The Narco News Bulletin

August 15, 2018 | Issue #40  
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Ya Basta à San Blas, Oaxaca

Treize mois après la prise de l'Hôtel de Ville par les citoyens, le Sous-Commandant Zapatiste visite cette mairie autonome

Par Michael Kummer
L'Autre Journalisme avec l'Autre Campagne dans l'Oaxaca, Mexique

6 février 2006
This report appears on the internet at http://www.narconews.com/Issue40/article1592.html

Fatigués d'une douzaine d'années sous le gouvernement d'un seul parti contrôlé par Agustina Acevedo Gutiérrez, les gens de San Blas Atempa (Oaxaca) l'ont chassée de l'Hôtel de Ville à coups de pierres, bâtons et feu, le 1er. Janvier 2005.

Aujourd'hui, treize mois après, l'Hôtel de Ville reste sous le contrôle des rebelles pendant que l'administration officielle - qui reçoit toujours le budget fédéral et étatique- travaille dans l'exil, dans un autre immeuble, avec sa chef politique devenue députée de l'état d'Oaxaca dans sa tentative de reprendre le pouvoir local.

Dans cette situation volatile, le Sous-Commandant Zapatiste Marcos arrivera ce lundi soir, 6 février, suite à l'invitation des gens qui luttent à San Blas Atempa.


Voitures brûlées pendant le soulèvement de l'année dernière à San Blas Atempa.Photo: D.R. 2006 Annie P. Warren
Le Jour de l'An 2005, les citoyens de San Blas Atempa « se sont réveillés avec ses pierres ». Le maire successeur choisi par Acevedo était sur le point de s'installer, c'est pourquoi cette femme, connue comme « La tina aguada » (en langue zapotèque, « tina » veut dire « étranger », ce qui fait un jeu de mots avec l'espagnol, très commun dans ces terres, ce qui donne en français quelque chose comme « la baignoire/étrangère noyée ») avait décidé d'aller à l'Hôtel de Ville dans sa dernière nuit comme Maire.

Le lendemain matin, elle est apparue au balcon pour donner un arrogant spectacle de pouvoir. Les habitants dissent qu'elle avait sorti la langue pour se moquer de la foule enragée. En effet, pour que son serviteur devienne Maire, Acevedo avait passé outre les lois électorales : elle a simplement promulgué un édit, à travers une « assemblée publique » dans laquelle -personne n'a oublié- la police à ses ordres n'avait laissé entrer que des sympathisants, laissant tous ses détracteurs dehors.

La première pluie de pierres et de briques est arrivée sur le balcon, tandis que la chef politique connue comme Tina se moquait du public. Alors ses forces de sécurité -armées avec des fusils AK-47- ont tiré sur la foule. Quatre personnes blessées par balle et l'homme qui les a amenés à l'hôpital ont été arrêtés ensuite et demeurent toujours des prisonniers politiques.


Femmes de San Blas.

Photo: D.R. 2006 Annie P. Warren
Les gens ont répondu tout de suite. Ils ont brûlé les voitures des fonctionnaires de la « Tina » qui étaient garées autour le palais. Après, quelques uns ont mis de l'essence sur le sol de l'immeuble. Les flammes ont monté l'escalier vers la chef politique (une source a expliqué à l'Autre Journalisme : « Elle a fuit, avec de l'essence sur ses vêtements et sur ses cheveux, après avoir priée pour sa vie. Les paysans lui avaient dit qu'ils allaient la brûler vivante. Après ils ont affirmé ne pas avoir des allumettes, et l'ont laissée s'échapper »).

Ce soir de violences, L'Hôtel de Ville fût transformé en « Municipalité Autonome, le même nom qui utilisent les zapatistes de Chiapas est utilisé aujourd'hui par les paysans de San Blas Atempa (17 habitants) pour décrire un gouvernement local qui peut gouverner même sans avoir des fonds du gouvernement : « Nous avons lutté pour la reconnaissance à plusieurs niveaux, mais nos demandes ont été refusées », avait raconté le docteur Francisco Salud Acevedo lors de la visite de l'Autre Journalisme à ce village, le 4 février dernier. Il est l'un des 72 citoyens de San Blas qui porte sur les épaules un mandat d'arrêt depuis la prise d'assaut de l'Hôtel de Ville.

« Nous avons essayé de trouver de l'aide à niveau régional et de l'état », dit le docteur Salud, « mais personne ne nous a écoutés ».

En attendant, ce sont les citoyens qui veillent à la sécurité du palais et d'eux-mêmes. « Chacun d'entre nous donne ce qu'il peut, et vient autant qu'il peut », avait expliqué un paysan interrogé dans son tour de garde.


Intérieur de l'Hôtel de Ville de San Blas Atempa.
Photo: D.R. 2006 Annie P. Warren
« Madame Agustina Acevedo Gutiérrez nous payait 500 pesos pour adhérer à son parti et pour voter pour elle. Longtemps après, nous en avions assez, et nous avons commencé à voter par le candidat qui nous plaisait le plus », explique une dame interviewé dans un marché local. « Les meetings électoraux du docteur Salud avaient trois ou quatre fois plus de gens que ceux de madame Agustina Acevedo Gutiérrez. Mais elle était tellement désespérée pour gagner, qu'elle a probablement brûlé ou caché nos votes, pour que son candidat gagne ».

Les prisonniers politiques encore en prison sont : Alfredo Jiménez Henestrosa, Feliciano Jiménez López, Jorge Reyes Ramírez et Roberto Ortiz Acevedo. « Ils ont été amenés à l'hôpital à Salina Cruz puis à un autre hôpital dans la ville d'Oaxaca. Après ils les ont mis dans la prison de Tehuantepec. José Luis Sánchez, notre camarada qui les accompagnait, fût aussi incarcéré », dit un proche de l'un des prisonniers politiques.

« Heureusement nous l'avons pas tué », dit une femme habillée avec le traditionnel huipil zapotèque, « parce nous serions devenus des assassins. Nous ne sommes pas des assassins, nous sommes seulement des gens simples qui exigeons nos droits ».

Quelques heures avant l'arrivée du Sous-Commandant Marcos, l'Autre Journalisme a publié la parole des forces rebelles de San Blas Atempa, directement et sans censure, le texte des paroles de la Municipalité Autonome Populaire voici le texte en anglais, en espagno et en italien.

A suivre...



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