<i>"The Name of Our Country is América" - Simon Bolivar</i> The Narco News Bulletin<br><small>Reporting on the War on Drugs and Democracy from Latin America
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Narco News Issue #43

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Bulletin d’information nº 3 : la lutte des femmes et la Rencontre des peuples zapatistes et des peuples du monde

« il est nécessaire d’organiser une rencontre de femmes pour échanger des idées et organiser ensemble la lutte.


Par la Commission Intergalactique du EZLN
EZLN

6 janvier 2007

Le 31 décembre 2006.

Le deuxième jour de la Rencontre des peuples zapatistes et des peuples du monde, qui rassemblait près de 2 000 compañeras et compañeros de 44 pays différents, a été une journée consacrée au groupe de travail abordant les thèmes “l’Autre Santé”, “l’Autre Éducation” et “la Lutte des femmes”.

Comme prévu, les autorités autonomes des cinq conseils de bon gouvernement et des Communes autonomes rebelles zapatistes (MAREZ) ont participé aux différents groupes de discussion, où ils ont expliqué la façon dont les communautés et villages organisent l’enseignement dans l’autonomie et dans la résistance.

Les représentants de nos gouvernements autonomes ont fait le compte des écoles construites sur le territoire correspondant : certaines ont bénéficié de fonds issus de la solidarité mais beaucoup plus nombreuses sont celles qui ont été construites grâce aux apports des communautés. Ils ont également mentionné l’importance qu’il y a à former des “promoteurs d’éducation” élus par les assemblées des communautés pour se former et donner les cours dans les villages.

L’éducation zapatiste relie les 13 demandes fondamentales de la lutte zapatiste avec les matières enseignées au sein de quatre blocs de connaissances : vie et environnement, mathématiques, histoire et langues. La véritable éducation est celle qui émane des peuples et non celle qu’imposent les mauvais gouvernements.

Après les autorités zapatistes, ce fut le tour des compañeras et compañeros de nombreux pays du monde. Mixper, une chicana d’origine huichol, membre du collectif APC et du projet éducatif Semillas del Pueblo (“Graines du peuple”), a expliqué qu’aux Etats-Unis les personnes de couleur, les enfants des migrants et des indigènes sont marginalisées, humiliés, traités comme des inférieurs, et se voient dépossédés de leurs rêves dans les établissements publics.

L’école Academia semillas del pueblo a été bâtie à partir des nombreux rêves des membres de cette communauté qui voulaient récupérer leur identité et les traditions indigènes et former des élèves qui conservent leur identité indigène.

Juan Chávez, du groupe d’étudiants en résistance de l’institut de technologie d’Oaxaca, décrit brièvement un projet d’enseignement alternatif dénommé “Brigade communautaire” qui consiste à fournir gratuitement un soutien en mathématiques et en physique et à enseigner l’histoire que le gouvernement nous cache.

Venu d’Argentine, une compañera du Réseau transhumant rapporte qu’un tel projet est né en 1998, dans une situation difficile dominée par un grand désespoir et fatalisme. Un groupe eut l’idée de parcourir tout le pays pour demander aux gens comment ils se sentaient. À bord d’un camion jaune appelé “Quirquicho”, ils ont pris la route avec leurs ateliers de réflexion sur la réalité, utilisant la parole et les interventions artistiques. On l’a appelé transhumant parce que le groupe part en quête des meilleures terres.

Un compañero de l’université de Berkeley, en Californie, membre de la Radio zapatiste, raconte qu’un collectif réunissant des élèves et des professeurs zapatistes est en train de se constituer afin de changer les choses, par exemple en donnant des cours d’espagnol aux enfants de migrants d’Amérique latine afin qu’ils retrouvent leur identité.

Il y a eu aussi des interventions de frères et de sœurs du groupe Mexicains sans frontières ; de compas de “Ya Basta”, d’Italie ; du projet Écoles pour le Chiapas, des USA, ainsi que d’une École populaire pour adultes de Prosperidad, de Madrid, Espagne.

En même temps que le groupe de discussion sur “l’Autre Éducation”, un autre groupe abordait la question de “l’Autre Santé”. Les représentants des autorités autonomes des cinq conseils de bon gouvernement y ont souligné l’importance de réhabiliter la médecine traditionnelle chez les peuples indigènes. Il y a été question de l’organisation de la santé dans la résistance en formant des “promoteurs de santé” et en construisant des petits dispensaires, des microcliniques et des hôpitaux zapatistes.

Les représentants et représentantes des communautés en résistance ont donné leur position en ce qui concerne l’avortement. Ils signalèrent que les avortements ont souvent lieu sans être provoqués, car les fausses couches sont fréquentes, vu les circonstances dans les communautés. “Beaucoup de femmes connaissent ce problème, sans pratiquer ni rechercher l’avortement, c’est dû aux conditions de vie indigènes”, expliquent-ils.

Dans le cours du débat qui a suivi les exposés, on a insisté sur l’importance qu’il y a à renforcer l’éducation sexuelle et la “santé reproductive”. On a aussi évoqué la question de la santé mentale, l’importance des campagnes de vaccination sans passer par le gouvernement, l’emploi de fourneaux écologiques qui évitent les problèmes dus à l’inhalation de la fumée de feu de bois dont souffrent beaucoup de femmes, ainsi que l’importance de l’éducation en vue d’un planning familial.

Les zapatistes ont expliqué que leur fragile système de santé soigne gratuitement toutes les personnes membres des bases de soutien dans leurs villages et fournit même un service de santé aux indigènes qui ne sont pas zapatistes, car “la santé est un droit qu’il faut appliquer sans distinction, contrairement à ce que fait le mauvais gouvernement”.

