The Narco News Bulletin |
August 15, 2018 | Issue #45 |
narconews.com - Reporting on the Drug War and Democracy from Latin America |
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Dix commandant(e)s de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) se trouvent en ce moment dans trois états du nord-ouest du Mexique : la Basse-Californie, la Basse-Californie du Sud et le Sonora.
Vous avez bien lu, dix commandant(e)s, cinq femmes et cinq hommes indigènes, du Comité clandestin révolutionnaire indigène-Commandement général de l'EZLN, les mêmes qui, après de longues consultations auprès de milliers d'insurgés et des bases zapatistes, ont donné l'ordre, le 1er janvier 1994, de débuter la guerre contre le gouvernement suprême pour le destituer, gouvernement dirigé à l'époque par Carlos Salinas de Gortari. Ce fut la Première Déclaration de la forêt Lacandone.
À partir de ce moment-là, le mouvement indigène commença à gagner le respect national, devenant l'avant-garde de la lutte pour la défense de l'humanité et contre le néolibéralisme qui menace l'existence même de la Terre.
Au Mexique, avec la lutte zapatiste et celle du peuple mexicain, le système s'est vu contraint de changer les lois et, bien qu'il n'ait pas abandonné le système néolibéral, il risque d'être supplanté et de voir détruire sa structure de pouvoir qui bénéficie à une oligarchie despotique dirigée par des monopoles multimillionnaires - Carso, Cemex, Televisa, Gruma, etc. - qui sont en compétition avec les monopoles transnationaux mondiaux.
En dépit de tout ceci, les médias - télévision, radio et presse - de Basse-Californie et du Sonora, au service du pouvoir économique et politique de manière inouïe, ont créé un silence informatif et, au lieu d'accomplir leur devoir d'information sur les problèmes des communautés indigènes, la destruction des ressources naturelles, l'accaparement et la dépossession des terres, se sont prêtés au dénigrement et au détournement de l'information.
Le commandant David, le commandant Tacho, la commandante Susana, la commandante Yolanda, la commandante Sandra, le commandant Emiliano, la commandante Eucaria, la commandante Kelly, le commandant Eduardo, la commandante Dalia, le commandant Guillermo et le sous-commandant Marcos viennent en tant que délégués de la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone, émise en juin 2005, pour sa deuxième phase. Lors de la première phase, le délégué Zéro (Marcos) a été envoyé pour parcourir le pays afin d'écouter les douleurs et les luttes du peuple du Mexique, portant la parole de l'EZLN et du mouvement anticapitaliste formé par des organisations politiques et civiles de gauche.
Cet exercice de lutte se nomme l'Autre Campagne. Son objectif est de construire un programme national de lutte qui exprime les demandes et les luttes sociales, indigènes, paysannes, ouvrières, de femmes, d'anciens, d'enfants, de défense des droits humains et des secteurs marginalisés par le capitalisme. Et de construire un autre Mexique, un autre Sonora, un autre futur.
Dans cette deuxième phase de l'Autre Campagne, les délégués de la commission Sexta travailleront avec les communautés indigènes et avec les communautés rurales et urbaines du nord mexicain jusqu'au mois de mai 2007, générant une organisation pour l'unité et la lutte avec le centre et le sud du pays.
C'est une lutte pacifique et civile au Sonora et en Basse-Californie dans laquelle sont impliqués des membres des peuples indigènes Cucapá, Kilihua, Pápago, Od'ham, Yaqui, Mayo, Pima, des paysans, des travailleurs, des universitaires, des femmes, des migrants, des intellectuels, etc.
Le travail a débuté à El Mayor, communauté cucapá où le gouvernement a interdit les indigènes de pêche ; en avril 2005, on leur a confisqué leur matériel de pêche, avec l'armée les doigts sur la gâchette, leur quittant leur permis de pêche.
Au Sonora, la dépossession des Seris, des Yaquis, des Mayos et des Pimas est à l'ordre du jour. L'ambition du gouvernement de l'état à vendre le littoral du golfe de Californie et de l'île de Tiburón à des millionnaires nationaux et étrangers ; le caciquisme de quelques Yaquis aidés par le gouvernement tandis que la grande majorité des Yoemes souffre de faim et de malnutrition ; la dépossession des indigènes mayos par les grands monopolisateurs de terres et la répression de la communauté pima sont éloquents, joints à l'extrême marginalisation de plus d'un million de personnes des communautés rurales et des quartiers populaires qui gagnent moins de deux salaires minimums journaliers, alors que les affaires des capitalistes régionaux engraissent au même titre que la zone de terrain fertile pour l'investissement touristique, transnational et des maquiladoras [usines de sous-traitance et d'assemblage pour l'exportation, exonérées de taxe professionnelle, d'impôts locaux, de TVA, de taxes à l'importation des matières premières et garanties de libre rapatriement des capitaux et des bénéfices].
Tous ces éléments sont suffisants pour justifier la présence du commandement zapatiste dans la région, commandement qui se liera avec l'essence de l'être sonorense [du Sonora] de la révolte, de l'identité et du progrès, et qui n'est pas celui dont les riches s'enorgueillissent fait de carton-pâte et de mensonge.
La commission Sexta est arrivée chez nous, le comité de l'Autre Campagne de Cajeme, samedi dernier 7 avril, sur sa route vers El Mayor, à Mexicali, nous les avons reçus avec fraternité, et nous, près de quinze compañeros et compañeras, avons pris en charge leur logement et leur sécurité. Les commandants et commandantes, personnes de grande dignité et humilité, nous ont quittés avec une gratitude qui restera dans notre mémoire et nos cœurs.
L'Autre Campagne va produire des fruits dans la conscience du peuple de Sonora, nous les aurons bientôt.