<i>"The Name of Our Country is América" - Simon Bolivar</i> The Narco News Bulletin<br><small>Reporting on the War on Drugs and Democracy from Latin America
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Narco News Issue #40

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L’Autre Campagne zapatiste et la guerre cybernétique ( “netwar”) en ce qui concerne les événements d’Atenco

Comment le réseau de communication horizontal zapatiste a démasqué la répression et la manipulation de l’Etat mexicain et des Médias commerciaux


Par Al Giordano
Première partie

26 mai 2006

L’interruption de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale ( EZLN ) de sa participation dans ce qui a commencé comme un voyage à travers le Mexique baptisé « L’Autre Campagne », n’a pas arrêté le voyage en montagne russe dans lequel beaucoup de gens,dont notre équipe de reporters, ont été impliqués depuis janvier. Les atrocités des 3 et 4 mai à San Salvador Atenco et Texcoco ( ainsi que celles qui eurent lieu dans le trajet en bus vers les prisons de l’Etat de Mexico et à l’intérieur de celles-ci )ont déclenché l’accélération d’un mouvement et aussi l’ampleur des forces qui voulaient le stopper.

Mais rien n’arrête ni ne freine la mobilisation : ni les meurtres, ni les viols, ni la brutalité, ni la manipulation des Mass Medias, ni la censure, ni la terreur. Depuis le 3 mai, l’ Etat Mexicain de Vicente Fox et ses sponsors étrangers ont attaqué un contingent d’adhérents de l’Autre Campagne avec toutes les armes et le pouvoir qu’ils détiennent. Trois semaines plus tard, ils ont échoué : l’opposition est encore debout et reçoit l’appui des secteurs qui la regardaient avec froideur ( surtout ceux qui avaient foi en les prochaines élections du 2 juillet, malgré les antécédents ténébreux de fraude électorale du pays, qui semblerait se produire à nouveau en 2006) , et les forces « d’en bas et à gauche » ont gagné la bataille en définissant l’histoire de ce qui a été une apocalyptique guerre médiatique (« netwar » ou guerre cybernétique, selon les analystes du Pentagone par l’intermédiaire de la Rand Corporation qui étudie les choses « d’en haut et à droite »)

La guerre médiatique des trois dernières semaines a porté sur la façon de définir les évènements d’Atenco . Dans les premiers jours, les Médias ont eu l’avantage et la supériorité des armes : ils ont travaillé sans relâche pour essayer de définir le moment initial des affrontements d’Atenco –Texcoco comme l’attaque d’une horde de gens armés de machettes- décrits comme sales, puants, anti-sociaux, mercenaires et opposés au désir du citoyen moyen de paix et de bien-être – en même temps que leurs présentateurs de journaux télévisés acclamaient les soi-disant nobles efforts du gouvernement pour rétablir la loi et l’ordre.

Les Mass Medias – l’arme la plus puissante de la classe dirigeante dans la « lutte des classes » qu’on utilise jours après jours depuis les hautes sphères du pouvoir- ont déployé toutes les armes à leur disposition.

De leurs hélicoptères, ils ont filmé une violente confrontation entre la police et des manifestants sur le champs de bataille connu comme la route de Lecheria-Texcoco. De leurs salles de contrôle- grâce à une incomparable technologie de pointe et au support du satellite -ils ont retransmis le conflit en direct (de manière sélective). De leur accès privilégié et élitiste aux ondes électromagnétiques publiques, ils ont bombardé la population avec des images d’une violence inouïe. La nation était collée à l’écran de télévision.

L’image atomique montrée continuellement par les Médias était celle où un officier de police est capturé, frappé, reçoit des coups de pieds dans les testicules, est traîné et frappé à nouveau par une douzaine peut-être une vingtaine d’individus qui se battaient contre la police pour contrôler la route. Des bureaux des chefs des Médias, un scénario a été écrit et répété jour et nuit, suppliant l’Etat de se rendre sur les lieux et, si besoin est, de botter des culs et de venger l’attaque de ce flic, de stopper ce qu’ils qualifiaient d’une horde incontrôlée armée de machettes.

Mais les forces dirigeantes ont fait la même erreur qu’ils ont fait tant de fois auparavant : ils ont menti. Ils ont annoncé que c’était un pétard d’un manifestant qui a tué un garçon de 14 ans. L’autopsie a révélé plus tard qu’il a été tué à bout portant par une balle de la police. Ils ont déclaré que la police ne portait pas d’arme à feu. Plus tard, des photos de flics portant leur arme ont commencé à circuler. Les médias ne pouvaient cacher le reste de l’histoire que pour un court laps de temps. En quelques jours, leur scénario autoritaire est tombé en lambeaux, comme en 1999, quand la chaîne de télévision nationale, TV Azteca, a maquillé la mort par balle d’un de ses reporters et les faits lui ont explosé à la figure quand on a su que leur homme était un trafiquant de drogue assassiné pour n’avoir pas payé ses dettes dues à son addiction à la cocaïne. L’histoire d’Atenco s’est transformée maintenant en quelque chose du même style.