Après quoi, 20 compañeros et compañeras de différentes parties du monde ont raconté diverses expériences de santé alternative. Le Collectif Brigada Callejera (“Brigade de rue”), du DF, nous a parlé de l’assistance qu’il fournissait aux travailleuses du sexe à Mexico, tandis qu’un autre collectif, de Michoacán, a insisté sur l’importance de la physiothérapie dans la santé : “Le capitalisme rend malade et n’apporte que des solutions partielles en vue de la guérison.”

Ximena Castillo, venue du Chili, a parlé de la santé mentale et de son travail dans un centre communautaire de réhabilitation pour schizophrènes. Et Gisela Morales, de Monterrey, a expliqué qu’elle travaillait dans une zone fortement marginalisée où les communautés chassent des reptiles pour se nourrir. “Il faut essayer de ne pas reproduire le système en nous et de trouver un autre modèle. Rappelons-nous que la terre et la nature sont les médecins et les hôpitaux les plus anciens”, fit remarquer Gisela.

D’autres voix se sont fait entendre : les membres d’une mission indépendante ; une docteur de Mexico qui travaille avec les médecins des Sœurs aux pieds nus en Chine ; un compa de la Sierra totonaque qui est à l’origine d’un projet de santé communautaire ; un collectif du Yucatán ; une expérience de musicothérapie à Buenos Aires, et l’histoire émouvante d’une indigène du Canada, ainsi que l’intervention de frères et de sœurs d’Amatlán (dans le Morelos), du Costa Rica, du District fédéral et du Guatemala.

LA LUTTE DES FEMMES

Un ensemble de 20 femmes zapatistes ont présenté aujourd’hui de façon claire et nette les défis auxquels s’affrontent la femme indigène, les obstacles qu’elle doit surmonter au sein de la lutte, la participation des femmes zapatistes à l’autonomie, ses petites victoires, ses énormes problèmes, ses perspectives et le long chemin de sa lutte pour l’égalité dans les communautés.

Une à une, les zapatistes choles, mames, tojolabales, tzeltales, tzotziles et zoques ont raconté dans le détail leur vie au sein de peuples où l’on vit et subit le machisme, dans des communautés où leurs compañeros leur refusent toute participation à la vie politique et se moquent d’elles ou de leurs maris quand elles se consacrent à des travaux qui ne sont pas réservés traditionnellement aux femmes.

Elles ont dit et répété l’importance qu’il y a à s’organiser en tant que femmes et à participer dans toutes les tâches de la résistance, elles ont parlé de ce qu’elles considèrent leurs propres limites, comme de ne pas savoir l’espagnol et souvent de ne savoir ni lire ni écrire. “Mais nous apprenons petit à petit et nous sommes de plus en plus conscientes”, disent-elles.

Sans crainte, les femmes zapatistes ont répondu à toutes les questions posées par un public avide de connaître leur manière de s’organiser et les difficultés auxquelles elles s’affrontent. Elles ont notamment annoncé qu’elles avaient déjà obtenu le droit de décider ensemble avec leur compagnon combien d’enfants elles voulaient avoir, bien qu’elles aient admis que bien souvent “il y a des maris qui n’obéissent pas”.

Elles sont toutes d’accord pour dire qu’”il est nécessaire d’organiser une Rencontre de femmes pour échanger des idées et organiser ensemble la lutte”.

Au chapitre de leurs petites et grandes victoires, les femmes de l’EZLN ont signalé qu’il y a maintenant des hommes qui s’occupent de tenir la maison (s’occuper des enfants, se faire à manger, prendre soin des bêtes, etc.) et qu’il y a toujours plus de femmes participant aux tâches de l’autonomie (santé, commerce, éducation, autorités municipales, membres du conseil de bon gouvernement, etc.). Elles ont aussi souligné le fait qu’il y ait des femmes insurgées gradées, sans oublier les miliciennes et les membres du Comité clandestin révolutionnaire indigène.

Lors de l’intervention des participants du Mexique et des autres pays du monde, on a pu entendre un message des femmes du Kurdistan, qui ont formé une brigade portant le nom de la Commandante Ramona ; le collectif Regeneración Cuidado Infantil, de New York ; des compañeros de La Otra de l’Autre Côté et du Réseau de soutien zapatiste de Madrid ; du Mouvement indépendant de femmes, du Chiapas ; du Front des travailleuses de l’IMSS ; du Centre des droits de la femme ; du Collectif mexicain Rompiendo la Noche (“Rompant la nuit”), du Nuevo León, ainsi que du Collectif Lucio Blanco, du Tamaulipas.

Au terme des débats, les femmes zapatistes ont posé une question aux participantes : “Que pensez-vous faire, vous, contre la maltraitance, le viol et les coups dont sont victimes les femmes dans le monde ?” La réponse a été : “Élever la voix, éduquer, dénoncer.”

La coordination de ce groupe de discussion a été assurée par la commandante Sandra et par le commandant Moisés, appartenant à la zone de Morelia. Tous deux ont rappelé qu’en ce 31 décembre “nous fêtons l’anniversaire des 13 ans de notre lutte, depuis le jour où nous avons dit ya basta ! à la discrimination et au mépris dont souffrent les femmes indigènes.”

La journée s’est achevée par un programme culturel, un bal et des chansons pour dire au revoir à 2006 et souhaiter la bienvenue à la 14e année de la lutte zapatiste.

Traduit par Ángel Caído/CSPCL.

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