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Narco News Issue #44

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Le retour de la Otra

Les zapatistes possèdent aujourd’hui un diagnostic et une carte des conflits politiques et sociaux du pays que ne possède aucune autre force politique


Par Luis Hernández Navarro
La Jornada

1 avril 2007

Ce dimanche a débuté la deuxième phase de l’Autre Campagne. Sept commandants, sept commandantes et un sous-commandant vont sortir pour parcourir à nouveau le pays. Ils appellent à amorcer la Campagne mondiale pour la défense des terres et territoires indigènes et paysans autonomes au Chiapas, au Mexique et dans le monde.

Des circonstances inattendues se sont mises en travers de la première étape de l’Autre Campagne. D’abord, il y eut la répression à Atenco qui a obligé à suspendre temporairement la tournée nationale. Ensuite a eu lieu le soulèvement oaxaquénien qui a changé la dynamique de confrontation sociale dans le pays. Finalement, elle a rencontré la fraude électorale et le triomphe de Felipe Calderón.

Bien que les forces de la Otra n’aient pas été suffisantes pour libérer les prisonniers d’Atenco et obtenir la punition des responsables, elles ont cependant réussi à réunir une campagne permanente de solidarité et à éviter que l’affaire ne sombre dans l’oubli.

La commune de Oaxaca a attiré l’attention publique et celle des médias, ce qui a fait que la — déjà — petite couverture médiatique de l’Autre Campagne s’en est trouvée encore plus limitée. Par rapport à Oaxaca, les zapatistes se sont de plus heurtés à la décision du mouvement de poursuivre une large politique d’alliance, qui inclut Andrés Manuel López Obrador et le PRD (Parti de la révolution démocratique), alors que l’un des objectifs centraux de la Otra est de se différencier clairement de ces derniers.

Au final, la fraude électorale et le triomphe de Felipe Caderón ont modifié le schéma dans lequel la Otra a été conçue. Les zapatistes avaient supposé que le vainqueur des élections serait López Obrador et se préparaient pour lui. La fraude a changé ce résultat. Le sous-commandant Marcos a dénoncé l’escroquerie quelques heures après qu’elle fut perpétrée. Pourtant, l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) n’a pas participé aux actions de résistance civiles pour essayer de changer ce résultat. Cette position l’a éloignée d’une partie des adhérents de la Otra et d’une partie des intellectuels habituellement solidaires des ses positions.

La nouvelle phase de l’Autre Campagne débute dans un panorama politique complexe. Au Chiapas, le nouveau gouverneur, Juan Sabines, qui a officiellement gagné les élections sous le sigle PRD, a permis la recomposition du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel). L’ex-dirigeant de ce parti, Sami David, est à la tête de la Corporation des projets stratégiques du gouvernement de l’état. Le fils du tristement célèbre Roberto Albores Guillén a été désigné secrétaire de Fomento Económico (« développement économique »). Le leader des éleveurs et conseiller municipal de Comitán, Jorge Constantino Kanter, entretient une relation magnifique avec le mandataire de l’état.

Simultanément à ce réaménagement du gouvernement de l’état, les groupes paramilitaires et la dispute pour les terres récupérées par les bases d’appui zapatistes se sont réanimés et réarticulés. Des organisations armées du PRI, comme l’URCI (Union régionale paysanne indigène) et l’Opddic (Organisation pour la défense des droits indigènes et paysans), ont cherché à prendre les terrains travaillés par les rebelles et les organisations paysannes démocratiques, et harcèlent régulièrement leurs adhérents. Des initiatives « environnementalistes » cherchent à déposséder d’autres groupes paysans des terres qu’ils possèdent depuis des années sous le prétexte de la défense de l’environnement.

Sur le terrain national, le gouvernement de Felipe Calderón s’est consolidé en dépit de tout. Il a fait approuver la nouvelle loi de l’ISSSTE (Institut de sécurité et de services sociaux des travailleurs de l’état) sans avoir à payer un coût politique trop élevé à court terme, et sa lutte contre le narcotrafic, même si elle a obtenu peu de succès réels, a été approuvée par l’opinion publique. Seule la hausse du prix de la tortilla a érodé l’image présidentielle. Il reste encore à préciser le prix qu’elle paiera pour son attitude dans le débat sur la dépénalisation de l’avortement à Mexico.

Officiellement, le FAP (Front large progressiste) ne s’est pas dissous. Dans les assemblées, ses membres continuent de voter ensemble sur l’essentiel. Pourtant, dans les élections d’état en cours, comme au Yucatán et au Durango, ils partent divisés. Sa participation à la CND (Convention nationale démocratique) est plus formelle que réelle.

La deuxième assemblée de la CND montre l’existence d’une quantité non négligeable de citoyens, pour lesquels l’indignation causée par la fraude électorale reste vivante, en même temps qu’elle reconnaît Andrés Manuel López Obrador comme son président légitime. Cette force, pourtant, sembla avoir très peu à voir avec la tournée nationale d’El Peje (« le renard », surnom de López Obrador), consacrée à la construction d’une force électorale étrangère aux problèmes immédiats des gens.

Malgré la répression à Oaxaca, l’APPO (Assemblée populaire des peuples de Oaxaca) conserve une indubitable capacité de résistance et de mobilisation, insuffisante pour forcer à la démission d’Ulises Ruiz mais excédentaire pour montrer l’illégitimité du gouverneur. Pourtant, la tenue d’élections pour renouveler les maires et le Congrès local ont placé beaucoup de ses membres dans une dynamique électoralement marquée et les ont lancés dans des négociations complexes et difficiles avec le FAP.

Tous ces éléments vont marquer le retour de l’Autre Campagne. Les zapatistes, comme on l’a vu ce dimanche, possède une indiscutable force à l’intérieur du Chiapas et de grandes sympathies à l’extérieur du Mexique. La participation de Via Campesina était notable dans ce démarrage, avec des messages envoyés par Joao Pedro Stedilé et Rafael Alegría. Ils ont en leur possession aujourd’hui un diagnostic et une carte des conflits politiques et sociaux qui existent dans le pays que ne possède aucune autre force politique. De plus, ils comptent avec un répertoire et un réseau de relations à travers tout le pays avec des mouvements de base habituellement ignorés des partis politiques.

S’ils réussissent à donner une structure et une coordination nationale stable à ces noyaux de résistance qui aujourd’hui fonctionnent de manière isolée — en politique, rien n’est assuré —, la viabilité du projet de la droite se heurtera à un puissant obstacle. Mais le pari devra faire face à la prétention gouvernementale de déstabiliser ses territoires, à l’espace occupé par l’activisme « cénédiste » (des partisans de la CND), au choix de différentes forces sociales en faveur de la construction de représentations politiques par la voie électorale, et à l’isolement lui-même des classes moyennes de la société. Les prochains mois seront décisifs.

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