Une histoire définie par le viol

Atenco – un seul mot- symbolise maintenant, dans l’opinion publique, le retour de l’Etat autoritaire mexicain, la promesse rompue de ce, si souvent nommé, passage à la « démocratie », les perquisitions, maison par maison, la détention illégale et brutale des dissidents, ainsi que leur emprisonnement pour des crimes qu’ils n’ont pas commis. Mais surtout après trois semaines de la « netwar », Atenco signifie -dans les cœurs et les esprits de l’opinion publique- viol.

Atenco signifie littéralement le viol- des policiers à des femmes et à au moins un homme- et signifie aussi, métaphoriquement, viol à des habitants d’un pays, à leur dignité et à leur innocence.

Et plus loin que la répulsion consciente de la société civile – terme oublié, une fois de plus-, aux viols des femmes par l’Etat, il y avait le fait que même les plus inconscients furent horrifiés : ils se demandent comment l’Etat et son armée de médias n’ont pas pu contrôler l’histoire, comment ils n’ont pas pu retenir les faits réels. Après tout pour ceux d’en haut, n’est-ce pas cela leur travail ?

Une des réponses de la société civile contre le mega-viol connu comme Atenco, a été un concert de soutien que, lundi soir , d’importantes femmes artistes ont offert dans la ville de Mexico .Avec les présentations musicales de Julieta Venegas, Jesusa Rodríguez avec Liliana Felipe, Astrid Haddad, Patti Peñaloza et Las Licuadoras, et Las Ultrasónicas, d’ autres, actrices et danseuses – avec à leur tête les vedettes de télévision Ofelia Medina et Ana Colchero, et la réalisatrice Begonia Lecumberri – ont communiqué les paroles des détenues politiques arrêtées et abusées sexuellement les 3 et 4 mai.

Les premières heures du concert, les représentations ont été nécessairement aussi douloureuses que la dure réalité que les prisonnières ont subie (comme celles qui ont été reportées ici et dans d’autres endroits ces derniers jours). Après, vers la fin du concert de quatre heures- qui a rassemblé 2000 spectateurs, dont le sous commandant Marcos, et qui a réuni plus de 100 000 pesos pour le fond de défense des prisonniers et des prisonnières- on a lu des passages plein d’espoir de lettres que les prisonnières politiques avaient écrit à leur mères, à leurs sœurs, à leurs compagnons, à leur famille et à leurs amis. Ne vous rendez pas, demandaient les femmes de l’intérieur des murs de la prison. Malgré ce qu’on nous a fait, nous allons bien. Que la lutte continue.

Et, c’est ainsi que l’histoire de viol qu’est Atenco se transforme en histoire de survie, rage et résistance de l’inébranlable esprit des gens qui luttent, même quand on les frappe avec tout le feu, la répression et le sadisme dont l’Etat peut être capable. L’Etat blesse beaucoup d’hommes et de femmes. Mais il ne brise l’esprit de personne et encore moins celui du mouvement.

Il faut signaler que le concert a été extrêmement bien organisé, par des bénévoles, dirigés par des femmes avec la participation d’hommes sous leur direction. Elles avaient en leur possession tous les renseignements sur les faits, les témoignages, les preuves vidéo et audio -que les medias et la presse avaient essayé d’éliminer-, prouvant les viols et l’horreur qu’elles ont intégrés au spectacle. Elles avaient tant d’information à partager- juste 19 jours après l’explosion de violence- comme celle que la direction de n’importe quelle agence d’intelligence pourrait avoir actuellement. Elles possédaient ce que les analystes du Pentagone appellent le « top sight » ( la vue depuis le sommet » ). Et elles n’étaient pas seules pour atteindre le « top sight » à partir du bas.

Les organisateurs du concert contaient sur la même information qu’utilisent maintenant les avocats pour la défense des prisonnier(e)s politiques. Ils avaient la même information que tous les « médias d’en bas » ont rassemblé et diffusé. La même qui est à la disposition de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) et des ONG des droits de l’homme qui couvrent les faits. La même que les commandants de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale ont reçue. Le flux horizontal de l’information supprimée – même malgré le vol violent de la part de l’Etat, le 4 mai, de caméras et magnétophones, et de l’emprisonnement ou la déportation de ceux qui ont essayé de filmer l’atrocité – n’a pas été bloqué avec succès, malgré tous les efforts de ceux qui prétendaient le contrôler.

