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Narco News Issue #42

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Une offense au peuple de Oaxaca

Une chronique de la bataille du 25 novembre


Par Nancy Davies
Commentaire depuis Oaxaca

27 novembre 2006

Le sang sur les trottoirs avait à peine eu le temps de sécher et les éboueurs tout juste le temps d’éliminer les restes de cendres et de verre cassé que l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO) appelait à son prochain meeting dimanche matin, le jour où Ulises Ruiz déclarait que le combat était fini.


Photo: D.R. 2006 John Gibler
Samedi, le centre historique s’est vu transformé en champ de bataille où les oaxaqueniens ont affronté les forces de police fédérale, municipale et d’état, plus un nombre inconnu de loyalistes du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) en civil. Selon un article de Noticias du 25 novembre, repris par La Jornada, plus de 200 agents de la police judiciaire (Policia Ministerial de la Procaduria General de Justicia de Oaxaca, PGJO) à Oaxaca sont plus ou moins « hors contrôle ». Ce sont les responsables présumés de la vague d’arrestations de membres de l’APPO et d’autres organisations qui s’opposent à Ulises Ruiz. Ils sont sous les ordres du gouvernement du Oaxaca.

Les sources, avance Noticias, indiquent que le gouvernement fédéral a seulement sous son contrôle la police municipale et celle de l’état mais pas les agents de la police judiciaire affectés à la ville de Oaxaca. Ainsi, la possibilité que la violence ait été commise par ces derniers lors de la marche de samedi 18 novembre n’est pas exclue.

Les enquêteurs du gouvernement fédéral sont d’accord sur l’état d’ingouvernabilité à Oaxaca qui « ne peut pas être résolu par des actions de police mais seulement en obtenant et en appliquant la justice, le développement social, les infrastructures et l’éducation. Mais en ce moment, les conditions et les capacités pour les réaliser ne sont pas réunies car les revendications de justice sociale de l’APPO et des organisations qui la composent ont été entièrement validées. »

Dimanche matin, dans le silence assourdissant qui résultait de la nuit précédente, le gouverneur lançait un appel à un rassemblement de soutien au parc Llano. Sous les hélicoptères qui tournoyaient dans le ciel, près de 200 personnes sont sorties pour célébrer sa « victoire ». Une victoire qui comprend, selon son gouvernement, 149 arrestations. Selon La Jornada, il y aurait 38 blessés et possiblement trois morts. Ceux qui ont arrêtés à Oaxaca ont été systématiquement torturés selon Human Rights Network. Le nombre de disparus est flou. Celui des voitures brûlées dépasse la douzaine. Et parmi les bâtiments brûlés, on compte les bureaux des Relations Extérieures (Immigration) situés rue Pino Suarez et le Tribunal Supérieur de Justice avenue Juarez.


Photo: D.R. 2006 John Gibler
Les affrontements ont éclaté en différents points de la ville après une marche pacifique partant des bâtiments municipaux de Santa Maria Coyotepec jusqu’au centre historique. L’APPO a annoncé qu’à cause des risques de violence, plus de 200 de leurs conseillers d’état allaient faire office de bouclier humain pour la sécurité durant la marche elle-même. Le but de cette marche était d’exiger le départ du gouverneur Ulises Ruiz et le retrait des forces fédérales de l’état.

Le plan de l’APPO d’encercler la PFP (Police Fédérale Préventive) occupant le zocalo (place centrale) a été mis en œuvre vers 17h, les partisans de l’APPO se tenant une rue ou deux avant les lignes de la PFP. Les tireurs de la PFP étaient stationnés sur des toits « amis » et, pendant la journée, les sacs de toute personne voulant entrer sur le zocalo étaient fouillés. Certaines entrées étaient purement et simplement fermées aux piétons.

Aux alentours de 17h, la PFP a commencé à réagir aux manifestants. A mon avis, certains jeunes présents voulaient aller au-delà des insultes verbales et attaquer la PFP afin de les faire quitter le zocalo. De plus, il n’y a aucun doute que certains de ces protagonistes étaient des agents infiltrés afin de provoquer la violence physique. Pendant ce temps, l’APPO, par voie radio, appelait à une protestation pacifique et dans le calme. Etant donné qu’il y avait eu des agressions sexuelles de femmes par la police le jour précédent et que le nombre des agents de la PFP avait augmenté, il semblait inévitable que des affrontements éclatent. Vers 14h, les rues piétonnes, habituellement bondées, étaient désertées et pratiquement tous les magasins autour du zocalo étaient fermés.

Après presque une heure de face à face, la PFP a commencé à tirer sur les manifestants. La police judiciaire et la PFP ont commencé à se déplacer vers certains endroits comme le parc Llano, la rue Crespo, les halles centrales, etc. Raflant tout sur leur passage, ils ont effectué approximativement 40 arrestations, dont 20 femmes. Il y a eu plusieurs blessés. Ils n’avaient ni mandat ni raisons officielles autres qu’une possible affiliation avec l’APPO ou les barricades.


Photo: D.R. 2006 Tiros
La PFP et la police d’état ont mené ces détentions continuelles contre les membres du mouvement social de Oaxaca. Des fourgonnettes transportant des policiers en civil ainsi que des forces de la PFP ont effectué des arrestations massives dans plusieurs points de la ville, y compris devant l’université, de citoyens qui ne portaient pas de papiers d’identité.

