotements semblent exprimer l’approbation en langue maya, acquiesçant avec la tête.
« Ils nous donnent de l’aide humanitaire et c’est bien, mais ils doivent honorer leurs promesses. En plus, l’école est en train de tomber, les portes sort cassées, le bois est pourri ».
Un autre homme intervient : « Nous ne voulons pas qu’un autre personne vienne nous tromper à nouveau. Nous voulons quelqu’un qui vienne et honore sa parole… nous avons fait six voyages pour voir le gouvernement et leur demander le paiement qu’ils ont promis. Et les paiements ne sont toujours pas arrivés. J’ai les papiers qu’ils ont signé, où ils faisaient la promesse de payer, mais les paiements ne sont pas arrivés… à chaque fois qu’un homme politique vient ici, il demande la force des paysans. Et quand ils arrivent au pouvoir, ils nous quittent ».
Un autre homme de Kanxoc ajoute : « A propos de la visite du Sous-Commandant Marcos : je pense que c’est très bien parce qu’il fait cette visite sans ambitions politiques. »
Les femmes se la communauté s’approchent massivement aux microphones. Plusieurs d’entre elles parlent au même temps pendant que l’interprète essaie de les suivre. Depuis que nous, reporters, sommes arrivés, il n’y a même pas eu d’espace/temps pour demander le nom de personne, tellement les habitants sont près à parler et écouter. Les femmes veulent parler de leur clinique d’attention médicale, il n’y a pas de médecin les week-ends, et les médecins ne parlent pas maya –« seulement une infirmière parle maya ».De plus, on leur fait payer 20 pesos, même aux femmes enceintes, si elles n’ont pas fait des travaux pour le gouvernement (au travers d’un concept qui date des temps de l’esclavage, connu comme ‘fajina’).
Un homme de 56 ans nommé Bartolo dit :
« Nous voyons la visite du Sous-Commandant Marcos comme quelque chose d’important, parce que il semblerait que toutes les choses qui exige le Sous-Commandant Marcos sont bonnes pour tous, bonnes pour les peuples indigènes. Le gouvernement dit à tous la même chose mais ce n’est pas vrai. Le Sous-Commandant Marcos est un combattant. Les pauvres n’avons pas des droits constitutionnels, si nous avons un peu de terre les riches viennent nous envahir ».
« Nous n’avons pas d’eau à boire », commente un autre citoyen de Kanxoc, « pas d’électricité, de rues, de trottoirs… il n’y a pas de lycée ici… »
« Nous n’avons pas de bétail, nous produisons le peu que nous avons », dit un autre homme, « aujourd’hui nous sommes à l’abandon »
« Moi je suis chef de police », dit un autre homme, « mais je n’ai pas de policiers. Les politiques ont promis d’envoyer dix policiers, mais ils ne l’ont pas fait. Je suis commandant mais je ne peux rien faire sans policiers. Quelque fois les jeunes causent des problèmes, ils se battent entre eux. Un commandant ne peut pas avec dix jeunes. Nous n’avons pas de voiture pour les envoyer aux autorités à Valladolid. Quelques fois même, ils ont envahi l’église et l’on utilisée pour fumer. Il n’y a pas de sécurité. Nous n’avons pas d’illumination publique »
Voilà des gens abandonnés à leur sort, vivant des terres détruites par les cyclons, isolées (le chemin à Kanxoc ne mène nulle part, il y finit).
Une femme parle : « beaucoup de gens et des enfants sont malades –rhumes, malnutrition, diarrhée, mal au ventre. Mais c’est depuis que nous avons perdu nos champs de maïs »
Un groupe de femmes vient vers les reportes et, à travers de l’interprète, nous demande de visiter l’église du village avec elles : un vieux immeuble type colonial s’élève contre le soleil ardent et pénétrant. Après d’être entrés, le sacristain apparaît et parle en maya : « Nous savons que c’est moche. Les murs sont en train de pourrir. Le vieil autel va bientôt tomber ».
Les murs sont ornés d’art du XVIéme siècle qui sont en train de pourrir et de tomber. Une fissure parcourt tout le plafond, là où un éclair est tombé une nuit. Les journalistes sont invités à filmer ce village des hauteurs du toit de l’église. Nous sommes montés par un escalier en bois en forme d’escargot, nous avons filmé en 360° cette péninsule plaine comme une tarte. Nous sommes descendus et un groupe d’hommes s’est approché….
“Nous venons vous inviter voir le cénote”, nous indique son porte-parole désigné, signalant la direction d’une source souterraine d’eau cristalline – similaires à celles qui dans certains villages de route touristique Mérida-Chichén Itza- Cancún-Playa de Carmen-Tulúm, sont des attractions pour les touristes et les sportifs aquatiques. « Nous vous demandons de raconter au monde ce qui est notre cénote, peut être que quelqu’un nous aiderai à le développer et à attirer du tourisme ».
« Le problème c’est », dit un autre homme, « que la route passe près d’ici, mais il n’y a pas de sortie pour aller au cénote ».
« Un autre problème est que l’électricité n’arrive là-bas pour l’illuminer ».
Peu de temps après, nous avons conduit deux kilomètres entre toits de maisons, des étendoirs de linge et des champs de maïs détruits par les tempêtes, et nous avons marché quelques mètres sur les champs de pierres plates, pour trouver un trou dans la terra et un escalier en pierre. Suivant les villageois, nous sommes descendus au premier niveau. La chaleur brutale du jour est gagnée par une climatisation naturelle.