Des milliers de faits provoquent la mort d’un mythe

Les faits réels sur Atenco ont surgi des milliers de coins de rues, et se sont acheminés vers différents épicentres de résistance qui ont traité et relaté cette information et l’ont envoyée rapidement dans tout le Mexique et, dans de nombreuses langues dans le monde entier. Des protestations et manifestations, pour attirer l’attention sur ces faits, ont surgi dans tous les Etats et les villes du Mexique, ainsi que dans que dans des dizaines de pays, sortant les faits supprimés à la lumière du jour, obligeant de nombreux médias commerciaux à commencer à parler de ce qui tout d’abord avait été passé sous silence.

Et pendant ce court laps de temps, difficilement on peut encore parler des images sélectives avec lesquelles les Mass Médias nous ont bombardées durant les premières heures du début de l’histoire. Les gens parlent de viols et d’un gouvernement répressif et autoritaire qui a rompu sa promesse de « passage vers la démocratie ». Et la majorité des Mass Médias – à part quelques exceptions mal intentionnées, dans leur énorme malhonnêteté et leur raisonnement néandertalien ( N’interroge jamais qui a vécu les faits, les faits parlent d’eux-mêmes, Carlos Marin ) – a été obligée de commencer à répondre aux questions que la Vox Populi pose : non seulement si la police a violé les femmes – tout le monde sait qu’ils l’ont fait- mais aussi combien et si la justice va punir les auteurs matériels et intellectuels des crimes.

Dans les premières semaines de mai 2006, le système a perdu une autre « netwar ». Les conséquences de cette déroute encouragent et fortifient actuellement l’Autre Campagne Zapatiste et les mouvements de base sympathisants. La tournure des évènements fait aussi trembler, de façon intéressante, les bases de la campagne électorale présidentielle du Mexique, en ce qui concerne les motifs réels- invoquant le « vote de la peur »- que l’état répressif avait pour provoquer la Guerre Sale du XXIe siècle à Atenco.

Les analystes de Rand ont écrit, en 1995, en réponse au soulèvement indigène zapatiste au Mexique :

« Nous imaginons que la guerre sera comme ça : peu de forces légères et très mobiles qui déroutent et imposent la défaite à de grandes masses de troupes ennemies bien armées et protégées, avec très peu de pertes de vies humaines de part et d’autres. Des forces mobiles peuvent le faire parce qu’elles sont bien préparées, elles cherchent de l’espace pour manœuvrer, elles concentrent leur capacité d’ouvrir le feu de façon rapide et dans des endroits inattendus. Elles ont un commandement supérieur, des systèmes de contrôle et d’information décentralisés qui permettent des initiatives tactiques, et elles sont pourvues de commandements centraux d’une intelligence incomparable et de « top sight » pour les objectifs stratégiques. »

Dans son manuel de 1961, « guerre de guérillas », Ernesto Che Guevara a écrit : « Quelqu’un devrait se charger de la communication….à temps. Beaucoup de vies dépendent d’une communication opportune ».( Chapitre III, section intitulée « industrie de guerre »). Mais alors que le Che pariait sur la totale centralisation du système de communication, L’ Autre Campagne Zapatiste a pris des mesures depuis le début pour assurer le flux horizontal de l’information clé.

Même si le rôle de porte-parole et commandement militaire que le sous- commandant Marcos – ou « délégué zéro » – a au sein de l’EZLN, assure que l’information arrive à lui à une vitesse maximale depuis de nombreux endroits ( il agit, entre autre chose comme un aimant informatif), il a démontré au long des douze dernières années- depuis le soulèvement au Chiapas en 1994- une énorme aptitude pour le traitement, l’analyse et transmission postérieure ( au moyen de communiqués, discours improvisés et si besoin est, à travers les Medias commerciaux) de l’information qu’il reçoit.

La naissance de L’Autre Campagne

Quand L’Autre Campagne a commencé à prendre forme l’été passé (avec la publication la Sixième Déclaration de la Foret Lacandone ) et les zapatistes ont prôné la construction d’un large réseau de forces civiles en résistance dans tout le Mexique, pour construire une rébellion nationale, on a supposé que les médias commerciaux- même si souvent ils avaient accordé à leur porte-parole, Marcos,des entretiens- seraient un secteur hostile. Même si, par le passé, les zapatistes avaient eu du succès dans l’utilisation des mass médias pour atteindre leurs objectifs, il fallait construire un autre chemin pour créer les mécanismes de communication de L’Autre campagne.