Un aparté : un agent de la PFP a demandé ses papiers d’identité à un de mes amis âgé de 81 ans alors qu’il faisait les courses. Il a présenté sa carte du troisième âge et a été autorisé à passer. Il ne portait pas de sac. Le défi, bien qu’illégal, a été autorisé.

Des batailles se sont engagées tout le long des sept ou huit rues au Nord et au Sud du zocalo jusqu’à la centrale de bus ADO dans la rue Niños Heroes de Chapultepec. Ironiquement, la centrale était remplie de touristes qui essayaient de fuir la ville assiégée tandis que les forces gouvernementales se consacraient à rendre la ville encore une fois « sûre » pour l’industrie touristique. Les gaz lacrymogènes les ont suivis dans la centrale de bus.

Au même moment, l’esplanade de l’église Santo Domingo était nettoyée : les tentes et les tables de l’APPO étaient brûlées.

Face à cette attaque déferlante, l’APPO a décidé de se replier. Ceci a eu lieu vers 22h. La désormais célèbre « Doctora » de Radio Universidad assurant ses auditeurs que la honte retombait sur le gouvernement et pas sur le peuple qui lutte avec dignité pour ses droits. Beaucoup de gens ont trouvé refuge dans des maisons sympathisantes et ont ainsi pu éviter les rafles de police.

Entre-temps, des barrages ont été mis en place sur l’autoroute Cuacnopalan-Oaxaca, dans la municipalité de Nochixtlan, située à environ 80 km de la capitale, et au péage de Huitzo, à quelque 25 km de là, afin de bloquer l’arrivée de sympathisants de l’APPO dans la ville. Il est difficile de savoir combien de personnes ont été empêchées d’entrer. Pour ceux déjà présents dans la ville, la soit-disant Radio Ciudadana (Radio citoyenne) conseillait aux partisans du gouvernement de jeter de l’eau bouillante et de l’acide chlorhydrique depuis les toits sur les sympathisants de l’APPO. Ceux qui diffusent ces messages ont été identifiés comme étant Alexis et Marco Tulio, qui sont affiliés au PRI.


Photo: D.R. 2006 Tiros
« Soyez prudents, expliquait Radio Universidad, beaucoup d’agents de la PFP électrifient les câbles sur les routes. La PFP circule dans des camionnettes sans plaques. Ceci est la septième Mégamarche, apportez vos pancartes, vos slogans mais ne cédez pas aux provocations. »

Des manifestations se sont succédé pratiquement chaque jour la semaine dernière. Sur un rythme de tambour constant, bien que peu bruyant, les femmes ont marché contre l’agression sexuelle d’une femme par la PFP. Les étudiants ont défilé contre la présence de la PFP à Oaxaca tandis que d’autres étudiants de l’Institut Technologique de Oaxaca protestaient contre la détention et la torture de leur camarade, Eliuth Amni Martinez Sanchez, aux mains des agents fédéraux depuis les affrontements de lundi 20 novembre. Martinez Sanchez a été localisé dans la prison de Tlocolula, jeté sur le sol de sa cellule, un ongle en moins, avec une sévère blessure à la tête, le nez et une rotule cassés. Les avocats qui l’ont retrouvé ont obtenu son transfert à l’hôpital. Par la suite, les étudiants de l’Institut Technologique ont exigé que celui-ci honore l’engagement pris de fermer si la violence contre les étudiants continuait. L’Institut est dorénavant fermé.

Une autre parenthèse personnelle : un jeune ami, étudiant en médecine, est passé aujourd’hui lors de l’étrange silence de ce matin. Quand la bataille a éclaté, plein de bon sens, il est rentré chez lui pour se tenir hors des ennuis, bien que, m’a-t-il dit, il pense avoir identifié des gens de Mexico qui sont des porros (casseurs) de l’UNAM (Université Nationale Autonome du Mexique). Ceci sans preuve.

Comme on discutait, il m’a dit que dans tous les cas, il ferait son service public obligatoire en tant que jeune médecin dans une petite ville des montagnes.

« Et, lui ai-je demandé, que se passe-t-il avec le nouveau docteur s’il y a une urgence inattendue ? J’ai vu ces « cliniques » de montagne qui ne consiste en rien de plus qu’une pièce en agglo. »

« On nous apprend à envoyer les cas spéciaux en ville, » a-t-il répondu.

Je lui ai demandé : « Et comment cela se passe-t-il ? Il y a un hélicoptère-ambulance ? »

Il a ri.

« Eh bien, à propos de l’ambulance ? Je sais que certaines de ces villes sont à sept ou huit heures de trajet. »


Photo: D.R. 2006 John Gibler
« Le patient doit trouver une voiture privée pour l’emmener à l’hôpital public, » m’a-t-il dit. Fin de notre conversation.

Dimanche soir, le temps de l’écriture ce commentaire, la radio annonce qu’une nouvelle bataille est possible et appelle à la défense des barricades autour de Radio Universidad dont le signal a été constamment interrompu par le gouvernement.

En ce moment, Radio Universidad parle d’une nouvelle attaque contre l’équipe médicale dans la zone de Siete Principes (la zone de l’école de médecine). Hier soir, la voix de « la Doctora » annonçait que la PFP et la police d’état étaient entrées dans l’hôpital habillés en médecin et qu’ils ont pu arrêter des patients. La radio annonce également une marche lundi matin pour protester contre cette situation.

Sans parler qu’il reste seulement une semaine avant l’investiture de Felipe Calderon à la présidence du Mexique. Aujourd’hui, une réunion des membres de l’APPO des états a eu lieu à Mexico.

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