The Narco News Bulletin

August 15, 2018 | Issue #61  
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Le gouvernement de l'Etat de Chiapas veut coller un arsenal de trafiquants de stupéfiants à un leader paysan

Des communiqués de presse contradictoires jettent un doute sur des déclarations gouvernementales

Par Kristin Bricker
Via the Narcosphere

24 octobre 2009
This report appears on the internet at http://www.narconews.com/Issue61/article3902.html

Le 16 octobre dernier, la Police fédérale mexicaine a transféré le leader paysan du Chiapas Jose Manuel « Don Chema » Hernandez Martinez vers une prison fédérale de haute sécurité de Nayarit, à 26 heures de son domicile. Don Chema est un leader de l'Organisation paysanne Emiliano Zapata (OCEZ). Le gouvernement déclare qu'il l'a transféré « pour sa propre sécurité ».

Le gouvernement déclare qu'il a découvert le 9 octobre un énorme arsenal - soi-disant la plus grand saisie d'armes dans l'histoire du Chiapas et la plus grand saisie d'armes de tout le pays pour cette année. Le gouvernement de l'Etat du Chiapas dit dans son communiqué de presse que « d'après les déclarations des détenus au cours de l'opération, l'arsenal serait lié à José Manuel Hernandez Martinez ».

Le communiqué de presse en date du 18 octobre prétend justifier le transfert de Don Chema à la prison fédérale de haute sécurité « pour sa propre sécurité ». Le communiqué de presse poursuit : « on a découvert que des gens appartenant à l'organisation où milite Jose Manuel Martinez, voulaient porter atteinte à son intégrité physique afin qu'il ne puisse révéler aux autorités l'arsenal ». La famille de Don Chema n'était pas au courrant de ces menaces ; ils ont dénoncé son transfert comme une manœuvre de la part du gouvernement pour l'isoler de sa famille, de son avocat et de sa base de soutien politique.

Le 12 octobre, le gouvernement du Chiapas a diffusé un communiqué de presse concernant la saisie des armes. Le communiqué de presse expliquait comment le gouvernement avait arrêté trois personnes qui l'avaient ensuite conduit aux armes. Les trois hommes sont : Juan Rocha Flores de Reynosa, Tamaulipas et Joel Diaz Gonzalez et Silvero Osorio Lopez de Huimanguillo, Tabasco. D'après les communiqués de presse, tous dirent qu'ils faisaient partie d'une organisation criminelle de la région » ; un des hommes dit « appartenir à une organisation appelée OCEZ ou OPEZ qui utilise les luttes sociales comme paravent ». Le communiqué de presse ne mentionne pas spécifiquement Don Chema ; le communiqué mentionné au début qui justifié le transfert de Don Chema à Nayarit fait explicitement le rapprochement entre le stock d'armes et Don Chema.

Le 13 octobre, le Procureur Generali de Justice de l'Etat (PGR) a déclaré dans un communiqué de presse que le gouvernement du Chiapas avait placé en garde à vue les trois hommes en question à la prison fédérale pour les traduire en justice. Le communiqué de presse du PGR déclare que les trois hommes ont admis qu'ils étaient des hommes de mains et des « halcones » (force d'élite) des Zetas, l'armée privée du cartel du Golf qui travaille occasionnellement avec l'organisation de trafic de drogues des frères Beltran Leyva. Le communiqué de presse du PGR ne mentionne ni l'OCEZ, ni l'OPEZ, ni Don Chema. A son tour, le communiqué de presse antérieur du gouvernement de Chiapas ne fait pas mention de Los Zetas.

Les contradictions l'emportent sur la cohérence

Les trois communiqués de presse (deux du gouvernement du Chiapas et un du PGR) comportent une série d'incohérences qui jettent l'ombre d'un doute sur leurs déclarations, notamment la prétendue preuve qui incrimine Don Chema et l'OCEZ.
L'incohérence des communiqués de presse commence au moment où les hommes sont détenus. Le communiqué du PGR rapporte que la Police préventive de l'Etat (PEP) a arrêté les hommes à un poste de contrôle. D'après la PGR, les hommes ont essayé d'éviter le poste de contrôle. Le communiqué du Chiapas déclare que les hommes ont été arrêtés pour un contrôle de routine (qui pouvait être le poste de contrôle mentionné par le PGR mais le texte est trop vague pour en être sûr) sur la route qui relie les villes de Frontera Comalapa et Comitan. Et c'est là le problème : la route de Frontera Comalapa-Comitan est une route fédérale. La police de l'Etat n'a aucune autorité sur les routes fédérales ; seul la police fédérale et les soldats en ont. La police de l'Etat ne peut procéder à des arrestations sur les routes fédérales à moins qu'elles ne participent à une opération conjointe avec la police fédérale (aucun des trois communiqués ne fait allusion à une opération conjointe sur l'autoroute à ce moment). Et la police de l'Etat ne peut évidemment pas mettre en place des postes de contrôle sur une route fédérale. Alors pourquoi le communiqué du gouvernement dit-il que la police de l'Etat a stoppé les hommes à un poste de contrôle sur la route fédérale ?