Les Mass médias allaient être hostiles – et sans aucun doute, elles l’ont été- parce que L’Autre Campagne constitue une bombe à retardement pour eux aussi. Une révolte nationale pour rendre les moyens de production et le gouvernement au peuple – bases de la Sixième Déclaration – implique qu’on lui rende également les moyens de communication. C’est donc préoccupant pour les propriétaires des compagnies de médias, même si ne l’a pas été le mouvement régional pour les droits indigènes d’une population qui n’avaient ni télévision ni argent. La rapide croissance d’un mouvement régional zapatiste (au Chiapas, avec la solidarité d’autres régions) vers un mouvement national, et l’extension du mouvement en faveur des droits indigènes vers d’autres secteurs non indigènes – luttant pour partager des réussites – met les Mass médias – antidémocratiques et capitalistes par excellence – directement de l’autre coté des barricades.

Les Mass Médias s’enorgueillissent de leur capacité à danser avec « les politiques d’identité ». Elles sont passées maîtres dans l’art de maintenir ce type d’expression parmi leurs secteurs minoritaires et à les infiltrer à des nids commerciaux de marché alternatif. Mais quand il s’agit d’atteindre les medias commerciaux, une dynamique différente se met en jeu : L’Autre campagne, finalement, arrive pour s’approprier de sa machinerie – toute la technologie de pointe, l’accès privilégié à l’espace radio électrique public et les systèmes de distribution, hélicoptères inclus- pour les mettre dans les mains du grand public.

Parmi les premières tâches de L’Autre Campagne, il y avait celle d’ouvrir de nouveaux canaux de communication entre l’EZLN et les autres, ainsi que de créer de nouveaux flux d’information et de communication entre tous les différents secteurs d’adhérents. Cette dernière, néanmoins, n’allait pas être une tâche facile à réaliser : la gauche mexicaine, comme dans d’autres pays, a souffert des divisions historiques, des rivalités mesquines, des luttes de personnalités, ainsi que des désaccords sur des principes philosophiques, sur des thèmes centraux, stratégiques et tactiques. Alors, comment l’unir ?

Dans ce qui fut, en rétrospective, un coup de maître, les zapatistes ont commencé tout d’abord avec les secteurs historiquement plus difficiles et divisés : « les organisations politiques de gauche » et les « partis politiques sans registres », invitant toutes les tendances rivales et marginales (trotskistes, maoïstes, marxistes-léninistes, social-démocrates et même les staliniens) autour de la même table. Difficilement, quelqu’un aurait invité ces groupes ou groupuscules à la même table. Ensuite, après avoir déterminer qu’ils voulaient laisser les différences de coté et cheminer ensemble (car de fait, ils ont été exclus pendant de nombreuses années des campagnes électorales au Mexique), ils ont été attiré par l’énorme soupe d’organisations indigènes, anarchistes, ONG, medias alternatifs et collectifs artistiques, unions de travailleurs et syndicats, féministes, homosexuels, lesbiennes et « autres amours », ex immigrés clandestins, jeunes et individus sympathisants mais non définis dans les autres « tendances »

Le facteur principal qui a définit L’Autre Campagne a été son total refus de la politique institutionnelle des partis (ceux qui, conformément à la loi peuvent présenter des candidats) et sa résistance à n’importe quel effort, spécifiquement du centre-gauche, représenté par le PRD (Parti de la Révolution Démocratique) de s’infiltrer ou d’utiliser à des fins électorales L’Autre. Une tension dominante de L’Autre Campagne touche surtout ceux qui soutiennent la candidature de Manuel Lopez Obrador, du PRD, beaucoup d’entre eux ont participé, par le passé, aux efforts en solidarité avec les zapatistes, mais ont senti que cette nouvelle initiative jouait en faveur de la droite, divisant la gauche, en préconisant l’abstention. Ce secteur incluait une grande partie des têtes de file du quotidien La Jornada de la Ville de Mexico, un journal pro-PRD, qui avait publié les communiqués de Marcos depuis le début de la rébellion de 1994.

En effet, les zapatistes avait joué un rôle dans la défaite du scénario de Vicente Fox pour éliminer Lopez Obrador à la course à la présidence, en présentant la visqueuse trame de la levée de l’immunité au printemps 2005. Et avec leur respectueuse invitation aux solitaires organisations de gauche ( une grande partie d’entre elles détestées par le PRD ), Marcos et les zapatistes sont arrivés à deux autres conclusions qui, au fur et à mesure que s’approchent les élections du 2 juillet au Mexique, pourraient faire la différence dans le cas où Lopez Obrador sortait vainqueur officiellement : Premièrement, ils n’ont montré aucun enthousiasme à la proposition de former une « candidature alternative » à la présidence. Même si Marcos en fut le candidat, comme il l’a dit lui-même. Un porte drapeau de la politique de gauche, Edgar Sanchez qui est arrivé à la Foret Lacandone avec des propositions pour former une candidature alternative, a retiré sa proposition après des semaines de discussions. Et les zapatistes ont également refusé de nombreuses propositions pour promouvoir l’abstention, une position que Marcos a maintenu tout au long de L’Autre Campagne, disant clairement que L’Autre Campagne ne dit pas aux gens comment voter ou même si voter ou non. « C’est une décision personnelle », dit-il. Les zapatistes ne regardent pas vers le système électoral. Au contraire, ils regardent vers le bas, vers les gens qui, affirme Marcos, feront tomber n’importe quel gouvernement qui protège un système économique illégitime.