« Nous voulons travailler ce cénote, le nettoyer pour qu’il se voit mieux », dit l’un de nos accompagnants de Kanxoc. « Mais pour faire ça nous avons besoin de votre aide. Nous ne pouvons pas le faire seuls. Nous n’avons pas assez de ressources. Il y a d’autres villages qui ont des cénotes et qui reçoivent beaucoup de visiteurs. Les villageois leur vendent de l’artisanat. Nous avons besoins de plus de soutien pour mettre ça en œuvre, pour mettre ici la lumière et que les gens puissent voir qu’est-ce qu’elle est belle cette eau transparente »
Et là, dans la obscurité, avec la fraîche humidité de cette climatisation naturelle, dans la quiétude, les pensées et les souvenirs de promènent. Et l’on pense à retourner sur les chemins, à d’autres lieux isolés, frappés par la pauvreté et la misère, avec cinq cents ans de domination contre cinq cents ans de résistance… dans une terre appelée Chiapas… avec ses propres beautés et cascades et grottes et merveilles naturelles, comme celle que nous avons rencontrée à Kanxoc… avec des gens qui ont attendu des années pour que quelqu’un vienne –« vous pourrez peut être nous aider à le développer »- … dans des lieux où le gouvernement ou les grands pouvoirs et l’argent sont venus « aider », l’aide n’a apporté que davantage d’exploitation, de pauvreté, de misère…
Et un jour, peut être il y a 21 ou 22 ans, un petit groupe de rebelles, y compris un jeune qui est venu avec l’idée d’aider aux pauvres natifs ; mais qui a trouvé que, au contraire, au lieu d’avoir quelque chose à apprendre aux indigènes du Chiapas, il avait tout à apprendre d’eux. Et d’une certaine manière pendant cette conversation de 21 ans, une armée rebelle est née, « une machine de guerre hors l’Etat », une Armée Zapatiste de Libération Nationale, et un Sous-Commandant nommé Marcos… et aujourd’hui, dans plusieurs endroits d’une terra nommée Chiapas, là où jadis il y avait des merveilles naturelles endormies, abandonnées et oubliées, il y a aujourd’hui des lieux qui attirent des gens du monde entier. Et oui, ils visitent ces beaux endroits ; et oui, ils y achètent de l’artisanat ; et oui, ils donnent une aide marginale aux marginés, mais ce n’est pas la question. La question est que les indigènes rebelles du Chiapas ont cessé d’attendre que quelqu’un vienne « les aider », et même si elles ont eu peur de le faire sans argent, avec des maladies, mal nourris, avec une « éducation » inexistante ou, pire, mauvaise, avec des ennemis violents autour –les nouveaux et anciens propriétaires des plantations voisines et leurs paramilitaires, chefs politiques, police et militaires-. D’une certaine façon, dans cette conversation massive commencée dans un petit groupe qui s’est étendue pour inclure des centaines de milliers, chacun a commencé à aider l’autre su lieu d’attendre qu’on vienne l’aider.
Idem avec la tempête tropicale Stan (18 Septembre 2005), qui a causé des graves écroulements, détruit des champs de maïs, tout comme Wilma et Emily ici a Kanxoc, laissant les chemins et les ponts impraticables, et les communautés zapatistes coupées du reste du monde, affamées et déprotégées face au froid qui est arrivé plus tard. Et même alors, les rebelles ont organisé ses efforts d’assistance indépendants aux gouvernements, une campagne d’aide « d’en bas à gauche », au lieu d’attendre que quelqu’un arrive.
Et aujourd’hui, la vie s’améliore dans ces endroits. Et aujourd’hui, les gens contrôlent leurs vies. Et aujourd’hui, les gens –les gens maya comme les gens de Kanxoc- refusent l’aide du gouvernement, mais leurs vies vont considérablement mieux. C’est un endroit où personne cherche de « l’aide », mais plutôt s’entreaider dans leur autonomie et, en même temps, ils aident le monde entier à trouver un chemin hors de ce système inhumain qui prend de tout ce qu’il peut à nous qui sommes encore humains.
Et là, dans l’obscurité méditative du cénote de San Joaquin, il n’y a pas d’aide, pas d’Etat, pas de système, mais il y a un silence qui parle… non, il chuchote… peut être comme la Croix Parlante qui avait provoqué la Guerre de Castes il y a tant d’années… cette voix chuchote… « liberté… justice… démocratie… »
Dans un certain endroit du fond de cette grotte, ces frais cénote, il y a quelque chose qui fait signe. Une pensée, peut être, un rêve… qui finalement peut venir avec l’absurde mais l’irrésistible rêve qui chuchote que personne n’a besoin de venir… qu’il n’y a pas d’Etat, pas de pouvoir plus haut, personne pour « aider ». Mais il y a encore la main de l’homme et de la femme, prête pour faire des miracles.
Et peut être un jour, peut être un jours proche, quelqu’un puisse venir démontrer que personne n’a besoin de venir. Peut être. Mais c’est peut être seulement une rêverie diurne dans une journée chaleureuse calmée par l’eau froide du cénote de San Joaquin, dans la Basse-Terre nommée Kanxoc, Yucatan, où les gens simples et humbles luttent encore et toujours.
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