Les raisons avancées par les communiqués pour expliquer pourquoi les hommes ont été arrêtés sont également contradictoires. Le communiqué du Chiapas déclare : « pendant un contrôle de routine, alors qu'ils roulaient à bord d'un pick-up Ram Chrysler gris à double cabine sur l'autoroute reliant Frontera Comalapa à Comitan de Dominguez, les hommes ont répondu nerveusement et essayé de soudoyer les officiers de police. » Le communiqué du PGR déclare que les hommes ont carrément essayé d'éviter le barrage de l'autoroute.

Encore plus intéressant, aucun des communiqués ne déclare que les hommes avaient des objets de contrebande avec eux au moment de leur détention. Donc à part la tentative de soudoyer qui a pu ou pas avoir lieu, il semble que la police qui les a arrêtés n'avait aucune preuve contre eux. La question se pose donc : pourquoi les hommes auraient essayé de soudoyer la police s'ils n'avaient pas d'objet de contrebande dans le véhicule ?

Les organisations

Une des contradictions les plus frappantes des trois communiqués est l'information même qui incrimine directement Don Chema et l'OCEZ : les témoignages des trois détenus disant pour qui ils travaillent. Le communiqué » du Chiapas déclare que les trois suspects ont dit à la police qu'ils étaient membres de l' « OCEZ ou OPEZ ». C'est très étrange que les détenus ne soient pas très sûrs de l'organisation à laquelle ils appartiennent. Ce qui est encore plus étrange c'est que les deux organisations auxquelles ils disent appartenir : l'Organisation prolétaire Emiliano Zapata (OPEZ) s'est séparée de l'OCEZ il y a des années et les deux organisations et leurs membres ne s'entendent pas du tout. Il est fort improbable de superposer l'appartenance aux deux organisations.

L'appartenance des hommes à l'OCEZ est même questionnable quand on considère d'où sont ces hommes. D'après le gouvernement de Chiapas, les hommes sont de Tabasco et Tamaulipas, non de Chiapas. L'appellation complète de l'OCEZ de Don Chema est l'Organisation paysanne Emiliano Zapata - région Carranza (OCEZ-RC). « Région Carranza » a été ajouté au nom pour les distinguer d'autres organisations du Chiapas qui s'appellent aussi OCEZ. « Région Carranza » renvoie à la municipalité du Chiapas où est située l'organisation. En d'autres termes, le nom d' « OCEZ » renvoie non seulement à une organisation du Chiapas, mais aussi l'OCEZ-RC de Don Chema est une organisation qui existe dans une municipalité particulière du Chiapas. Il est improbable que l'OCEZ-RC ait des adhérents du Tabasco et encore plus improbable que l'OCEZ-RC ait des adhérents du Tamaulipas situé à l'autre extrémité du pays. Les membres de l'OCEZ de Don Chema proviennent de communautés de la municipalité de Carranza, Chiapas.

Soi-disant, deux des trois hommes auraient dit aussi à la police qu'ils avaient été un mois au Guatemala pour recevoir un entraînement Kaibile. Les Kaibiles sont des soldats d'élite guatémaltèques, vestiges de la sale guerre dans ce pays. Ils ont la réputation d'être des monstres inhumains ; dans leur entraînement, soi-disant, ils doivent arracher avec la bouche la tête de poulets vivants. Les Kaibiles ont une histoire de répression des organisations paysannes insurgées, et non de leur entraînement. Le gouvernement mexicain affirme que de nombreux kaibiles se sont alliés aux organisations mexicaines de trafic de stupéfiants (DTOs) et qu'ils entraînent leurs hommes de main et leurs armées privées.