Le fait de ne pas prendre en compte les partis, a laissé à Marcos et aux zapatistes le champs libre pour pouvoir discuter avec les secteurs les plus désillusionnés et sceptiques de la gauche mexicaine ; avec les gens que l’on ne peut pas contrôler, ceux qui n’aime pas marcher au pas, soumettre leur désirs au système ou signer par obligation ; avec les gens qui ne font pas confiance au jeu électoral qui est géré et dominé autant par l’argent que par les médias. Il n’y a pas de secteurs plus difficiles à organiser et à faire travailler ensemble que ceux-là. Dans le cas des organisations de gauche – avec leurs objectifs et idéologie et dans certains cas, leurs dogme puritains – certaines d’entre elles (pour les trotskistes, c’est une partie de leurs raison d’être, même si les marxistes-léninistes, les maoïstes et les staliniens aussi le font) ont dépensé beaucoup de temps et beaucoup d’energie à établir leurs organisations à l’intérieur des syndicats et d’autres mouvements sociaux.

Historiquement, nombre des difficultés pour donner de l’essor à la gauche mexicaine, surgissent quand plusieurs tendances se heurtent à l’intérieur d’autres organisations ou coalitions. On a su qu’un conflit interne entre deux personnes (par exemple entre un trotskiste et un marxiste-léniniste, pour nous donner une idée) a fait échoué des projets politiques entiers. Mais ce que Marcos a réussi c’est de les amener tous à marcher sur le même chemin. Et plus impressionnant encore, il les a emmené à le faire sur une plateforme anarco-indigéniste, celle qui a toujours été la tendance dominante de l’EZLN. Il les a convaincu d’embrasser une hérésie utile, qui ironiquement est reliée à leur propre intérêt si ils cherchent vraiment à mettre en déroute le capitalisme. C’est pour cela que les organisations politiques de gauche se sont unies à l’Autre Campagne, conservant leur caractère propre et envoyant des délégations se joindre à la caravane qui a accompagné Marcos dans le voyage qui a commencé le premier janvier. Quelques sympathisants se sont plaints des drapeaux arborant la faucille et le marteau, et spécialement du poster de Joseph Staline qui suit L’Autre Campagne, à coté des pancartes anarchistes qui ont évidemment été toujours les ennemis jurés du stalinisme. Le porte-parole zapatiste les traite tous avec le même respect, ouvertement, devant tout le monde, et a résisté aux appels de certains secteurs à censurer l’expression de certains autres.

Un moment émouvant de L’Autre Campagne a eu lieu en avril durant la visite à une école de Guerrero, où un groupe marxiste-léniniste, qui était responsable de la réunion, à essayé d’empêcher l’entrée de drapeaux et pancartes d’un autre groupe. Une jeune photographe anarco-punk du journal Machetearte – dont le nom est Hash- s’est retrouvée derrière les grilles, protestant, aux cotés de staliniens, pour sa liberté d’expression. Elle avait connu les héritiers du chef soviétique qui autrefois a tué et exilé ses prédécesseurs anarchistes (Vive Nestor Makhno !) comme étant des êtres humains et non des ogres qui voulaient lui faire du mal. Alors elle était là debout pour sa liberté d’expression. Marcos s’est mis aussi du coté de la liberté d’expression. La réunion – de laquelle il était le principal participant- s’est retardée jusqu’à ce qu’on laisse les drapeaux entrer.

De toutes façons, aimable lecteur, ceci est le point central : faire que des tendances divergentes s’unissent en harmonie est une prouesse qui ne s’est réalisée dans aucune autre partie du monde, dans l’histoire récente. Mais, cela s’est passé ici, au Mexique, et cette nouvelle forme d’union à travers la diversité a joué un rôle important durant les trois dernières semaines en ce qui concerne l’histoire d’Atenco.

Remontons aux débuts, en août : pour rendre possible L’Autre Campagne, les zapatistes ont dû motiver tous les secteurs (dont un grand nombre avaient refusé auparavant de se parler, si ce n’était caché dans leur recoins locaux ou démographiques) à faire quelque chose de plus difficile que parler : s’écouter les uns les autres. Dans la Sixième Déclaration, les zapatistes ont invité les mexicains à leur apporter leur soutien- en août et septembre dernier dans la Forêt Lacandone- lors d’une série de six réunions pour commencer á planifier ce qui allait être L’Autre Campagne. Les sessions de week-end plus que des « réunions de planification » furent des sessions marathoniennes pour écouter. Marcos, avec une équipe de zapatistes cagoulés, présentés comme membres de la Sixième Commission, ont écouté pendant plus de 100 heures tous ceux qui voulaient exprimer leur adhésion à la Sixième Déclaration. Au début les rencontres se sont divisées par secteurs : premièrement les organisations politiques mentionnées ci-dessus, après les organisations indigènes, suivies par les organisations sociales ; ensuite les ONG, organisations artistiques et culturelles ; plus tard les individus et familles non affiliés à une organisation et finalement on a fait une rencontre pour toutes les personnes tous secteurs confondus,qui n’avaient pu assister aux réunions précédentes. Le 15 et 16 septembre, les jours de l’indépendance nationale, on a convoqué tous les secteurs en même temps pour une « session plénière ».

Faire écouter ceux qui parlent

Vu que tout le monde voulait parler à Marcos et aux zapatistes, le premier succès de L’Autre Campagne a été de créer des situations dans lesquelles tous écoutaient les autres, pendant qu’ils attendaient leur tour pour parler. Et pour s’assurer que les compañeros resteraient écouter après avoir parler, Marcos donnait un discours à la fin de chaque rencontre, ébauchant à grands traits ce que L’Autre Campagne- avant qu’elle se nomme ainsi- devrait être. Là-bas, dans les communautés indigènes Tzeltales- sans télévision, alcool, ou chambres d’hôtel privées- ceux qui ont assisté à ces rencontres, ont connu, écouté, mangé et vécu avec toutes sortes de gens, dont les luttes étaient apparemment différentes,et se sont faits des amis avec lesquels ils ont échangés des numéros de téléphone et des adresses de courrier électronique. Ils ont aussi développé des plans et des façons de collaborer dans leur propre secteur et avec les autres.

Un des petits détails qui plus tard ferait la grande différence est que, à l’entrée de chaque communauté où se sont réalisées les rencontres d’août et de septembre, on demandait aux assistants et aux assistantes leur adresse de courrier électronique,qui fut notée dans le registre d’assistance. Et ceux qui ne pouvaient pas se rendre aux rencontres, pouvaient adhérer à la Sixième Déclaration en envoyant un courrier au magazine Rebeldia, collectif pro-zapatiste- qui siège dans la ville de Mexico-, dont les membres ont organisé le voyage aux rencontres de la foret. A partir de là, on a commencé à construire une liste de courrier massive, actualisée et nationale qui a démontré sa force réelle suite lors des atrocités d’Atenco.

Dans ses notes de la session plénière du 16 septembre, quand il a annoncé que le premier janvier il commencerait un voyage de six mois dans tout le Mexique, Marcos a fait une déclaration qu’il a répétée de nombreuses fois depuis mais que l’on peut voir sous un autre jour après les faits d’Atenco.

« Nous devons nous préparer à la mobilisation .Mais nous devons nous préparer aussi,compañeros et compañeras, à la répression…

Nous devons nous préparer à nommer nos prisonniers et à nommer les répressions. Dans une des réunions, on a parlé de la répression à Guadalajara contre les jeunes altermondialistes (antiglobalisation) , ceux qui parlaient n’ont pas su donner les noms des prisonniers. C’est alarmant. Dans le cadre de L’Autre Campagne nous ne pouvons pas nous permettre cela ; nous devons être loyaux et n’abandonner ni oublier personne. »

Et c’est exactement ce qui est arrivé ce mois-ci, quand des adhérents, femmes et hommes de L’Autre Campagne ont été arrêtés, frappés, violés et emprisonnés pendant les conflits d’Atenco et de Texcoco.

Les nombreuses références au « un pour tous, tous pour un » tant de fois répétées par Marcos tout au long de son voyage dans le sud-est, sud et centre du Mexique cette année ont fait partie d’un effort pour éradiquer les vices historiques de la bureaucratie et l’exclusion des projets de solidarité nationale avec les zapatistes. L’année passée, avant le début du voyage, l’EZLN a dissout le Front Zapatiste de Libération Nationale (FZLN), qui dans quelques unes de ses antennes locales avait eu du succès quant à sa construction comme mouvement, tandis que dans d’autres il s’était enlisé dans des luttes internes de pouvoir pour essayer de contrôler ou d’exclure l’accès aux projets de solidarité avec les zapatistes. Peut-être que le vice le plus néfaste pour l’activisme est la façon de penser à la manière capitaliste, selon laquelle, le rôle de chacun dans un mouvement est semblable à celui d’une franchise de Mac Donald. Ceux qui se laissent aller à cette faiblesse se sentent normalement paniqués face à des activités similaires qu’ils voient comme un Burger King s’installant sur le trottoir d’en face. Ça finit toujours par des dénonciations et des accusations de part et d’autres sur la mauvaise qualité de la nourriture.