D'après le gouvernement, ces deux hommes ont témoigné que le diocèse de San Cristobal de las Casas, Chiapas les ont mis en contact avec les kaibiles. Depuis que Don Samuel Ruiz, défenseur les droits des indigènes et président du Centre des droits humains Fray Bartolomé de las Casas, a été évêque du diocèse de San Cristobal pendant le soulèvement zapatiste de 1994, le diocèse a eu une forte orientation vers la théologie de libération. En tant que tel, Frayba et le diocèse de San Cristobal ont été la fréquente cible des campagnes de harcèlement et de diffamation de la part du gouvernement. De plus, pendant la guerre sale du Guatemala, les kaibiles et d'autres forces de sécurité au Guatemala étaient connus pour réprimer et assassiner les théologiens et catéchistes libérateurs et non pour les entraîner.

Mais pourquoi ces trois hommes accuseraient-ils des organisations paysannes et religieuses locales qu'ils ne semblent même pas connaître vaguement? La réponse pourrait résider dans le programme de protection accordée aux témoins au Mexique : les fonctionnaires mexicains accordent aux suspects détenus le statut de témoins protégés ce qui peut conduire à la réduction ou à l'annulation de leurs accusations s'ils acceptent de témoigner contre des cibles beaucoup plus importantes, dans ce cas, ce pourrait être Don Chema, l'OCEZ et le diocèse de San Cristobal. Cela aurait pu être le cas de ces trois hommes : d'une façon très inhabituelle, le communiqué du gouvernement de Chiapas concernant l'arrestation des hommes et leur prétendu arsenal ne présente que les photos des armes : les photos des trois détenus ne sont pas jointes au communiqué. Généralement le gouvernement préfère exposer les détenus devant leur arsenal saisi pour la presse. Compte tenu que cette saisie d'armes est la plus grande de l'histoire du Chiapas et la plus grande du pays pour cette année jusqu'ici, on pourrait penser que le gouvernement voudrait donner à la presse une photo des hommes qui les ont soi-disant conduit à cet arsenal historique.

A la différence du communiqué du gouvernement du Chiapas, le communiqué du PGR concernant les mêmes hommes et le même arsenal dit que les trois hommes ont admis faire partie des Zetas. Curieusement, le communiqué du PGR ne mentionne rien au sujet d' « une organisation qui utilise les 'luttes sociales 'comme paravent », ni de l'OCEZ, ni l'OPEZ. Cependant le communiqué du PGR déclare bien que les hommes ont avoué au Bureau du procureur général de la République adjoint chargé des enquêtes spéciales sur le crime organisé (SIEDO) qu'ils avaient travaillé comme hommes de main et « halcones » pour Les Zetas. S'il faut croire le PGR, il semble que ce sont là des informations importantes que le gouvernement de Chiapas ait du prendre en compte pour ses propres communiqués de presse. Pourquoi le gouvernement de Chiapas a-t-il alors négligé cette information importante et a-t-il choisi à la place de mettre l'accent sur le rapprochement qu'il fait entre Don Chema, l'OCEZ et la saisie historique de l'arsenal ?

L'arsenal

D'après le gouvernement du Chiapas, pendant l'interrogatoire, les détenus ont révélé aux autorités l'endroit où se trouvait la maison recelant les armes. Le gouvernement du Chiapas y a trouvé le plus grand stock d'armes de l'histoire du Chiapas. Cependant l'arsenal même met en question la véracité des déclarations gouvernementales.

Le gouvernement du Chiapas rapporte qu'il n'y a pas eu d'arrestation dans le ranche où l'arsenal a été découvert - il y a trouvé des armes et des animaux mais aucune personne. Autrement dit le gouvernement du Chiapas veut nous faire croire que l'arsenal le plus grand de l'histoire du Chiapas était resté sans surveillance.

L'arsenal a été découvert à Frontera Comalapa qui est situé à cinq heures de distance environ de la région de Carranza où est basé l'OCEZ-RC. Il est inimaginable que les principales organisations de trafic de stupéfiants qui, de part leurs immenses ressources financières sont manifestement mieux armées que le gouvernement mexicain même, aient un stock d'armes de cette envergure entreposé dans une maison. Cependant il est peu probable qu'une pauvre organisation paysanne dont les membres habitent dans de petites maisons de bloques de ciment cachent un arsenal d'armes de cette ampleur si loin de sa base d'opération - après tout, les armes sont inutiles si elles se trouvent à cinq heures de route de la base. De plus les armes nécessitent un entretien et un nettoyage de routine : chose qu'une organisation paysanne insurgée peut faire si ses armes sont dispersées et cachées entre ses membres mais une maintenance régulière serait beaucoup plus difficile si la plus grande partie des armes étaient entreposées dans un ranche abandonné à cinq heures de distance de sa communauté.

Les organisations paysannes sont, par définition, trop pauvres pour posséder une grande quantité d'armement entreposé à des heures de distance de leur base. Exemple concret : pendant le soulèvement zapatiste de 1994, bon nombre d'indigènes de l'armée zapatiste de libération nationale (EZLN) étaient armés de bâtons au lieu d'armes à feu. C'est parce que beaucoup de paysans indigènes, les plus pauvres des pauvres mexicains, ne pouvaient pas se permettre le luxe d'acheter d'arme, même si cela signifiait la différence entre la vie et la mort. Par exemple, dans la vidéo ci-dessous, sur le soulèvement de 1994, aux minutes 1 :28, 2 :09 et 2 :32, on peut voir comment les soldats du EZLN étaient armés de bâtons ou complètement désarmés. Ceux qui sont armés portent des armes obsolètes. On peut voir un soldat du EZLN tenant une bombe de gaz lacrymogène comme seule arme.





L'arsenal typique d'une armée de paysans n'a rien à voir avec le soi-disant stock trouvé dans le ranche de Frontera Comalapa . En plus des 306 munitions de mortier, des 22 rockettes de fusil antipersonnel (RPGs) et des huit mines, la police du Chiapas a soi-disant trouvé neuf véhicules et deux chevaux de course. Des paysans dont les leaders vivent dans des maisons de deux pièces en bloques de ciment (comme c'est le cas de Don Chema) garderaient leurs véhicules près de chez eux pour s'en servir tous les jours plutôt que d'en laisser une flotte garée dans un ranche abandonné. De même la majorité des paysans ne sont pas propriétaires de chevaux de course ; ils utilisent des bêtes de charge.

Le gouvernement du Chiapas rapporte aussi qu'il a récupéré dans le ranche un pistolet avec des incrustations précieuses. Tandis qu'il ne montre pas le pistolet sur les photos parues dans la presse, il est visible un autre pistolet qui semble muni d'un manche d'or et d'ivoire. Les pistolets avec des incrustations de pierres précieuses et d'or ne sont pas disponibles en rayon. Ils doivent être commandés spécialement et sont très chers. Ce style de pistolet est très populaire entre les trafiquants de drogues riches et haut placés, ce qui a conduit à surnommer ces pistolets avec incrustations d'or et de pierres précieuses « narco-bling ». Avec cette saisie d'armes historique, c'est la première fois que le gouvernement du Chiapas essaie de convaincre le public que de pauvres organisations paysannes insurgées peuvent aussi être en possession de « narco-bling ». L'existence de ces armes met en question la véracité des déclarations du gouvernement étant donné, qu'à la différence des organisations de trafic de stupéfiants, les organisations paysannes insurgées ont beaucoup de difficulté à armer tous leurs membres.. Si par un coup de chance une organisation de guérilla paysanne tombait sur un pistolet avec incrustation d'or et de pierres précieuses (par exemple lors d'une confrontation avec des trafiquants de stupéfiants), ils seraient plus enclins à démonter l'or et les pierres précieuses de l'arme pour les vendre et ainsi pouvoir acheter plus d'armes.

De même la police rapporte qu'un des véhicules récupéré du ranche était blindé. C'est très commun de voir les trafiquants de drogue rouler en voitures blindées ; les paysans ont rarement assez d'argent pour s'acheter une voiture pas chère, sans parler de voiture blindée.

La police rapporte aussi qu'elle a découvert une remorque dans le ranche de Frontera Comalapa. La communauté de l'OCEZ du 28 Juin où habite Don Chema est située à 3 km de la route pavée la plus proche. Que ferait-il avec une remorque dans la communauté? Elle se renverserait s'ils essayaient de l'amener dans leur communauté.

Bien que la police dise qu'elle a récupéré des munitions et des RPGs dans le ranche, aucun lance-grenades n'apparaît sur les photos ni sur la liste gouvernementale des armes récupérées. Qui possèderait des grenades sans les armes pour les lancer ?