De pareilles déviations ont eu lieu notamment dans certaines organisations non gouvernementales des droits de l’homme et de medias alternatifs qui tournent autour des premières douze années de Zapatisme. Dans des efforts pour protéger le territoire ou la franchise que certains activistes ou organisations semblaient penser qu’ils possédaient, il arrivait souvent que les militants de base aient à subir des humiliations et des obstacles de la part des aspirants à gardien de porte du mouvement. Et à gauche, où les disputes personnelles et les guerres de franchise amènent souvent à la disqualification d’autres individus, où les organisations se sont prêtées à des campagnes, de la part des plus néfastes, de tactiques de contre-insurréction (parce que dire du mal ou calomnier des compañeros est, par définition un acte de contre-insurrection), les zapatistes ont pour défi de balayer la bureaucratie et d’ouvrir à tous, des espaces- petits ou grands- où ils trouveront et conserveront une place dans L’Autre Campagne.

Eliminer la bureaucratie

Ce défi- pour insuffler du zapatisme avec une forte dose d’inclusion – sollicitait l’insistance sur le respect mutuel absolu pour l’autonomie et les différentes tendances de tout groupe ou individu impliqué et la création de systèmes de communication nationaux et horizontaux. Les adhérents de base étaient placés dans la position de ne plus avoir à regarder vers le haut vers quelque portier local désigné par lui-même du zapatisme (qui, par le passé, aurait souvent affirmé agir selon les instructions des quartiers généraux, et souvent à tort d’ailleurs) et au lieu de cela de se regarder les uns, les autres, en bas et vers la gauche.

Dans trois zones clés de l’organisation, Marcos a effacé l’ardoise, quand il a dit le 16 septembre :

« Nous proposons qu’il n’y ait pas de commissions spéciales. Tout ce qu’elles font c’est multiplier le travail et créer la bureaucratie.

En ce qui concerne les droits de l’homme aussi loin que nous puissions voir, nous avons toutes les principales organisations non gouvernementales qui sont expertes en droits de l’homme adhérents à la Sixième. Je ne vois pas pourquoi nous devrions créer une commission spéciale.

En ce qui concerne la propagande, nous avons des groupes et des collectifs dont j’ai vu plusieurs publications et choses qu’ils font, et elles sont réellement très bonnes, et de très bonne qualité. Donc, je propose que cela soit fait aussi par chacun de son côté et à sa façon.

En ce qui concerne la lutte des femmes, les compañeras qui ont travaillé pendant longtemps dans ce domaine devraient s’en charger. Egalement pour les gens avec d’autres différences qui ont déjà travaillé dans leur domaine. En conclusion, laissez les indiens, les homosexuels, les lesbiennes, etcetera s’organiser eux-mêmes. »

Depuis le début de L’Autre Campagne, une nouvelle valeur rafraîchissante a pris place dans chaque adhérent- organisation ou individu – : prendre des initiatives autonomes, ne pas attendre la permission de quelque groupe centralisé avant de se décider à agir. Vers le mois de mai 2006, au lendemain des atrocités d’Atenco, on peut voir les résultats dans chacun des secteurs mentionnés par Marcos en septembre dernier: les différentes organisations des droits de l’homme se sont mises au travail immédiatement pour couvrir les atrocités d’Atenco et localiser plus de 200 prisonniers politiques, sans aucune tension entre eux ; les réseaux de médias alternatifs, lesquels ont coexisté avec la caravane de L’Autre Campagne à travers tant de villes et villages, ont remis les pendules à l’heure sur une histoire précédemment frappée au rouge par un secteur qui donnait des leçons à un autre sur la façon de faire son travail, reportant et émettant de façon instantanée les informations chacun selon son style ;et comme on a vu dans la rapide et réussie organisation du concert du lundi soir de soutien aux prisonnières politiques et contre les crimes qu’elles ont subies, un groupe de femmes artistes a été capable de se réunir, ad hoc, dans un événement qui a été important sur plan politique et financier.

La communication entre les différents secteurs est instantanée : la manifestation des femmes a utilisée les banques de données recompilées par les Autres Médias et les groupes des droits de l’homme pour la rédaction du scénario et des textes informatifs ; les groupes des droits de l’homme ont reçu de première main des documents audio et vidéo des réseaux d’Autres Médias, et les frais de la défense des droits de l’homme seront couverts par les fonds obtenus par les femmes ; les Autres Médias ont reporté les déclarations, l’actualité et la poésie au sens le plus large du terme ( « les mots provoquent l’action » comme le dit Raoul Vaneigen) que les deux secteurs ont développé. Souvent, il y a des membres d’un secteur qui participent aussi dans l’autre. Après des mois au sein de L’Autre Campagne, les gens de secteurs différents se connaissent, se reconnaissent, s’envoient des appels et des messages de textes sur leurs portables. Les mots fraternels, compañero, compañera, ont retrouvé leur sens. L’information importante se répand comme la lumière dans toutes les directions à la fois. Souvent des liens de solidarité et d’amitié se sont formés, ce qui implique une confiance suffisante pour collaborer. Tout cela – non seulement le partage des mails- facilite une sorte de « top sight » instantané aux communicateurs de différentes tendances et organisations.

Et puis il y a Marcos. Quand le tour de L’Autre Campagne a été rodé, il a rendu publique une adresse de courrier électronique : delegadozero@ezln.org.mx. Parfois même il répond ou bien émet des doutes. Il a un blog. Y sont collés des documents audio et des photos d’événements de L’Autre Campagne. Il y a des liens vers quelques-uns des sites médiatiques les plus visités , vers des vidéos que des adhérents et d’autres ont envoyé à YouTube, vers des photos que n’importe qui peut publier sur Flickr, vers le moteur de recherche Technorati pour y trouver des blogs en espagnol et dans lesquels on parle de L’Autre Campagne (et de nombreux groupes locaux de L’Autre Campagne au Mexique et d’ailleurs ont récemment monté leur propre blog sur le Net)… Une section a été ouverte aux commentaires dans laquelle tout le monde peut publier et dans laquelle les nouvelles informations qui arrivent peuvent être confirmées ou questionnées. Ainsi, le système de communication de L’Autre Campagne est devenu un monstre à plusieurs têtes, aux yeux de ceux qui essaient de le faire taire ou de le censurer : un cauchemar pour qui aspire à contrôler le flux d’information.

C’est ainsi que lorsque les adhérents à L’Autre Campagne ont été agressés et emprisonnés à Texcoco et à Atenco, les réseaux sont entrés en action. En un peu moins de deux semaines, ils ont changé le point de vue que les medias et l’état avait donné des faits, et ils ont montré à l’opinion publique l’authentique essence de l’histoire : les atrocités commises par un régime répressif, ainsi que le visage humain des personnes victimes de l’état et violentées par celui-ci.

Dans les réseaux horizontaux, il y a des organisations et des individus en tout genre. Certaines, comme l’EZLN lui-même ont une hiérarchie. D’autres se limitent à s’organiser par secteurs (travailleurs, paysans, femmes, jeunes, etc.). D’autres encore ressemblent plus à des unités mobiles qui inquiètent la Rand Corporation pour ce qu’elles ont un avantage sur le pouvoir de l’état : solidement tissées et loyales entre elles, machines de guerre hors de l’état, comme l’ont disposé Deleuze et Guattari, elle se meuvent sur de nombreux pieds, yeux, oreilles et langues, comme un tout, avec vitesse et précision. Nombre d’entre elles sont parvenues à avoir une vision panoramique.

Le matin du 4 mai, à Atenco, l’Etat mexicain s’est proposé de démanteler les réseaux de L’Autre Campagne. Il a attaqué quand la concentration de membres de ces réseaux était au plus haut (des gens de chaque secteur s’étaient en effet rendus à Atenco pour apporter soutien à ses habitants) de la façon la plus sévère et la plus violente que l’Etat pouvait. Et il a échoué.

Il y en a encore pour dire, surtout s’ils sont partisans de la campagne présidentielle de López Obrador, que les événements d’Atenco, et L’Autre Campagne Zapatiste en général, sont tombés entre les mains de la logique électorale, que la violente explosion d’Atenco réveille le vote de la peur et que cela bénéficie à Felipe Calderón, candidat du Parti d’Action National (PAN). Ils citent le soi-disant avantage de Calderón dans les enquêtes après trois années durant lesquelles López Obrador était donné vainqueur avec plus de 18% d’avance. La réalité réside dans le fait que si on en croit les sondages (qu’il est préférable de ne pas prendre pour argent comptant), la glissade de López Obrador a commencé avant les violences d’Atenco.

Demain, dans le second chapitre de cette série, nous examinerons la vue, depuis en haut, des élections présidentielles du 2 juillet au Mexique, des sondages électoraux et d’une autre sorte de sondage qui est faite en bas et qui révèle pourquoi L’Autre Campagne a déjà gagné.

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