De plus les photos du gouvernement du Chiapas de l'arsenal montrent huit radios portables. Trois des radios semblent toutes neuves ; elles ont encore leur film de protection plastique sur les écrans. Tous les câbles qui apparaissent avec les radios sont tout neufs ; certains apparaissent dans leur emballage usine d'origine tandis qu'à d'autres manquent la saleté et la poussière qu'aurait une radio installée dans un véhicule. Une grand partie de la municipalité de Carranza n'a pas de couverture pour portable. Plutôt que de laisser des radios portables toutes neuves dans un ranche abandonné à cinq heures de distance, les membres de l'OCEZ ne l'utiliseraient-ils pas mieux pour leur communication quotidienne ?

L'emplacement

L'emplacement de l'arsenal met aussi en question les déclarations du gouvernement de Chiapas stipulant que les armes appartiennent à l'OCEZ. Frontera Comalapa, comme il est dit auparavant, se trouve à cinq heures de distance de la municipalité de Carranza où est basée la faction de l'OCEZ de Don Chema..

Frontera Comalapa n'est pas connu pour ses activités de guérilla. Avec cette saisie d'armes, si elle a existé, ce serait la première fois que le gouvernement mexicain déclare publiquement qu'il a découvert des activités rebelles dans cette zone. Cependant il ne s'agit pas de la première saisie d'armes à Frontera Comalapa.

Frontera Comalapa, comme son nom l'indique, est situé à la frontière entre Chiapas et Guatemala. Cette région frontière est la première route terrestre des trafiquants de drogues pour introduire de la drogue au Mexique. Cette zone est sensée être contrôlée par Les Zetas.

Le gouvernement mexicain et la presse ont signalé à plusieurs reprises la présence des Zetas et les activités de trafic de drogues à Frontera Comalapa et dans les environs.

Le 15 octobre, tout juste trois jours après que le gouvernement de Chiapas ait publié son communiqué de presse au sujet de l'arsenal attribué à la OCEZ, l'armée mexicaine saisissait 40,66 kg de cocaïne à Frontera Comalapa.

En juillet dernier, le gouvernement du Chiapas signalait que les présumés Zetas avait attaqué la police de l'Etat avec des armes à feu et des grenades à Frontera Comalapa en représailles de l'arrestation d'un leader de Los Zetas au Chiapas.

Et juste l'année dernière, le gouvernement du Chiapas signalait la saisie d'un autre arsenal historique à Frontera Comalapa. Cet arsenal contenait le plus grand nombre de grenades saisies jusqu'alors. Le gouvernement de l'Etat du Chiapas a attribué cet arsenal au crime organisé, non à des insurgés locaux.

Des accusations fragiles conduisent à des résultats utiles

Frontera Comalapa est un territoire de trafic de drogues et non de soulèvement. L'arsenal contient des éléments qu'une armée de guérilla paysanne n'aurait guère de chance de posséder ou n'entreposerait pas. L'immense arsenal et les deux chevaux de course (qui exigent eau et nourriture) étaient sans surveillance. Les gouvernements fédéral et de l'Etat ne sont pas d'accord quant aux circonstances de l'arrestation des hommes et de leurs prétendues affiliations à une organisation. Le PGR, responsable du procès judiciaire des hommes, affirme que les détenus sont des Zetas et non des insurgés. Ça sent mauvais!

Mais pourquoi le gouvernement de l'Etat de Chiapas a recours à de telles extrémités pour faire le rapprochement entre Don Chema et l'OCEZ et l'arsenal si cette histoire contient tant de blancs et d'incohérences ?

Le gouvernement du Chiapas a déclenché une campagne de répression légale contre l'OCEZ sans précédent et aussi fragiles que les accusations puissent être, elles atteignent leur but. L'arsenal a fourni au gouvernement la justification pour transférer Don Chema, prisonnier d'Etat et principal leader de l'OCEZ, vers une prison de haute sécurité située à l'autre bout du pays. Et ce matin même, des officiers de police non identifiés ont forcé les domiciles de Rocelio de la Cruz Gonzáles et de José Manuel de la Torre Hernández, deux autres leaders de l'OCEZ, et les ont kidnappés. Etant donné que les officiers de police ne présentaient pas d'ordre d'arrestation lorsqu'ils les ont emmenés, on ne sait pas quelles seront les charges que le gouvernement imputera contre eux.

Une chose est certaine : avec l'année 2010 - centenaire et bicentenaire des deux révolutions mexicaines - qui s'approchent à grand pas, le gouvernement mexicain commence avec ses attaques préventives contre l'opposition.


Traduction en français : madelon



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